« Hors de l’Église, le témoignage rendu par les diacres a souvent beaucoup d’impact »

Paris Notre-Dame du 2 octobre 2008

Le P. Denis Dupont-Fauville explique la vocation spécifique du diaconat, une vocation souvent mal comprise.

Pourquoi le concile a-t-il voulu restaurer le diaconat permanent ?

Le P. Denis Dupont-Fauville, délégué diocésain pour le diaconat permanent depuis un an, est directeur au séminaire et enseignant à l’École Cathédrale
© S. Sismondi

D. D.-F. : Sur le fond, parce qu’à la suite de tout le renouveau théologique et patristique qui a précédé le concile, on avait redécouvert la réalité du diaconat. Ce n’était pas qu’un simple échelon vers le sacerdoce. Il y avait là une richesse latente qu’il fallait de nouveau exploiter. Le diaconat permanent devait être réinstauré afin que la plénitude du sacrement de l’ordre soit manifestée et que l’Église soit riche de toutes les potentialités que l’Esprit Saint veut susciter en elle.

À l’époque, beaucoup de pères conciliaires pensaient que les futurs diacres pourraient être des relais pour les prêtres, notamment en Asie et en Afrique. Or aujourd’hui, les diacres se trouvent principalement aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

Qu’est-ce qu’un diacre ? Un sous-prêtre ou un super laïc ?

D. D.-F. : Ni l’un,ni l’autre, c’est une vocation spécifique : le diacre est serviteur au nom du Christ et dans le Christ. C’est-à-dire que là où l’Église l’envoie, il doit être la figure même du Christ serviteur. Dans la réalité, cela passe par des détails très concrets et si c’est bien vécu, cela permet encore plus au prêtre d’être prêtre et au laïc d’être laïc. Dans le cas des prêtres, cela les aide à ne pas se disperser dans des activités qui, tout en étant ministérielles, ne sont pas forcément au cœur de leur sacerdoce ; dans le cas des laïcs, c’est un témoignage à la fois de la façon dont la charité doit s’exercer dans l’Église et de la manière dont la charité doit circuler : lors de la messe, le diacre est traditionnellement celui qui conduit la procession de l’offertoire, en montant de l’assemblée vers l’autel, et c’est celui qui transmet la paix du Christ à l’assemblée. Hors de l’Église, le témoignage rendu par les diacres a souvent beaucoup d’impact.

Quelles sont les missions particulières qui leur sont confiées par l’Eglise ?

D. D.-F. : Aussi diverses que le service le demande. D’après le Code de droit canon, le diacre a pour première mission de prier avec l’Église : en France, il est tenu à deux offices du bréviaire par jour, les laudes et les vêpres. Il a aussi la faculté au nom de l’Eglise de baptiser, d’assister à un mariage et de présider des funérailles.

À Paris, 80% des diacres sont en paroisse. Les autres exercent des activités diocésaines ; plusieurs de ceux qui sont en paroisse rendent d’ailleurs aussi des services diocésains.

Mais comment s’ordonnent les trois « piliers », prière, parole et service sur lesquels repose le ministère du diacre ?

D. D.-F. : Les diacres reçoivent le sacrement de l’ordre et à ce titre ils participent aux charges de sanctification, d’instruction et de service de la communauté. Ce sont les trois grandes charges classiques des ministres, qu’ils soient évêques, prêtres ou diacres. On peut concevoir ces trois charges comme trois catégories qu’il faut remplir séparément. Mais on peut aussi les concevoir comme ce qui se déploie à partir d’un unique témoignage : par exemple, il y a des diacres à Paris qui sont perçus comme la providence de leur quartier, ce qui vaut bien des discours. Enfin, il faut aussi tenir compte des capacités et des goûts des gens. Pourquoi faire prêcher souvent des diacres que cela mettrait profondément mal à l’aise ?

Quelles sont les conditions pour être ordonné diacre ?

D. D.-F. : Il faut distinguer les célibataires et les hommes mariés. Pour les premiers, c’est être âgé de 25 ans minimum, et s’engager au célibat à vie. Pour les seconds, c’est 35 ans minimum et être mariés depuis au moins dix ans, en sachant qu’ils resteront dans l’état conjugal où ils sont lors de leur ordination. Pour tous, il convient d’appartenir à une communauté ecclésiale et d’être accompagné spirituellement.

Peut-on parler de vocation au diaconat permanent ?

D. D.-F. : Oui, même si cette vocation peut se faire entendre de façons diverses. Elle peut être ressentie intérieurement, dans la prière par exemple. Mais la plupart du temps, elle vient de la parole d’un autre – ami, diacre, voire curé de la paroisse. Très souvent, les interpellés commencent par refuser. Il faut du temps pour qu’ils se décident à affronter la question de l’appel et à chercher si celui-ci vient du Christ. • Recueilli par Frédérique de Watrigant

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