Divine Liturgie pour le bienheureux Cardinal Iuliu Hossu
À Notre-Dame de Paris, Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome célébrée pour le bienheureux cardinal roumain Iuliu Hossu, Martyr de la Foi.
Notre-Dame de Paris Parvis Notre-Dame - Place Jean-Paul II, 75004 Paris
Le Bienheureux Cardinal roumain Iuliu Hossu, Martyr de la Foi, sera honoré à Notre Dame de Paris
Le 1er janvier 2025 – heureuse coïncidence avec le début du Jubilé de l’Espérance – a commencé en Roumanie l’Année Iuliu Hossu en hommage au Bienheureux Cardinal martyr des geôles communistes, né il y a 140 ans, le 31 janvier 1885. L’initiative de cette Année appartient à la Fédération des Communautés Juives de Roumanie, qui a lancé également les démarches en vue de sa reconnaissance comme Juste parmi les Nations.
Fils de prêtre gréco-catholique, Iuliu Hossu a fait ses études à Rome où il obtint le doctorat et où il fût ordonné prêtre en 1910. Rentré au pays natal la veille de la Première Guerre Mondiale, il servit comme aumônier des hôpitaux militaires de l’Empire Austro-Hongrois auquel la Transylvanie était rattachée à l’époque. Le 21 novembre 1917, lors de sa consécration comme évêque dans la cathédrale de Blaj, il reprit les paroles du Psaume 136/137 dans un serment symbolique de sa fidélité à l’Église, paroles prémonitoires en même temps : « Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie ».
L’union de la Transylvanie avec la Roumanie à la fin de la Première Guerre Mondiale, par la victoire des forces alliées, eut lieu le 1er décembre 1918. Lors de la cérémonie solennelle, c’est Mgr Iuliu Hossu qui, de la tribune officielle, prononça la Résolution historique consacrant cette union, en manifestant aussi son attachement fraternel aux orthodoxes roumains. En fait, de la grande tribune où était présent aussi l’évêque orthodoxe Miron Cristea, il affirmait cette solidarité : « Tels que vous nous voyez aujourd’hui enlacés comme des frères, tels puissent demeurer à jamais tous les frères roumains ! » Noble unité fraternelle qui allait pourtant se briser tragiquement trente ans plus tard, lors de l’installation du régime communiste en Roumanie.
Les fidèles de son évêché de Cluj-Gherla ont gardé l’image d’un grand évêque-serviteur de son Église qui se consacrait en même temps à l‘éducation des jeunes et à la pastorale.Pendant le Diktat de Vienne décrété le 30 août 1940, quand une partie de la Transylvanie était passée sous le régime fasciste du dictateur Horthy, Mgr Iuliu Hossu se rendait dans les ghettos pour nourrir et secourir les juifs en danger au nom de la charité et de la solidarité chrétiennes : le courage d’un juste.
Les persécutions contre l’Église gréco-catholique Roumaine ont commencé en février 1948 pour préparer la soi-disant union avec l’Église orthodoxe. En réalité, le décret publié le 2 décembre 1948 a tout simplement interdit l’Église gréco-catholique : ses évêques et ses prêtres furent destitués et emprisonnés, les églises fermées et leurs biens confisqués. Le début du long calvaire de ces martyrs pour la foi qui a duré plus de quatre décennies, jusqu’à la chute du régime communiste.
Ayant lutté en véritable défenseur de son Église, Mgr Iuliu Hossu fût arrêté à Bucarest dans la nuit du 28 au 29 octobre 1948. Mais, écrira-t-il dans ses mémoires, c’est « un grand honneur d’être emprisonné pour la foi ». En refusant toute “promesse” d’obtenir une fonction importante s’il passait à l’orthodoxie, Mgr Hossu fut interné à Dragoslavele, aux environs de Bucarest. En résistant toujours aux “sirènes” des plus hauts représentants de cette Église, signes prémonitoires d’intimidation, Mgr Hossu a toujours défendu son credo et a choisi la réclusion plutôt que d’abjurer sa foi.
Transféré le 16 août 1956 au monastère orthodoxe de Caldarusani dans des conditions encore plus sévères, il fut soumis au régime du « domicile obligatoire », le DO, comme le nommait la Direction de la Securitate, la police secrète la plus redoutée du pays. Ce DO était en réalité un camp d’enfermement, en isolement total, sous la plus stricte surveillance. La maison où il logeait était fermée à clé. C’est là-bas qu’il a rédigé en secret les cahiers qui sont devenus ses mémoires, avec des profondes significations liturgiques, publiés seulement en 2003 sous le titre devenu emblématique : Notre foi est notre vie.
