Le cinquantenaire de Nostra Aetate
A Paris…
Une nouvelle vision juive des relations judéo-chrétiennes : Déclaration pour le Jubilé de fraternité à venir. Déclaration remise par le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia à son
Eminence le Cardinal André Vingt-Trois.
« Nous, Juifs de France, signataires de cette déclaration, exprimons la joie de célébrer le cinquantenaire de la déclaration Nostra Aetate établie lors du Concile Vatican Il et qui a ouvert une ère de réconciliation entre Juifs et Chrétiens ».
Et à Rome…
Présentation du document « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables »
Le 10 décembre, le Cardinal Kurt Koch, Président de la Commission pour les relations avec le Judaïsme, a présidé la présentation du document intitulé « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables ». Il s’agit d’une réflexion théologique relative au dialogue entre juifs et catholiques, cinquante ans après Nostra Aetate.
Réflexion théologique sur les rapports entre juifs et catholiques
Le 10 décembre la Commission pour les relations avec le judaïsme publie le document « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables », cinquante ans après la déclaration Nostra Aetate. Ce texte s’articule en une préface et sept chapitres. Durant ce demi-siècle, de grands progrès ont été accomplis dans le dialogue, jusqu’à créer un profond climat d’amitié. Pour la première fois a été définie dans une déclaration conciliaire la position théologique de l’Église catholique devant le judaïsme, ce qui a eu différents niveaux d’impact.
À Paris…
Une nouvelle vision juive des relations judéo-chrétiennes : Déclaration pour le Jubilé de fraternité à venir
Déclaration remise par le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia à son Eminence le Cardinal André Vingt-Trois
« Alors, Je transformerai le langage du peuples en une langue pure, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel et Le servent d’un seul cœur » (Sophonie 3,9).
Nous, Juifs de France, signataires de cette déclaration, exprimons la joie de célébrer le cinquantenaire de la déclaration Nostra Aetate établie lors du Concile Vatican Il et qui a ouvert une ère de réconciliation entre Juifs et Chrétiens. Pour nous, cet anniversaire ne marque pas seulement l’aboutissement d’un Jubilé de rapprochement. Il doit aussi marquer le début d’un autre. Nous comprenons cet événement comme une convocation sacrée, temps charnière de bilan, de défi et d’engagement.
Qu’avons-nous, Juifs, appris de vous, Chrétiens, durant ces 50 dernières années ?
Que l’Église catholique, mais aussi les Églises protestantes, des membres éminents de l’Église orthodoxe et anglicane, ont décidé de renouer avec les sources et valeurs juives inscrites au cœur de l’identité de Jésus et des apôtres.
Dans une démarche dont la sincérité a été éprouvée, l’Église a accompli un tournant décisif, à portée théologique. Désormais, pour elle, le peuple juif n’est plus tenu pour le responsable de la mort dc Jésus ; la loi chrétienne n’annule ni ne remplace l’Alliance contractée entre Dieu et le peuple d’Israël ; l’antijudaïsme, qui a souvent fait le lit de l’antisémitisme, et qui a jadis pu nourrir l’enseignement doctrinal, est un péché ; le peuple juif n’est plus considéré comme un peuple banni ; et 1’État d’Israël est désormais reconnu par le Vatican.
Ce retournement n’est pas seulement, pour nous Juifs, une heureuse prise de conscience. Il témoigne aussi d’une capacité inaccoutumée à se remettre en cause au nom des valeurs religieuses et éthiques les plus fondamentales. En cela, il sanctifie le nom de Dieu, force à convictions spirituelles de la planète.
Que pouvons-nous, Juifs, espérer construire avec vous, Chrétiens, dans les 50 prochaines années ?
Quel est notre devoir, maintenant que les représentants des plus hautes institutions chrétiennes ont exprimé le vœu de se réimplanter, de se regreffer sur le tronc d’Israël ? Accueillir, en synergie avec le judaïsme, le christianisme comme la religion de nos frères et sœurs.
Nous, signataires, reconnaissons, à l’appui de la recherche historique, que le judaïsme rabbinique et le christianisme des conciles se sont construits dans le passé en s’opposant, dans le mépris et la haine. Les Juifs en ont souvent payé le prix fort par la persécution. Ces vingt siècles de dénégation ont fait oublie l’essentiel : nos voies, bien qu’irréductiblement singulières, sont complémentaires et convergentes. N’avons-nous pas, en effet, pour espérance suprême que l’histoire des hommes ait un même horizon, celui de la fraternité universelle d’une humanité rassemblée autour du Dieu Un et Unique ? Nous devons y œuvrer ensemble, plus que jamais, main dans la main.
