Un Calice émaillé du XIXe siècle
L’orfèvrerie liturgique était souvent ornée de motifs bibliques ou symboliques exprimant la signification de leur usage.
Détaillons un spécimen provenant de la Maison Poussielgue Rusand, Paris, 1867. Il est orné d’une douzaine d’émaux. Il y en a d’autres au catalogue, tout aussi riches. Ce calice a trois parties : la coupe, le nœud et le pied.
La coupe est ornée de 4 émaux :
1. L’institution de l’Eucharistie, Jésus, saint-Jean et deux apôtres, avec l’inscription : HOC EST CORPUS MEUM (Ceci est mon corps).
2. Le Christ en croix surmonté du soleil et de la lune. L’Église recueille le sang de son côté ouvert. La Synagogue, yeux bandés, tourne le dos à la scène. Inscription : PRO VOBIS EFFUNDETUR (Qui est versé pour vous).
3. Ensevelissement du Christ avec Marie. Inscription : MORTEN D ANNUNCIA. (annonce la mort du Seigneur).
4. Thomas touche les plaies du Christ ressuscité. Inscription : DOMINUS MEUS ET DEUS MEUS (Mon Seigneur et mon Dieu).
Le nœud du calice porte les symboles des 4 évangélistes :
Mathieu = Ange, Marc = lion, Luc = taureau , Jean = aigle
Le pied du calice est orné de 4 émaux encadrés de dragons en relief et de cabochons. Il consacré à l’histoire de Moïse, de la libération d’Égypte à l’entrée en Terre Sainte.
5. La nuit de la sortie d’Égypte, les hébreux égorgent l’agneau pascal et marquent de son sang les montants de leurs portes (Ex 12/17). L’eucharistie est une image du sacrifice pascal, et du sacrifice du Christ.
6. Dans le désert, le peuple a soif. Moïse frappe un rocher d’où sort de l’eau (Nb 20, 11). Ce passage sera mis en parallèle avec le coup de lance au côté du Christ en croix d’où sort de l’eau et du sang.
7. Décimés par les serpents, les hébreux sont sauvés en regardant le serpent de bronze fixé par Moïse sur une hampe (Nb 21, 9). Les Pères de l’Église y ont vu la figure du Christ en Croix qu’il faut regarder pour être sauvés.
8. Les espions de Moïse rapportent une grappe énorme, prémices de la Terre promise (Nb 13, 23). Les Pères de l’Église en ont fait une image du baptême du Christ, et du nôtre, signe de l’entrée dans le Royaume de Dieu.
La patène qui accompagne ce calice porte en son centre l’agneau immolé de l’Apocalypse, symbole du Christ sauveur. Il est entouré de l’inscription : PANIS VIVUS AGNUS DEI (Pain vivant, agneau de Dieu).