Année de la miséricorde : parcours dans les lieux jubilaires parisiens
Paris Notre-Dame du 7 janvier 2016
Pour cette Année sainte de la miséricorde, ouverte le 8 décembre par le pape et le 13 décembre dans tous les diocèses, les cathédrales et certaines basiliques et églises paroissiales choisies par l’évêque du lieu, peuvent être des lieux jubilaires. À Paris, il s’agit, outre N.-D. de Paris (4e), de l’église de la Mission polonaise N.-D. de l’Assomption (1er), de N.-D. des Victoires (2e), St-Sulpice (6e), de la chapelle de la Médaille Miraculeuse (7e), de St-Louis d’Antin (9e), N.-D. du Perpétuel Secours (11e) et du Sacré-Cœur de Montmartre (18e). Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, décrypte ici les spécificités qui leur sont liées.
P. N.-D. – Qu’est-ce qu’un jubilé ?
Mgr Éric de Moulins-Beaufort – Le premier de cet ordre date de 1300. S’inspirant des années jubilaires mentionnées dans le Lévitique, le pape d’alors a invité les chrétiens à une année de reprise à Rome, pour bénéficier de la plénitude du Salut apporté par le Christ. Cela a suscité un élan incroyable ! Un jubilé est un renouveau, il offre la possibilité de revenir dans une plénitude de la vie chrétienne alors qu’on s’en était écarté. Cette démarche se comprend comme un exercice de conversion.
P. N.-D. – Qu’en est-il des indulgences ?
Mgr É. de M.-B. – Dès le Moyen Âge, l’Année sainte est liée au fait que le pape accorde des indulgences, réalité parfois mal comprise, mais à laquelle l’Église catholique tient. Quand nous agissons, nous posons un acte qui a des effets secondaires : si je dis du mal de quelqu’un, ce mal se diffuse, et même si je me repens, je ne peux en rattraper les effets. Grâce au sacrement de réconciliation, je suis pardonné, mais c’est l’indulgence qui va faire en sorte qu’au terme de l’histoire, dans la perspective de la vie éternelle, je ne sois écrasé ni par mes actes, ni par leurs effets.
P. N.-D. – Pourquoi faut-il des circonstances particulières pour en bénéficier ?
Mgr É. de M.-B. – Il faut faire une démarche spéciale qui marque la volonté d’être porté par la totalité du Corps du Christ. D’où l’idée qu’elle se fasse au départ à Rome, et qu’une prière soit dite aux intentions du pape. Concrètement, cela se traduit par le fait de passer par le centre de l’Église visible : le successeur de Pierre. Au cours des siècles, les papes ont élargi ce passage en le rendant possible dans les diocèses, comme c’est le cas pour cette année sainte. L’idée-même de la miséricorde est que la grâce particulière de l’année jubilaire soit facilement accessible. À Paris, les églises choisies sont celles où, de manière ordinaire, des confesseurs sont disponibles au long de la journée. Ayant reçu le pardon sacrementel là ou ailleurs, chacun peut ensuite suivre le parcours proposé.
P. N.-D. – Comment le pape rend-il la miséricorde plus accessible ?
Mgr É. de M.-B. – Il a aussi donné le pouvoir à tous les prêtres de lever l’excommunication liée à l’avortement et proposé d’accorder à quelques prêtres, agréés comme « missionnaires de la miséricorde », le pouvoir de donner l’absolution réservée au Saint-Siège pour certains péchés particuliers qui offensent gravement l’unité ou la sainteté de l’Église. C’est également dans cette perspective qu’il a décidé de reconnaître la validité de l’absolution donnée par des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Un point d’insistance dans sa Bulle [1] sont les œuvres de miséricorde tant corporelles que spirituelles : elles nous offrent à tous un beau programme de conversion et de progrès. • Propos recueillis par Ariane Rollier
[1] Misericordiae Vultus, voir dossier n° 1597 de Paris Notre-Dame, du 19 novembre 2015.