Décès de Mgr Claude Frikart
Le mardi 23 décembre 2014, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a présidé la messe d’obsèques de Mgr Claude Frikart décédé le 18 décembre 2014.
– Lire l’homélie du cardinal André Vingt-Trois.
Le Père Pierre-Yves Pecqueux,
Supérieur de la communauté Bienheureux-Hébert de ParisLe cardinal André Vingt-Trois, en déplacement à Rome
vous font part du décès de
Mgr Claude FRIKARTle 18 décembre 2014 à la Maison des Petites Sœurs des Pauvres (75007) à l’âge de 92 ans.
Que le Père l’accueille dans Sa maison !Ses obsèques auront lieu le mardi 23 décembre à 10h30
en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elles seront présidées
par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris,
et suivies de l’inhumation en la même cathédrale
dans le caveau des évêques auxiliaires.Le corps de Mgr Frikart sera accueilli lundi 22 décembre à 19h à la cathédrale pour une veillée jusqu’à 23h.
Biographie
Né à Ermont, diocèse de Pontoise, le 5 mars 1922, Claude FRIKART fait ses études secondaires au collège Saint-Sauveur de Redon (1935-1940), puis au lycée Rocroy-Saint-Léon à Paris (1940-1941).
Entré chez les Eudistes, le 22 septembre 1942, au séminaire de la Roche-du-Theil (35), il y fait ses études ecclésiastiques : la philosophie scolastique de 1942 à 1945, puis la théologie de 1945 à 1948. Incorporé à la Congrégation de Jésus et Marie, le 28 septembre 1946 à la Roche-du-Theil, il est ordonné prêtre dans la collégiale Saint-Sauveur de Redon le 2 juillet 1948.
Ses premières obédiences l’envoient dans les collèges eudistes. D’abord surveillant des grands à Saint-Sauveur de Redon (1949-1950), il est ensuite nommé préfet à Sainte-Marie de Caen (1950-1958). Il est alors envoyé en Afrique de l’Ouest parmi les tous premiers Eudistes en Mission sur ce continent. Il vit tout d’abord à Bouaké (Côte-d’Ivoire) en 1958-1959, où il assure l’aumônerie des lycées de la ville tout en prospectant pour préparer l’établissement du premier grand séminaire pour le pays. Finalement, les évêques choisissent un lieu plus proche d’Abidjan, et c’est à Anyama que le séminaire est construit. En septembre 1959, le séminaire ouvre ses portes et le P. Frikart y est professeur et économe de 1959 à 1965. En 1965, il devient supérieur du séminaire et de la communauté eudiste, jusqu’en 1971.
De 1971 à 1983, il est curé de la paroisse du Saint-Esprit, à Paris, et supérieur de la communauté eudiste ; de 1975 à 1983 il devient doyen des paroisses du 12ème arrondissement de Paris. Nommé par le cardinal Jean-Marie LUSTIGER vicaire épiscopal pour les migrants en 1983, il réside à la paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas et devient dès 1984, vicaire général de l’archidiocèse de Paris.
Le 21 juin 1986, le pape le nomme évêque titulaire de Summula et auxiliaire de l’archevêque de Paris, le cardinal LUSTIGER ; il est ordonné le 2 septembre 1986 en l’église Saint-Sulpice. Au cours de son épiscopat, il s’occupa particulièrement des questions touchant à l’immigration dans le diocèse de Paris. Son côté fraternel et ouvert en fit un évêque auxiliaire très apprécié des prêtres du diocèse. Ayant atteint 75 ans, il renonce à sa charge, le 2 septembre 1997, et réside alors à la maison Saint-Augustin à Paris, où il est directeur spirituel des jeunes en année propédeutique, tout en étant rattaché à la communauté eudiste du Bienheureux-Hébert (14°).
On ne peut pas dire que Mgr FRIKART ait vraiment pris sa retraite. Toujours prêt à rendre service, il confirme, ordonne, prêche des retraites, spécialement aux prêtres. En 1999-2000, il est administrateur apostolique du diocèse de Pontoise, en attendant la nomination de Mgr RENAUDIN. Il restera ensuite présent à la maison Saint-Augustin, où, tout en continuant l’accompagnement de quelques jeunes, il s’occupe de l’aumônerie des sœurs augustines. À l’été 2011, il déménage et est accueilli à la maison des Petites Sœurs des Pauvres, avenue de Breteuil à Paris. Il continue de s’intéresser toujours au diocèse de Paris, participant aux grands moments de celui-ci et entreprenant d’écrire une histoire de l’immigration des XIX° et XX° siècles pour le diocèse de Paris. En septembre 2011, Mgr FRIKART a célébré ces 25 ans d’épiscopat lors d’une célébration à la cathédrale Notre-Dame de Paris, où il va maintenant reposer. Intéressé par les questions d’Histoire, attentif à la vie de l’Église en Afrique et ouvert aux attentes des séminaristes actuels, Mgr Claude FRIKART aura cherché à servir l’Église en ces temps qui sont les nôtres avec force et de grand cœur. Comme le prescrivent nos Constitutions, nous célébrerons deux fois la messe à son intention et continuerons à prier pour lui.
Laurent Tournier, c.j.m.
Provincial de France des Eudistes
Intervention célébration d’obsèques, dernier adieu
par Père Laurent Tournier, cjm, Supérieur Provincial de France des EudistesUne grand-mère Irlandaise, des aïeux Suisses et Protestants, les origines familiales de Claude Frikart sont composées d’horizons divers et ouverts. C’est ce qui va caractériser toute sa vie qui commence en 1922.
