Le Pape en Suède : pour changer l’histoire (Osservatore Romano). Le Pape appelle catholiques et luthériens à « la révolution de la tendresse » (La Croix)

« Le voyage bref et essentiel du Pape en Suède pour commémorer le cinquième centenaire de la Réforme protestante confirme que le chemin vers l’unité des chrétiens est irréversible. Un parcours qui, bien qu’il s’annonce encore long et accidenté, ne doit pas être abandonné. Pendant longtemps entrevu et espéré, il a avancé avec patience et ténacité grâce aux actions et aux prières de femmes et d’hommes de toutes les confessions. »

La Croix : En Suède, le Pape appelle catholiques et luthériens à « la révolution de la tendresse »
« Commémorant en Suède, le lundi 31 octobre, les 500 ans de la Réforme, le pape François a appelé les chrétiens de toutes confessions à dépasser leurs divisions pour mener une action commune afin de « défendre et servir la dignité de chaque personne….Il a tracé la ligne d’action commune de la nouvelle étape qu’il souhaiterait voir désormais les chrétiens franchir : ‘À nous, chrétiens, est demandé aujourd’hui d’être les protagonistes de la révolution de la tendresse.’ »

Le voyage bref et essentiel du Pape en Suède pour commémorer le cinquième centenaire de la Réforme protestante confirme que le chemin vers l’unité des chrétiens est irréversible. Un parcours qui, bien qu’il s’annonce encore long et accidenté, ne doit pas être abandonné. Pendant longtemps entrevu et espéré, il a avancé avec patience et ténacité grâce aux actions et aux prières de femmes et d’hommes de toutes les confessions. Jusqu’à ce que dans les dernières décennies — dans le milieu catholique, en particulier, après Vatican II —, ce chemin ne devienne plus visible, même si les obstacles n’ont pas disparu.

Aujourd’hui, il est toujours plus clair que ce qui unit les chrétiens dépasse de beaucoup ce qui les divise. Et, précisément, l’histoire des séparations, souvent accentuées par le pouvoir politique, devrait être un enseignement pour préparer l’avenir. Mais c’est l’histoire elle-même qui, avec son poids, pèse sur les relations entre les diverses confessions, même si, au cours du dernier demi-siècle, des progrès importants ont été réalisés, en particulier sur le plan théologique et doctrinal.

C’est pourquoi, face aux divisions, chaque geste nouveau est important, comme précisément cette commémoration commune de la Réforme commencée par Luther il y a presque cinq siècles, et qui est la dernière des grandes séparations entre chrétiens. Tous les deux, catholiques et luthériens, veulent vivre — malgré certaines résistances qui s’obstinent à regarder vers le passé — cette nouvelle occasion de rencontre de la manière la plus évangélique possible, c’est-à-dire en reconnaissant les responsabilités réciproques et les enrichissements réciproques possibles. Également, un dialogue théologique a dernièrement aplani de nombreuses aspérités, atteignant son sommet dans la déclaration commune sur la doctrine de la justification à la veille du grand jubilé, le premier millénaire dans l’histoire chrétienne.

Il faut à présent aller plus loin, précisément parce que « nous ne pouvons pas nous résigner à la division », a répété le Pape en Suède. Et ce cheminement est sans aucun doute aidé par l’œcuménisme spirituel, dont la méditation du Pape dans la cathédrale de Lund a été une nouvelle expression, par ce sang versé, sans distinction de leur confession, par des martyrs contemporains, et par l’œcuménisme de la charité mis en pratique par des chrétiens de diverses confessions. La nouvelle déclaration commune qui vient d’être signée entre Caritas internationalis et le World Service de la Fédération luthérienne mondiale est donc également importante.

Mais il est surtout urgent, face à un monde toujours plus sécularisé, que les confessions chrétiennes s’interrogent sur leurs responsabilités dans le témoignage et dans l’annonce de l’Évangile du Christ. Symptomatique, en confirmant cette urgence — qui exprime en définitive une requête de tant de femmes et d’hommes d’aujourd’hui —, a été la réponse du Pape à une question posée durant le vol de retour vers Rome. Encore une fois, le Pape a rappelé le risque, très grave pour l’Église, de devenir mondaine, en s’adaptant à la mentalité du monde. Et il a réaffirmé sa principale préoccupation, qui coïncide avec le sens ultime du cheminement œcuménique : précisément que chaque chrétien témoigne de l’Évangile et le proclame.
Gmv

En Suède, le Pape appelle catholiques et luthériens à « la révolution de la tendresse »
Commémorant en Suède, le lundi 31 octobre, les 500 ans de la Réforme, le pape François a appelé les chrétiens de toutes confessions à dépasser leurs divisions pour mener une action commune afin de « défendre et servir la dignité de chaque personne ».