Nous, Juifs, y travaillons par l’étude de la Torah, la pratique des mitsvot, c’est-à-dire des commandements divins, par l’enseignement de sagesse qui en découle, et qui vise la transformation des cœurs et des esprits. Vous, Chrétiens, y travaillez par l’accueil du Verbe qui vous donne ce supplément d’être, d’élévation du cœur et de l’esprit. Les divergences théologiques ne doivent pas nous faire oublier que bien des enseignements chrétiens sont en parfaite concordance avec ceux de la tradition rabbinique.
Le Jubilé qui s’ouvre nous enjoint d’œuvrer ensemble à la construction de cette fraternité universelle et à l’actualisation d’une éthique commune, valable pour le monde entier. Nous devons apprendre à nous défaire des préjugés qui se sont creusés au fil du temps dans nos consciences respectives sur ce que croit, pense et fait l’autre, pour mieux écouter ce que chacune des religions dit d’elle-même et de son projet pour le respect et la prospérité de toute l’humanité. Il nous faut nous attacher désormais â mieux comprendre l’autre, l’apprécier, l’estimer, l’aimer pour ce qu’il est et accomplit en propre.
La fraternité entre Juifs et Chrétiens constitue un premier jalon et une invitation à faire du dialogue entre toutes les religions et les spiritualités la pierre angulaire d’une humanité réconciliée et pacifiée. Puisse-t-elle habiter le cœur de nos prières
Texte rédigé par Jean-François Bensahel, Philippe Haddad, Rivon Krygier, Raphy Marciano,
Franklin Rausky
… et à Rome
Présentation du document « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables »
Le 10 décembre, dans la Salle de Presse, le Cardinal Kurt Koch, Président de la Commission pour les relations avec le Judaïsme, a présidé la présentation du document intitulé « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables ». Il s’agit d’une réflexion théologique relative au dialogue entre juifs et catholiques, cinquante ans après Nostra Aetate. Le Cardinal était accompagné du Rabbin David Rosen (American Jewish Committee), du Prof .Edward Kesseler (GB) et du Père Norbert Hoffmann, SDB, Secrétaire du dicastère. Il a d’abord rappelé qu’à l’initiative du Pape, l’audience générale du 28 octobre avait été réservée à l’anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate et ouverte aux représentants de plusieurs religions. Pour la Commission, a-t-il précisé, l’anniversaire est une excellente occasion de proposer un nouveau document qui, reprenant les principes théologiques du quatrième point du texte conciliaire, les approfondit là où ils concernent les relations avec le judaïsme.
Le nouveau document, qui est strictement théologique, est le premier élaboré par la Commission établie par Paul VI en 1974. Les précédents abordaient des questions pratiques : Orientations et suggestions pour l’application de Nostra Aetate, Pour une présentation juste des juifs et du judaïsme (1985), et Nous nous souvenons, une réflexion sur la Shoah (1998). Après s’être félicité des progrès obtenus dans le dialogue avec le judaïsme, le Cardinal Koch a tenu à souligner que la réflexion présentée constituait un point de départ, étant donné que de nombreuses questions de nature théologique demeurent ouvertes à la recherche.
Ensuite, le Rabbin Rosen a affirmé que le document permettait aussi d’apprécier et de respecter l’auto-compréhension du judaïsme et de la place de la Torah dans la vie du peuple juif. Puis il a dit que la lecture juive de la Bible est distincte de la chrétienne, alors même que la Commission biblique pontificale en reconnaît l’intégrité. Si le nouveau texte reflète la théologie catholique, pour comprendre le peuple juif, il est nécessaire de prendre en compte la place essentielle de la terre d’Israël où se déroule sa vie historique et religieuse jusqu’à nos jours. Il est ainsi important qu’après Nostra Aetate et l’établissement de relations religieuses, on soit passé aux relations diplomatiques entre Israël et le Saint-Siège. Le premier article de l’Accord fondamental reconnaît ce lien, confirmé par les voyages des papes en Terre Sainte et la constitution d’une Commission bilatérale impliquant le Grand Rabbinat d’Israël. Enfin, la référence à la paix en Terre Sainte partagée entre juifs et catholiques est importante dans la mesure où l’Église joue un grand rôle pour y parvenir. D’autant plus, après que le Pape François a institué une prière pour la paix. On ne peut qu’espérer de nouvelles initiatives permettant à la religion d’accroître son rôle positif dans la résolution des conflits.
