Les épouses des “diacres heureux”
Le 20 juin 2019.
Lors de l’enquête sur le ministère des diacres aînés, menée à pareille époque l’an dernier, les épouses des diacres interrogés avaient regretté de ne pas avoir été interrogées elles aussi.
Sur 36 questionnaires envoyés nous avons reçu 17 réponses d’épouses ou de veuves. Voici les résultats, question par question, au plus près de leur expression.
Comment avez-vous vécu le ministère de votre mari depuis l’appel jusqu’à la retraite ?
L’appel reçu
L’appel m’a surprise.et mon mari encore plus.
Je pense que j’ai été préparée à l’appel de mon mari étant à l’époque largement engagée dans des activités d’Eglise.
Nous étions déjà engagés et même consacrés au sein de la communauté de l’Emmanuel.
C’était un Plus.
Le ministère vécu
Avec beaucoup de joie. Dans la paix et la joie. Très bien, dans la confiance. Très simplement.
J’ai très vite pensé : c’est un bon chemin de sainteté pour notre couple et je m’en trouvais bien. Dès le début j’ai su que c’était sa voie et je l’ai accepté.
Bien, car mon mari était très heureux et très impliqué.
Notre foi devient publique et suscite de nombreuses questions.
Estimez-vous avoir été suffisamment préparée ?
Le temps de discernement
La préparation a été un temps bénéfique, d’adaptation, de grâces reçues, vécu vraiment ensemble.
Préparation intéressante, insuffisante mais toujours à poursuivre et à compléter : ça vient petit à petit.
Formation continue nécessaire.
Aspect relationnel
Rencontres et amitiés qui se créent
Critiques
Formation trop intellectuelle pas assez relationnelle.
« Nous sommes allés vers l’inconnu ».
Des témoignages trop positifs au cours de la formation. La réalité est moins euphorique.
Rythme
Un rythme soutenu, parfois difficile avec des enfants petits.
Qu’est-ce qui vous a paru le plus heureux ?
Vivre ensemble le diaconat
Ma joie c’est qu’on soit ensemble.
Que mon mari soit heureux de proclamer la parole.
Le partage de la prière et des heures.
La participation à la mission.
La nourriture de la parole et des sacrements.
La joie des cérémonies dans la famille du diacre.
Les retraites spirituelles.
Le bon accueil des diacres dans les paroisses.
La fraternité diaconale
Le rôle des femmes
Etre utile et rendre service.
Mettre en valeur ses capacités relationnelles.
L’aide de l’Église
Avoir pu être accompagnée spirituellement.
La discipline liturgique.
Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile ?
L’emploi du temps
Un emploi du temps trop chargé.
L’équilibre, engagement, vie professionnelle et familiale difficile.
Trop de soirées et de réunions.
Un regret : les absences de mon mari
Les relations prêtre / diacre
Peu d’adhésion des prêtres au projet diaconal.
L’indifférence du presbyterium à l’égard du diaconat.
Une vie paroissiale contrastée suivant les curés.
La souffrance devant l’absence de relève.
La paroisse
Être nommé loin de sa paroisse initiale.
Quitter une paroisse où l’on se sentait bien.
L’attention aux épouses
Les épouses peu interrogées.
Impression de ne pas exister.
Le couple peu pris en compte.
Des activités séparées : chacun de son côté.
Épouses qui auraient souhaité partager davantage les activités de leur mari
Comment vos enfants et petits-enfants ont-ils vécu l’engagement du père de famille ?
Les petits
Pas de problème.
Ressentent du respect, de l’admiration, de la fierté.
Craignent parfois que les parents soient moins présents.
Les ados
Cas d’incompréhension.
Les enfants qui ont mal réagi au secret.
N’ont pas voulu en parler à leurs amis.
Inquiétude et réticences.
Les grands
Respectent l’engagement de leur père ou de leur grand-père.
Même s’ils ne partagent pas sa foi ou appartiennent à des confessions différentes.
Sensibles à ce qu’il pense, prêts à le défendre au besoin.
Lui demandent de baptiser leurs enfants.
Vivent des vies très différentes.
Ont-ils des remarques à nous transmettre ?
Pas de remarque.
Qu’est-ce que la retraite du diaconat a changé pour vous ?
Ceux qui l’ont bien vécue
Moins de responsabilités, moins de stress.
On peut plus aisément choisir sa mission.
Retrait de la vie active mais présence aux paroissiens.
Apprendre davantage à obéir.
Avancer en couple.
Malgré l’âge ou la maladie garder le contact.
Ceux qui ne se sentent pas à la retraite
Pas de retraite !
Toujours en activité.
Je ne sais pas si mon mari est en retraite !
Ceux qui ont souffert du changement
Retrait difficile de tous les engagements paroissiaux.
Dur de quitter complètement une activité paroissiale à 75 ans.
Mal accueillis, après un autre engagement, lors du retour à la paroisse.
On ne nous demande plus rien !
Voir mon mari malheureux est une forme d’épreuve.
Quelles suggestions proposez-vous pour les générations de diacres et d’épouses de diacres à venir ?
La préparation
Introduire une formation à la psychologie de groupe.
Préparer au changement à venir dans la vie de couple.
Bien distinguer les deux aspects du diaconat : la liturgie et le service.
Inciter les épouses à trouver leur place dans la paroisse avant l’ordination.
Relations avec les prêtres
Que les prêtres ne considèrent pas le diacre comme un laïc.
Une meilleure coopération prêtre / diacre, plus établie ou instituée.
Entente avec le curé pour que le diacre soit moins pris.
Remarque : le diacre parisien mieux accueilli en province qu’à Paris.
Une vie diaconale plus fraternelle
Davantage de partages amicaux avec diacres et épouses de diacres.
Partager ce qui ne va pas mais aussi ce qui va bien.
Organiser des réunions d’équipe régulières par mois ou par trimestre pour pallier la solitude parisienne.
Une fraternité davantage tournée vers les périphéries.
L’attention aux épouses
Pas d’ordination de diacre ayant des enfants trop jeunes.
Faire parler davantage les épouses.
Les écouter.
Les inciter à prendre une responsabilité dans l’Église.
Ne pas laisser le couple seul devant l’épreuve de la retraite.
Sabine Mellottée
Arnauld du Moulin de Labarthète
Service des diacres aînés
En résumé
Les épouses de diacres ont été heureuses quand leur mari l’ont été. À la peine, quand leur mari était à la peine, par suite d’un changement de paroisse ou de curé, d’une difficile retraite du diaconat.
Les épouses étaient mieux préparées quand elles étaient déjà engagées dans l’Église. Elles ont eu des difficultés pour dominer l’emploi du temps. Globalement les enfants n’ont pas eu de problème avec le diaconat de leur père ou grand-père. Les femmes sont plus ou moins associées au ministère de leur mari, elles demandent que le couple soit mieux pris en compte, elles souhaitent être davantage entendues, voire soutenues dans les moments difficiles.