Le cœur, un gisement d’amour… et de solutions
28 octobre 2024
« En développant une méditation sur l’amour humain, [le pape François] convoque le lien social le plus important. Il termine par le cœur du cœur : la place de l’amour. Cela s’inscrit dans la logique de ce qu’il dit depuis le début de son pontificat. » Analyse et décryptage de l’encyclique “Dilexit nos”, par le Père Stalla-Bourdillon, directeur du service pour les professionnels de l’information.
Le Pape François a publié le 24 octobre 2024, une lettre encyclique sur l’amour humain et divin de Jésus. Il invite à considérer le cœur comme l’espace à protéger, et à redécouvrir. En effet, dans les cœurs humains se cache un gisement encore largement inexploité pour faire face aux défis de notre temps. Ce gisement est riche d’une ressource absolument nécessaire à toute transformation sociale, à toute justice, à tout accomplissement humain : l’amour !
« La réception d’une encyclique prend du temps. En 2015, Laudato Si’ s’inscrivait dans le cadre très particulier de la COP21 à Paris, ce qui lui avait donné un très fort écho. Or, pour Dilexit nos (Il nous a aimés, en français), il n’y avait aucune attente. Et, contrairement à Fratelli tutti, qui comportait des éléments comme la question des migrants ou de l’unité de la famille humaine permettant d’entrer dans le document, la nouvelle encyclique du pape sur le Sacré-Cœur apparaît comme un objet non identifié, presque insondable pour le paysage médiatique français. Le texte semble passer sous les radars, ce qui traduit aussi un certain désintérêt de l’opinion médiatique à l’égard de la vie de l’Église. Cette dernière devrait d’ailleurs s’interroger sur ce point. Pour ne rien arranger, l’encyclique est sortie quelques jours avant la fin du Synode, brouillant l’écho de sa publication.
En outre, Dilexit nos a pu déconcerter. Les deux dernières encycliques du pape étaient très sociales. Le pape François a pu être perçu presque plus comme responsable politique que comme un leader religieux. Dans l’opinion publique, on s’intéresse bien davantage à ses positions sociales et politiques qu’aux considérations spirituelles sur lesquelles se fonde sa réflexion. Avec Dilexit nos, certains peuvent être surpris, voire déçus. Pourtant, en développant une méditation sur l’amour humain, il convoque le lien social le plus important. Il termine par le cœur du cœur : la place de l’amour. C’est très profond et cela s’inscrit dans la logique de ce qu’il dit depuis le début de son pontificat.
Je ne crois pas que l’on puisse affirmer que cette encyclique soit destinée aux seuls catholiques. Si on prend le temps de la lire, le pape François donne des solutions pour affronter les crises de notre temps. Pour moi Dilexit nos forme une trilogie après Laudato Si’et Fratelli tutti. Le pape avait parlé du corps environnemental, unique à l’humanité, mis en lumière par la souffrance écologique, puis du corps social, mis à mal par la guerre et les divisions, et désormais du corps charnel où il parle de l’intériorité de l’homme. Si l’homme ne se ressaisit pas de la puissance de l’amour qui habite en lui, il ne trouvera pas de solutions aux souffrances exprimées dans les deux premières encycliques.
Si le message du texte, appelant à réveiller les cœurs, n’a pas encore été reçu, je suis convaincu que cette encyclique a de l’avenir. Le pape souligne que le monde peut changer à partir du cœur. L’amour est un antidote à un monde qui se refroidit, insensible. Il nous revient donc de nous approprier ce texte et d’expliquer ce que le pape a voulu dire ».
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