Derrière la porte des églises d’Orient
Paris Notre-Dame du 3 novembre 2010
Du 10 au 24 octobre 2010, le Synode pour le Moyen-Orient a mis en lumière la réalité et l’espérance des chrétiens de cette région. Au cœur de la capitale, cinq Églises d’Orient côtoient les paroisses latines. Coup de projecteur sur ces frères dans la foi qui vivent à deux pas des Parisiens.
Ce mardi soir, à 19h, la messe quotidienne commence à N.-D. du Liban (5e), église aux larges pierres blanches. Dans le chœur, une statue de la Vierge Marie surplombe une inscription en arabe. L’organiste entonne un chant en syriaque, un dialecte chrétien araméen. L’assemblée accompagne chaque parole psalmodiée de la célébration. Syriaque, chaldéenne, copte, maronite, grecque melkite : cinq églises catholiques d’Orient sont présentes à Paris (voir encadré ci-dessous). Déracinés, les chrétiens qui les fréquentent viennent y puiser un lien avec leurs origines, sans pour autant vivre leur foi en se repliant sur eux-mêmes. Héritiers de la langue du Christ et gardiens d’une liturgie issue des premiers chrétiens, ils sont aujourd’hui un pont entre le berceau du christianisme et les Églises latines.
N.-D. DU LIBAN ET LE FOYER FRANCO-LIBANAIS
Érigée comme paroisse maronite à Paris dans les années 1950, N.-D. du Liban ressemble fort à ses voisines, comme St-Jacques du Haut-Pas (5e). Plusieurs célébrations, un groupe d’enfants de chœur, des cours de catéchisme : grâce aux salles du foyer franco-libanais, bâtiment annexe à l’église, les activités attirent beaucoup de fidèles parmi les cinquante mille maronites franciliens. Proche de ses sœurs latines par la même foi, l’église ne l’est pas seulement par sa situation géographique. « Nous échangeons nos bulletins paroissiaux avec les paroisses des alentours, pour suivre ce qu’elles font et qu’elles soient au courant des rencontres festives que nous organisons », souligne Mgr Saïd Elias Saïd, curé et vicaire patriarcal.
GRECS-MELKITES ET PAROISSIENS PARISIENS
Samia est maronite, Elie est grecmelkite. Chaque dimanche, le couple libanais retrouve la communauté grecque-melkite à St-Julien le Pauvre (5e). « Nous aimons venir dans cette paroisse car cela nous rappelle nos racines, notre culture, confient-ils. Mais nous allons aussi à la messe dans l’église de notre quartier. » A l’aise dans toutes les liturgies, ils se sentent un pont entre l’Orient et l’Occident : en fréquentant plusieurs paroisses de rites différents, mais aussi à travers l’enseignement du catéchisme que Samia a donné aux enfants de sa paroisse latine, tout comme aux petits de la communauté grecque-melkite.
RECTEUR DE LA MISSION COPTE À MI-TEMPS
Chaque dimanche, la chapelle N.-D. des malades (10e) devient, pour quelques heures, N.-D.d’Egypte. « La mission copte est le centre de l’existence de mes paroissiens, qui découvrent ici la liberté de religion qui fait défaut chez nous », explique Mgr Michel Chafik, le recteur. Son quotidien est rythmé entre un mi-temps pour la communauté égyptienne et une mi-temps comme vicaire à St-François de Sales (17 e). « Nous sommes catholiques, même si notre rite est différent », insiste-t-il. Il entend bien pousser ses jeunes à profiter des richesses de l’Eglise de France : « Ils ont la possibilité de suivre le catéchisme avec nous, s’ils le souhaitent. En même temps, ils sont intégrés dans les paroisses de leur quartier, participent au Frat, aux JMJ, ou encore au pèlerinage de Chartres. »
LIVRET POUR SUIVRE LA MESSE SYRIAQUE
A St-Ephrem (5e), berceau des catholiques syriaques, la communion avec les “latins” se vit pendant la messe. « Chaque semaine, nous avons dans l’assemblée une dizaine d’amis francophones qui partagent notre célébration », raconte le P. Elie Walde, curé. Comme dans les autres églises d’Orient parisiennes, un livret pour suivre la messe est disponible avec d’un côté, les textes du jour en syriaque et de l’autre, en français. Auprès de cette petite communauté d’environ deux cents personnes arrivées entre les années 1960 et 1990, la présence des Parisiens de rite latin pendant la liturgie est devenue, au fil des ans, une habitude.
LE RITE CHALDÉEN S’INVITE CHEZ VOUS
Pour faire connaître sa liturgie, Mgr Petrus Yousif, recteur de la mission chaldéenne en Île-de-France, ne rate pas une occasion d’aller dans les paroisses latines. Très souvent, ce prêtre chargé d’accueillir les chrétiens d’Irak menacés de mort dans leur pays peut ainsi montrer la richesse de son rite et amène ses paroissiens chaldéens à partager une communion forte avec les Parisiens : « Nous sommes très proches de St-Denys de la Chapelle (18e), où l’on m’a demandé plusieurs fois de célébrer selon mon rite, explique-t-il. La messe a alors lieu à la même heure que la nôtre, pour que les Chaldéens rencontrent les paroissiens. » Si des pèlerinages ou voyages au Moyen-Orient sont autant de gestes de soutien envers ces chrétiens, il n’est pas nécessaire pour autant de traverser la Méditerranée pour les découvrir. • Sophie Lebrun
LES CHRÉTIENS ORIENTAUX DE PARIS
Il existe sept Églises orientales à Paris – dont deux, russe et roumaine (16e), qui ne sont pas au Moyen-Orient. Voici les lieux et horaires de célébrations des cinq Eglises du Moyen-Orient :
– Paroisse chaldéenne : messe le dim. à 11h, à l’église N.-D. de Chaldée, 13-15 rue Pajol (18e).
– Paroisse grecque-melkite : divine liturgie ou liturgie des Heures du mar. au ven. à 12h15 ; grandes vêpres sam. à 17h ; et messe le dim. à 11h, à l’église St-Julien le Pauvre, 1 rue St-Julien le Pauvre (5e).
– Paroisse maronite : messe en semaine à 19h et trois le week-end (sam. 19h ; dim. 11h et 18h), à N.-D. du Liban, 17 rue d’Ulm (5e).
– Paroisse syriaque : messe le dim. à 11h, à St-Ephrem, 17 rue des Carmes (5e).
– Mission copte : messe le dim. à 11h, à la chapelle N.-D. d’Egypte, 15 rue Philippe de Girard (10e).