Un an avant sa mort, survenue le 13 mai 1970 à son « domicile obligatoire », il reçut en mars 1969 de la part du pape Paul VI la dignité de cardinal. Profondément ému, tout en exprimant totale gratitude, en véritable “roi et serviteur”, il refusa ce grand honneur pour « ne pas abandonner son troupeau ». Comme il n’aurait pas pu rentrer ensuite en Roumanie, il préféra rester confiné jusqu’au jour où son Église ressusciterait. Ce qui allait se passer vingt ans plus tard, après la chute du communisme.
Lors de sa visite en Roumanie en 1999, Jean Paul II a rendu hommage à tous les sept évêques martyrs de leur foi, en les invoquant « afin qu’ils continuent à être vos Pasteurs dans le Ciel ». Le pape François les a proclamés bienheureux le 2 juin 2019 sur le symbolique Champ de la Liberté à Blaj. Dans son homélie, le pape soulignait : « Ce que l’évêque Iuliu Hossu a déclaré durant son emprisonnement est éloquent : “Dieu nous a envoyés dans ces ténèbres de la souffrance pour accorder le pardon et prier pour la conversion de tous”. Paroles représentant le symbole et la synthèse de l’attitude par laquelle ces Bienheureux, dans la période de l’épreuve, ont soutenu leur peuple en continuant à professer leur foi sans faille et sans réserve. Cette attitude de miséricorde envers les bourreaux est un message prophétique, car il apparaît aujourd’hui comme une invitation pour tous à vaincre la rancœur par la charité et le pardon, en vivant avec cohérence et courage la foi chrétienne ».
L’Église gréco-catholique a organisé en 2025 une série d’événements spirituels, culturels et diplomatiques en mémoire du cardinal Iuliu Hossu. Le dimanche, 1er juin 2025, une Divine Liturgie en langue roumaine a eu lieu à la Basilique Saint-Pierre à Rome. Le lendemain, le lundi 2 juin 2025, le Pape Léon XIV a honoré dans la Chapelle Sixtine ce grand « apôtre de l’espérance ». Pour le Saint-Père, l’exemple de vie offert par Iuliu Hossu est « une invitation prophétique à surmonter la haine par le pardon et à vivre la foi avec dignité et courage ».
En fait, le cardinal Hossu incarne à sa manière la lutte contre les deux grands fléaux idéologiques qui ont traversé l’Europe au XXe siècle : le nazisme et le communisme. En lui rendant hommage au Vatican, le Pape Léon XIV a salué « un grand pasteur », qui sait que « les portes du mal ne prévaudront pas contre l’œuvre de Dieu ».
Devant les représentants de l’Église gréco-catholique, les autorités et le président de la Fédération des communautés juives de Roumanie, Silviu Vexler, le Souverain pontife a affirmé : « Son message est plus que jamais d’actualité, à travers sa lutte pour protéger son prochain jusqu’au sacrifice suprême. C’est pourquoi sa devise ‘Notre foi est notre vie’ devrait devenir la devise de chacun d’entre nous ».
La procédure de reconnaissance de Iuliu Hossu comme “Juste parmi les Nations”, lancée en 2022, est basée sur son engagement courageux pour soutenir et sauver les juifs de Transylvanie du Nord lorsque, entre 1940 et 1944, les nazis ont mis en œuvre le plan tragique de les déporter dans des camps d’extermination. En fait, au printemps 1944, alors qu’à Cluj Napoca et dans d’autres villes de Transylvanie, les juifs risquaient la déportation, l’évêque roumain avait rédigé une lettre pastorale pour mobiliser le clergé et les fidèles gréco-catholiques à secourir les juifs en danger.
Un hommage à Iuliu Hossu sera rendu dans la Cathédrale Notre Dame de Paris lors de la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome célébrée en son honneur le 21 septembre 2025, à 15h00.
Comme ses autres frères gréco-catholiques roumains, comme d’autres grands combattants pour la foi - tels les bienheureux Vladimir Ghika, Charles de Foucauld ou bien saint Maximilian Kolbe - le bienheureux Iuliu Hossu nous appelle à renouveler nos raisons de croire, d’espérer et de vivre, car il continue à nous inspirer dans les choix de notre vie chrétienne.
+ Cristian Crișan
Visiteur Apostolique pour les fidèles gréco-catholiques roumains en Europe Occidentale