François Mathieu : Les diacres et le service des tables
François Mathieu, diacre à la paroisse Saint François-Xavier (7e), dans un bulletin paroissial, informait les paroissiens de la retraite des diacres parisiens et de leurs épouses du 28 juin au 1er août 2014 au Foyer de Charité de Poissy.
A cette occasion, il rappelait, dans le texte ci-dessous, que le “Ministère des tables” confié aux diacres par l’Archevêque est en droite ligne de la mission donnée par les Apôtres aux sept premiers diacres de l’Église primitive.
Il est d’usage de considérer que l’institution du diaconat par l’imposition des mains de l’évêque, « en vue du service » de l’Église, date de la fameuse querelle dont nous parlent les Actes des Apôtres (chap. 6, 1-7) : Il s’agit de la nourriture servie aux veuves grecques de la première communauté chrétienne de Jérusalem. Elles se disaient désavantagées.
Si, dans les faits décrits il s’agit du « service des tables », dans l’esprit, et pour l’avenir, il s’agit d’un évènement réellement structurant de la communauté chrétienne naissante. A tel point que « les douze », décident de « leur imposer les mains ». Par ce signe, les apôtres montraient qu’ils voulaient confier aux diacres, une part de leur charge. L’épisode « du service des tables » nous dit plus que la satisfaction d’un principe de justice évident.
Dans la suite du texte, ces hommes accomplissent bien d’autres tâches, proprement pastorales : Étienne enseigne, il sera le premier martyr, et Philippe baptise le surintendant de la reine Candace d’Éthiopie.
C’est que la tâche diaconale, par l’imposition des mains des douze, recouvre, dès la première Église, une réalité qui dépasse le « service des tables ». Il s’agit de la participation au ministère même des apôtres, qu’une simple désignation ne peut réaliser.
Les « douze » sont intervenus, parce qu’un aspect important de leur propre « charge ministérielle » était concernée : L’Unité de la communauté se trouvait fortement menacée par des querelles internes. Il convenait donc que les hommes « choisis » puissent bénéficier des grâces particulières du Saint Esprit, pour effectuer une part du ministère, en lieu et place des douze. Pour cela, il fallait aussi que ces hommes participent également aux grâces attachées au ministère des douze.
Et c’est bien ce que précise le Concile Vatican II en rétablissant le diaconat permanent pour l’Église latine, comme le troisième degré du sacrement de l’Ordre. (Lumen Gentium n° 29) :
« Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains, non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service. La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium. Selon les dispositions prises par l’autorité qualifiée, il appartient aux diacres d’administrer solennellement le baptême, de conserver et distribuer l’eucharistie, d’assister, au nom de l’Église, au mariage et de le bénir, de porter la viatique aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire et exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d’être ministres des sacramentaux, de présider aux rites funèbres et à la sépulture. Ils sont consacrés aux offices de charité et d’administration ».
Depuis la première Église jusqu’à nous, les diacres, « permanents », ou « en vue du sacerdoce », reçoivent le même sacrement de l’Ordre, dans le troisième degré de la hiérarchie sacramentelle. Par l’imposition des mains, l’Évêque, en fait ses collaborateurs pour la « diaconie » (c’est-à-dire le service) de la Liturgie, de la Parole, et de la Charité, comme l’exprime le rituel d’Ordination.
Cette « vocation » n’exclue pas le service des tables, mais le transcende, pour l’inclure au cœur du service de l’Église et de la communauté, au même titre que le Christ lui- même sert l’Église lorsqu’Il lave les pieds de ses apôtres. C’est bien cette configuration particulière au Christ, qui est actualisée et signifiée par le sacrement.