Marc Seydoux : “Serviteur dans la souffrance”
Elisabeth Seydoux a perdu son mari Marc, diacre du diocèse de Paris le 6 janvier 2011. Elle a bien voulu nous donner son témoignage.
Marc a été ordonné diacre le 28 mars 1998. Il a eu avant de grosses responsabilités professionnelles qui nous ont fait parcourir les continents. Cela a donné à notre famille une large ouverture sur le monde.
Peu de temps après son ordination, alors qu’il avait 62 ans, il a éprouvé des troubles de mémoire et en novembre 2000, on a diagnostiqué un début de maladie d’Alzheimer. Il savait ce qui l’attendait, car sa mère en avait été atteinte, mais avec son humour, il m’a dit : « Ma chérie, on va faire avec. »
Pour ma part, je disais « Seigneur, comment traites-tu tes amis ? » Il y avait tant de choses à faire dans le service d’Eglise par exemple en pastorale familiale ou pour s’occuper des migrants. Nous avons compris qu’il serait serviteur de l’Eglise dans la souffrance.
En 2001, son état de santé s’est aggravé à la suite d’un AVC qui lui a laissé des séquelles cérébrales. Il a connu des moments très difficiles à tel point qu’il était question de le mettre dans un hôpital psychiatrique. Un psychiatre remarquable est alors intervenu et m’a dit : « Votre mari n’est pas fou, il a la maladie d’Alzheimer, il faut le soigner comme tel, lui trouver un lieu. » Il finalement été accueilli au « Foyer Soleil » de la maison Marie-Thérèse, la maison des prêtres âgés de Paris. Je ne crains pas de dire que les trois ans qu’il y a passés ont été des années merveilleuses et d’une grande gaieté. Dans cette ambiance très fraternelle, il a retrouvé la paix que seul Dieu peut donner à ses amis.
Au bout de trois ans, avec les enfants et le personnel de la maison Marie-Thérèse, j’ai décidé de le reprendre à la maison. Pendant sept ans, nous avons vécu dans notre maison normande, aidés par un personnel médical merveilleux. Il a perdu progressivement l’usage de la parole, mais avec ses yeux, il nous disait son amour. L’Eucharistie que je pouvais lui apporter chaque jour était sa force. Je lui disais : « Tu es mon tabernacle. » Nous vivions la souffrance, mais une souffrance qui n’était pas triste. Il portait sur tous les siens un regard de grande bonté. Grâce à KTO, « l’Eglise de Bon-Papa » comme disait un de nos petits-enfants, nous sommes restés unis à notre diocèse tous les jours par les vêpres et les événements d’Eglise.
Aujourd’hui, je reste attaché aux diacres et épouses du diocèse, mais je veux aussi et d’abord, à l’égard de nos 15 petits-enfants (bientôt 17), être fidèle à ce que Marc m’a demandé depuis le début de notre mariage : « Je voudrais que tu sois une bonne grand-mère. »
Pendant les 11 années de la maladie de Marc, le Seigneur à comblé notre vie de sa présence. Quand quelqu’un souffre, Dieu est là. Comment ne pas rendre grâce pour cette présence permanente à nos côtés chaque jour.
Marc nous a quittés.
Dieu est toujours là, bien présent, avec Marc, de façon encore mystérieuse…
Je veux le croire.
Article paru dans la revue “Diaconat aujourd’hui” n°154 d’octobre 2011.