Le pape François et l’évêque Munib Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale, lors d’une cérémonie œcuménique dans la cathédrale de Lund en Suède, le 31 octobre 2016.
Si le pape François est venu sous le ciel gris et bas de la Suède, c’est d’abord pour marquer, avec les luthériens qui l’avaient invité, les 500 ans de la Réforme de Luther. Un demi-millénaire, marqué par des siècles d’affrontements, pour lesquels catholiques et luthériens ont commencé par demander pardon, lundi 31 octobre après-midi, lors d’une belle et sobre cérémonie dans la cathédrale de Lund, cœur du luthéranisme suédois.
« Regarder avec amour et honnêteté notre passé, reconnaître la faute et demander pardon. »

Côte à côte, le pasteur Martin Junge, Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), et le cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, ont fait repentance pour les caricatures auxquelles catholiques et luthériens se sont réduits, pour le mélange entre religion et « intérêts politiques et économiques » et pour les siècles de guerre.

« Nous devons regarder avec amour et honnêteté notre passé, reconnaître la faute et demander pardon », a répété le pape qui a ensuite surtout insisté sur l’apport du luthéranisme. « Avec gratitude, nous reconnaissons que la Réforme a contribué à donner une meilleure centralité de la Sainte Écriture dans la vie de l’Église », a-t-il relevé avant de souligner que « l’expérience spirituelle de Martin Luther nous interpelle et nous rappelle que nous ne pouvons rien faire sans Dieu ».

Entre les deux Églises, des questions non résolues
Organiser cette commémoration n’a pourtant pas été facile. Notamment du fait de la présence d’une femme, l’archevêque Antje Jackelén, à la tête de l’Église luthérienne de Suède. « Il est clair que pour reconnaître les prêtres d’une autre Église, ce n’est pas facile, a concédé le cardinal Koch dans la presse suédoise. C’est un obstacle sur la voie de la reconnaissance de la tradition de cette Église. » À cet égard, après la repentance, le baiser de paix entre le pape et l’archevêque Jackelén a été plus que significatif, même s’il reste, entre les deux Églises, des questions non résolues.
Ainsi, celle de la communion des couples mixtes, soigneusement éludée par la déclaration commune signée par le pape et le président de la FLM, l’évêque palestinien Mounib Younan, qui se borne à reconnaître « la souffrance de ceux qui partagent leur vie tout entière, mais ne peuvent pas partager la présence rédemptrice de Dieu à la table eucharistique ». « Si l’eucharistie commune est bien le but de l’œcuménisme, l’hospitalité eucharistique est une question pastorale qui doit se régler localement, pas au niveau de la Curie », a botté en touche le cardinal Koch, lundi, devant la presse.

Quant aux questions d’éthique sexuelle – l’Église de Suède célèbre des « mariages » homosexuels – chacun est resté sur sa position, même si l’archevêque Jackelén a appelé à « plus d’équilibre entre les péchés sexuels et les péchés de l’avidité et de l’injustice économique qui ont des conséquences bien plus graves ». C’est d’ailleurs bien sur ces questions que le pape François veut aujourd’hui faire progresser le dialogue œcuménique. « Défendre et servir la dignité de chaque personne : sans ce service au monde et dans le monde, la foi chrétienne est incomplète », a-t-il insisté, traçant ainsi un chemin permettant aux chrétiens de dépasser leurs incompréhensions sur les questions éthiques.

D’où sa présence, lundi, à Malmö, pour parrainer la signature d’un accord entre Caritas Internationalis et le LWF World Service en vue de multiplier les initiatives partagées. « Plus qu’un accord entre ONG, c’est un véritable engagement de foi », a précisé le pasteur Junge. « Pour nous, chrétiens, c’est une priorité de sortir à la rencontre de ceux qui sont mis à l’écart et des marginalisés de notre monde », a lancé le pape, citant notamment les migrants. Et dans l’ambiance de show télévisé du stade Malmö Arena, il a tracé la ligne d’action commune de la nouvelle étape qu’il souhaiterait voir désormais les chrétiens franchir : « À nous, chrétiens, est demandé aujourd’hui d’être les protagonistes de la révolution de la tendresse. »

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