Les enjeux du Synode pour le Moyen-Orient
Paris Notre-Dame du 7 octobre 2010
P.N.-D. - Quels sont les enjeux du prochain Synode des évêques à Rome pour le Moyen-Orient (10-24 octobre) ?
Mgr Michel Chafik - Parmi les nombreux points essentiels de ce Synode, on peut noter l’intérêt et la proximité du pape avec l’Eglise souffrante du Moyen- Orient. C’est le signe d’une Eglise universelle qui s’occupe de l’Eglise d’Orient, deuxième poumon par lequel elle respire. Cette rencontre sera l’occasion pour les membres des sept Eglises orientales concernées « de se retrouver et de partager leurs soucis et leurs espoirs », comme l’affirmait récemment Antonios Naguib, patriarche coptecatholique d’Alexandrie. Ce Synode permettra d’aborder la question cruciale du dialogue : avec le judaïsme et avec l’islam, qui a tendance à se radicaliser aujourd’hui, mais aussi avec nos Eglises soeurs orthodoxes. Il sera en outre l’occasion de traiter de l’émigration et de l’incidence des conflits politiques sur la situation des chrétiens.
P.N.-D. - Quel rôle ont les chrétiens en Orient selon vous ?
Mgr Michel Chafik - Les chrétiens, qui ont contribué depuis ses origines au développement de la civilisation arabe, émigrent aujourd’hui en grand nombre vers l’Occident. La radicalisation de l’islam, qui ne reconnaît pas la liberté de conscience, les crises économiques et les guerres les poussent à partir pour l’Europe et l’Amérique, qui donnent une image de liberté, de bien-être et de démocratie.Cette situation est très préoccupante, leur présence étant capitale pour l’équilibre de la région. Ils y sont le signe fragile d’une nécessaire pluralité, d’une nécessaire reconnaissance de l’autre, à condition bien sûr qu’ils sachent résister à la tentation du repli identitaire, du ghetto. C’est à travers leur attachement personnel au Christ, leur fidélité au message évangélique témoignage que le Prince de la paix peut soigner les blessures causées par tant d’interminables conflits.
P.N.-D. - Que peut-on dire de la présence des chrétiens orientaux à Paris ?
Mgr Michel Chafik - Les communautés présentes dans le diocèse sont là depuis plus oumoins longtemps. Ainsi les maronites et les grecscatholiques sont implantés à Paris depuis le XIXe siècle, alors que l’immigration des coptes- catholiques et des chaldéens y est plus récente. Le défi est de garder le lien avec notre Eglise d’origine, d’en maintenir la tradition, tout en nous ouvrant à la réalité de notre Eglise d’accueil. Je tiens à emmener par exemple des jeunes deN.-D. d’Egypte au Frat, aux JMJ, à Chartres, etc. Notre quotidien n’est pas facile. Mgr André Vingt- Trois, notre ordinaire, etMgr Claude Bressolette, son représentant, savent combien nous avons besoin d’être soutenus tant spirituellement que culturellement etmatériellement. De notre côté, nous pouvons aider l’Eglise de France à remonter aux sources du christianisme, à redécouvrir son âme orientale, ainsi qu’àmieux comprendre l’islam et à être, dans le dialogue interreligieux, un pont entre chrétiens et musulmans. • Propos recueillis par Ariane Rollier
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