La vie consacrée se penche sur la vie connectée
Paris Notre-Dame du 23 juin 2022
La Journée diocésaine de la vie consacrée s’est tenue le samedi 11 juin à St-Honoré-d’Eylau dans le 16e arrondissement de Paris. L’occasion pour Mgr Laurent Ulrich de se présenter pour la première fois depuis sa nomination devant 250 représentants de communautés religieuses, qui ont échangé sur le thème Les impacts du numérique sur les vœux et la vie communautaire.
« Je n’avais pas imaginé ce thème en tant que séculier », confesse le P. Guillaume de Menthière, délégué de l’archevêque pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. C’est le conseil diocésain, organisateur de cette journée de rencontre habituellement programmée à l’automne mais décalée depuis l’an dernier au mois de juin à cause de la pandémie, qui a proposé le thème Internet et la vie consacrée. Une conférence d’1h30 suivie d’une messe célébrée par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, puis des ateliers de groupe ont rythmé la journée des 250 participants. Tous les religieux ont « très bien accueilli ce thème du numérique car ils y sont confrontés », s’est réjoui le P. de Menthière.
« Le numérique n’est ni bon ni mauvais à priori. C’est l’usage qu’on en fait et les impacts sur nos vies qu’il nous faut évaluer », commente le P. Grégoire Le Bel, jésuite, au début de sa conférence. Responsable du service jésuite des vocations, il est également le créateur de l’application pour prier en ligne « Prie en chemin ». Pour cet ingénieur informatique de formation, auteur d’un mémoire sur l’impact anthropologique des nouvelles technologies, « il y a trois problématiques générales liées au numérique concernant les communautés religieuses » : le risque de l’isolement, les problématiques de communication et le chamboulement des rythmes. « Aujourd’hui, un smartphone est un outil si complet qu’il peut entraîner un éloignement avec les membres de la communauté », prévient-il. Un avertisse¬ment bien entendu par Sr Brigitte-Marie, Sœur oblate de Saint-François de Sales, pour qui le numérique est « à la fois fascinant, parfois éprouvant lors d’ennuis techniques, mais il faut être conscient qu’il pourrait nous écarter de l’essentiel de la vie consacrée ». Pour éviter ces désagréments, le P. Grégoire Le Bel incite à garder des « lieux sacrés » sans smartphone, comme les salles à manger des institutions religieuses. « Il est également très important de communiquer entre les membres sur les besoins et les modes d’utilisation de chacun. Le numérique est très personnel et affectif, il faut néanmoins savoir échanger sur ce sujet », poursuit-il.
Une autre problématique du numérique pour les communautés est l’inclusion des personnes âgées ou modestes mais, selon Sr Brigitte-Marie, « le confinement a favorisé l’usage de l’ordinateur en distanciel et les consacrés, comme les plus anciens d’entre nous, apprécient son utilisation qui permet de rompre l’isolement, mais qui ne doit pas être absolutisé au détriment des relations humaines indispensables ». Et chacun des groupes constitués en atelier d’évoquer « la confiance dans sa propre approche de l’outil en apprenant sur le tas ». Cette nécessité de confiance personnelle a d’ailleurs été rappelée par Mgr Ulrich pour qui cette journée a été l’occasion d’un premier entretien « fraternel », selon Sr Brigitte-Marie, avec « une autre réalité de son diocèse » pour le P. de Menthière. Quelques semaines après sa rencontre avec les prêtres de son diocèse lors de la Journée du presbyterium, Mgr Ulrich a pu échanger avec les représentants des quelque 1 600 consacrés de Paris. « Une force considérable du diocèse », selon les mots du P. de Menthière.
Éric Dupuy
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