Le temps précieux de la fin
Jean Monbourquette
Le temps précieux de la fin, de Jean Monbourquette et Denise Lussier-Russell, Ed. Bayard.
Fiche de lecture rédigée par Viviane Tourtet, Pastorale des funérailles du diocèse de Paris. 2022.
« A la suite de la mort de ma mère, ce volume m’a aidée à regarder sa mort et la mienne comme une naissance à une vie nouvelle et éternelle et à continuer de vivre dans la confiance en Dieu et dans la Trinité » commente une lectrice au dos de cet ouvrage. Cette phrase m’a donné envie de me plonger dans la lecture et l’étude de ce livre à la conception originale.
Ses auteurs en sont Jean Monbourquette, prêtre et psychologue canadien, auteur de nombreux ouvrages et Denise Lussier-Russell, agente de pastorale et infirmière de formation.
L’ouvrage s’adresse avant tout aux personnes en fin de vie et à leur entourage mais aussi aux personnes en deuil. Comme les auteurs le mentionnent dans les premières pages, cet ouvrage « est un véritable instrument de travail personnel, qui fournit des réflexions, propose des pistes de croissance et suggère des prières. »
Le lecteur est tout d’abord invité à bien s’installer, à s’intérioriser avant de renouer contact avec ce qui l’entoure dans un deuxième temps. L’important est de demeurer dans la présence aimante de Jésus Christ qui, à travers le lecteur, adresse une prière constante à son Père, à notre Père.
Affronter, vivre, transcender et mourir sont les quatre grands thèmes abordés par les auteurs. Véritable voyage pour lequel la personne malade est invitée à embarquer, en pleine conscience. Au-delà de la foi, soutien incontestable pour traverser toutes les épreuves qui se présenteront, le malade dispose dans ce livre d’outils pouvant l’aider à avancer, accompagné ou non de ses proches.
Une réflexion lui est tout d’abord proposée avec des suggestions, des points de repère suivie de ce que les auteurs nomment une piste de croissance, une série d’exercices simples à mettre en œuvre. Des témoignages émaillent également l’ouvrage incitant le lecteur à cesser, le temps d’un exemple, de se regarder pour envisager un autre cas vécu peut-être différemment.
Des prières et un « sourire de sagesse », courte histoire humoristique mais empreinte de sagesse clôturent chaque chapitre, indiquant toute l’importance de la prière sans oublier celle du rire parfois si salvateur.
S’adresser au Seigneur, se mettre dans sa présence, en silence. Faire silence pour écouter la musique divine en soi. Partager avec Dieu sa colère, son sentiment de culpabilité, confier à Dieu ce que l’on ressent, sa peur devant le grand mystère de la mort, s’ouvrir à l’Amour et demeurer en son contact si précieux.
Les signes d’amour et de compassion du Christ nous sont offerts par l’Eglise avec la visite et la communion des malades, le sacrement de réconciliation et l’onction des malades. Puis viennent enfin le viatique, la dernière communion qui donne la force de vie du Christ ressuscité et la prière de recommandation des mourants au moment du passage.
Au fil des pages, les auteurs invitent le malade à s’intérioriser puis à reprendre contact avec son corps physique et ce qui l’entoure. Cela ne peut que nous rappeler la prière de St Augustin de Nippone : « « Tard je T’ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle ; tard je T’ai aimée. Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais dehors, et c’est là que je T’ai cherché. Ma laideur occultait tout ce que Tu as fait de beau. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec Toi. Ce qui me tenait loin de Toi, ce sont les créatures, qui n’existent qu’en Toi. Tu m’as appelé, Tu as crié, et Tu as vaincu ma surdité. Tu as montré ta Lumière et ta Clarté a chassé ma cécité. Tu as répandu ton Parfum, je T’ai humé, et je soupire après Toi. Je T’ai goûté, j’ai faim et soif de Toi. Tu m’as touché, et je brûle du désir de ta Paix. Amen ! »
Petit à petit en s’abandonnant, les pensées disparaissent, la peur s’estompe, un sentiment de liberté commence à surgir qui transporte le malade vers la lumière où il comprend que le Christ ressuscité l’attend, dans l’Esprit d’amour universel et dans l’amour du Père. L’heure est venue de se pardonner grâce au pardon que Dieu nous accorde, de pardonner aux autres et de demander pardon.
Temps aussi de rendre grâce au Seigneur pour toutes les grâces qu’il nous a données, pour tout le bien qu’il a fait en nous et par nous. Le malade en fin de vie peut devenir, par sa foi, son espérance et son amour de Dieu, prophète du royaume de Dieu.
Pour les personnes endeuillées cet ouvrage s’avèrera utile dans l’accompagnement du proche malade ; il invite dans un second temps à prendre conscience de l’importance de l’événement qui vient de se vivre car le mystère de la mort est grand. Par le partage de ce qui s’est vécu avec le malade, la personne en deuil pourra en feuilletant ce livre se remémorer les étapes qui ont fait grandir l’être cher à travers le travail accompli sur soi et en soi, les exercices proposés et les prières proposées.