Entré chez les Eudistes à vingt-ans, il vit le temps de sa formation en Bretagne pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Ordonné prêtre en 1948, il vit ses dix premières années de ministère en France. L’ouverture de son horizon est alors celui du monde des jeunes. Il sera à leur service dans les collèges eudistes de Redon et de Caen.
En 1958, grand tournant de sa vie, le voilà envoyé en Afrique occidentale. Pionnier eudiste, il va contribuer à la fondation du premier grand séminaire en Côte d’Ivoire. Il en sera le Supérieur pendant six ans. C’est là qu’il va apprendre à mettre en dialogue l’annonce du Christ et la culture locale. Avec les Eudistes, il a vu du pays et ce n’est pas fini.
Après treize années africaines, il sera curé de la paroisse du Saint-Esprit pendant douze ans, dans le douzième ! Avec une équipe de confrères Eudistes, il travaille à ce que la communauté chrétienne ouvre ses horizons en stimulant une implication plus importante des laïcs dans la vie paroissiale. Il sera également Doyen du 12°. Il porte le souci de la fraternité presbytérale et cherche à éveiller une coopération inter-paroissiale.
Cet appétit pour garder les horizons ouverts et permettre que chacun trouve sa place, fait que le cardinal Lustiger le remarque. Il est appelé pour devenir vicaire épiscopal chargé de Migrants. Il sera ensuite vicaire général. D’un caractère aussi rude que l’archevêque de Paris d’alors, les explications sont franches. Mais une vraie fraternité les lie. Elle se renforcera encore quand le pape Jean-Paul II nommera Mgr Claude Frikart évêque auxiliaire de Paris. Nous sommes en 1986.
En 2011, lors du jubilé de ses 25 ans d’épiscopat, Mgr Frikart disait qu’il retenait de ses années d’épiscopat au service du diocèse de Paris, sa préoccupation pour la situation de tous les étrangers. Cela le passionnait tant que sa fibre d’historien lui donnait le désir d’écrire une histoire des Migrants à Paris à travers des vagues successives : les italiens du XIX°, puis les Russes, les Auvergnats, les Bretons, et maintenant ceux des autres continents. Mais ce livre demeurera inachevé.
L’amplitude de ses horizons, Mgr Frikart l’a aussi portée du côté du dialogue inter-religieux et particulièrement vers « nos aînés dans la foi » vivants du judaïsme. On imagine volontiers la richesse de ses échanges avec le cardinal Jean-Marie Lustiger sur le sujet. Et au fondement de cette ouverture au dialogue, il y avait aussi une préoccupation constante de l’œcuménisme du fait d’avoir eu un père protestant et une mère catholique.
En 1997, Mgr Frikart remet au Pape sa renonciation. Mais ce n’est pas la retraite. Mgr Lustiger l’appelle souvent pour la célébration d’une confirmation ou d’une ordination. Il réside alors à la Maison Saint-Augustin où il est accompagnateur spirituel. Il y retrouve le monde des jeunes de ses débuts, mais que de changements de mentalité et de culture en 50 ans ! Et il est surtout bienheureux de pouvoir contribuer de nouveau à cette mission eudiste de soutenir le discernement et la formation de futurs prêtres.
En 1999, nouvel élargissement de ses horizons, Mgr Frikart est nommé administrateur du diocèse de Pontoise. Il retrouve avec bonheur son diocèse de naissance. Il l’a servi pendant un an. Sa bienveillance, son accueil des prêtres et son attention des laïcs ont permis à ce diocèse de vivre sereinement le temps de l’attente.
Rentré à Paris, Mgr Frikart se réinstalle à la Maison Saint-Augustin. Le contact avec les candidats entretient sa jeunesse d’esprit. Et c’est à regret qu’il quittera ce ministère à l’âge de 89 ans !Depuis trois ans il est installé dans sa Maison, avec les Petites Sœurs des Pauvres qui ont veillé sur lui avec tout le soin et l’attention qui les caractérisent. Claude n’a pas refermé ses horizons pour autant. Chaque visite était pour lui l’occasion de repartir à l’aventure, à la découverte, avec son regard bleu et lumineux, plein de lucidité, mais aussi parfois de critiques qui pouvaient être mordantes.
Mgr Claude Frikart est un historien qui a eu le souci de comprendre son époque, de l’analyser sans limiter son horizon à l’ici et au maintenant. C’est avec cette soif qu’il a annoncé l’Evangile, témoigné « que le Règne de Dieu s’est approché », comme nous allons l’entendre dans l’Evangile de cette célébration. Ce Royaume continue de venir à nous. Claude Frikart a porté le souci d’en témoigner à tous, en Bretagne, en Normandie, en Côte d’Ivoire, à Paris et à Pontoise. Pour tous et avec tous, quelle que soit leur génération, il a œuvré à « former Jésus » en chacune des personnes rencontrées, comme le dirait saint Jean Eudes.
Au moment de lui dire adieu, rendons grâce pour la contribution que Claude Frikart a apportée à la vie, au dynamisme missionnaire et à l’histoire du diocèse de Paris, du diocèse de Pontoise et de la Congrégation de Jésus et Marie avec le souci d’ouvrir des horizons nouveaux.
Père Laurent Tournier, cjm
Supérieur Provincial de France des Eudistes
– Vingt-cinq ans d’épiscopat : l’espérance d’un évêque