Réflexion théologique sur les rapports entre juifs et catholiques
Le 10 décembre la Commission pour les relations avec le judaïsme publie le document « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables », cinquante ans après la déclaration Nostra Aetate. Ce texte s’articule en une préface et sept chapitres : Bref historique de l’impact de Nostra Aetate durant les cinquante dernières années, Statut théologique spécial du dialogue juif-catholique, La Révélation dans l’histoire comme Parole de Dieu dans le judaïsme et dans le christianisme, Rapport entre Ancien et Nouveau Testament et Ancienne et Nouvelle Alliance, Universalité du salut en Jésus-Christ et Alliance non révoquée de Dieu avec Israël, Le mandat de l’Église d’évangéliser par rapport au judaïsme, Objectifs du dialogue avec le judaïsme.
Il y a cinquante ans, lit-on dans la préface, « le concile Vatican II promulguait la déclaration Nostra Aetate. L’article 4 de cette déclaration inscrit les rapports entre l’Église catholique et le peuple juif dans un nouveau cadre théologique. Les réflexions qui vont suivre jettent un regard en arrière plein de gratitude sur les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans les rapports entre juifs et catholiques, tout en s’efforçant de leur donner une nouvelle impulsion pour l’avenir. Après avoir souligné le statut tout à fait spécial de ces rapports dans le cadre plus général du dialogue interreligieux, on examinera diverses questions théologiques telles que l’importance de la Révélation, le rapport entre Ancienne et Nouvelle Alliance, le rapport entre universalité du salut en Jésus-Christ et affirmation que l’Alliance de Dieu avec Israël n’a jamais été révoquée, et le mandat de l’Église d’évangéliser en relation avec le judaïsme. Ce document présente les réflexions des catholiques sur toutes ces questions en les situant dans une perspective théologique afin qu’elles puissent faire l’objet d’un approfondissement de la part des membres des deux traditions de foi. Il ne s’agit ni d’un document magistériel, ni d’un enseignement doctrinal de l’Église catholique, mais d’une réflexion préparée par la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme sur quelques-unes des questions théologiques courantes développées depuis Vatican II. Ce document se propose comme point de départ d’un approfondissement de la pensée théologique destiné à enrichir et à intensifier la dimension théologique du dialogue juif-catholique.
Durant ce demi-siècle, de grands progrès ont été accomplis dans le dialogue, jusqu’à créer un profond climat d’amitié. Pour la première fois a été définie dans une déclaration conciliaire la position théologique de l’Église catholique devant le judaïsme, ce qui a eu différents niveaux d’impact.
Ce dialogue théologique est totalement différent de ceux conduits avec d’autres religions, du fait des racines hébraïque du christianisme. Jésus ne peut être perçu que dans le monde juif de son temps.
Dieu s’est révélé dans la Parole, par laquelle il s’adresse aux hommes. Pour les juifs, elle est constituée par la Torah et elle s’incarne en Jésus, même si la Parole est unique et indivisible. Elle réclame des hommes une réponse qui leur permette de vivre leur relation à Dieu.
Ancien et Nouveau Testament ne font qu’un, même s’ils sont interprétés de façons diverses. Pour les chrétiens, l’Ancien Testament est perçu, lu et interprété à la lumière du Nouveau. La nouvelle Alliance doit être considérée comme l’accomplissement des promesses de la première.
Par la mort et la résurrection de Jésus-Christ tous les hommes sont sauvés. Même si les juifs ne le voient pas en rédempteur universel, il fait partie du salut selon l’insondable volonté de Dieu.
Même si les catholiques placent leur foi en Jésus-Christ, ils s’abstiennent de toute tentative de conversion ou de mission envers les juifs car l’Église ne programme aucune action prosélyte envers les juifs.
Dans leurs dialogues fraternels, juifs et catholiques doivent toujours mieux apprendre à œuvrer ensemble pour la justice et la paix, la sauvegarde de la création, contre l’antisémitisme. Ils doivent agir ensemble dans le domaine humanitaire et caritatif, afin d’être ensemble une bénédiction pour le monde.
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/relations-jews-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20151210_ebraismo-nostra-aetate_fr.html