Madeleine-Sophie Barat, la réparation par l’éducation

Paris Notre-Dame du 26 juin 2025

Ils sont Parisiens, mais peu connus pour la plupart. Paris Notre-Dame consacre sa série d’été aux cinq saints parisiens dont les reliques sont présentes dans le nouvel autel de Notre-Dame de Paris. Première figure : Madeleine-Sophie Barat, religieuse, dont l’Église fête, en 2025, les 100 ans de la canonisation.

Madeleine-Sophie Barat, fondatrice de la Société du Sacré-Coeur.
© D.R.

Si son corps repose aujourd’hui, intact, à St-François-Xavier (7e), une relique de sainte Madeleine-Sophie Barat a rejoint en décembre 2024 le nouvel autel de Notre-Dame de Paris. Fondatrice de la Société du Sacré-Coeur, la religieuse a longtemps vécu à Paris où elle est décédée en 1865, dans ce qui est aujourd’hui le lycée Victor Duruy. Son corps, transporté après sa mort dans le Val-de-Marne, puis déplacé en Belgique lors des expulsions religieuses de 1904, est ramené à Paris en 2009 dans l’église consacrée au saint missionnaire. Un retour cohérent pour celle dont Paris fut le cœur battant de l’œuvre. Née à Joigny (Yonne) en 1779, dans une famille modeste et croyante, Sophie Barat arrive à Paris à l’âge de 15 ans, peu après la Terreur. Dans une société meurtrie par la Révolution, elle comprend que l’éducation peut de¬venir un levier spirituel et social et, bien que marquée par l’influence janséniste d’un Dieu juge, elle prêchera toute sa vie un Dieu qui aime. Ce sera la vocation de sa congrégation : faire connaître l’amour du Coeur de Jésus, par la formation du cœur et de l’intelligence.
C’est dans une mansarde parisienne qu’elle fait, à 20 ans, sa consécration, le 21 novembre 1800. Elles sont quatre femmes, réunies autour du P. Varin, jésuite. À Paris encore, rue des Postes (actuelle rue Lhomond), elle fonde en 1816 une maison qui sera pensionnat, noviciat et école gratuite pour les petites filles du quartier Mouffetard. Madeleine-Sophie croit à une éducation exigeante, huma¬niste et spirituelle, offerte aussi bien aux enfants des élites qu’à ceux des pauvres. Son intuition est audacieuse : l’éducation des filles peut transformer toute une société – car, disait-elle avec une pointe d’ironie, « les épouses peuvent influencer leurs hérissons de maris ! ». Elle veut pour ces femmes une pensée libre, structurée, ancrée dans l’amour du Christ, à travers la culture, la prière, l’écoute, pour mieux tenir leur place dans le monde.
L’hôtel Biron – aujourd’hui écrin du musée Rodin – acheté en 1820, devient alors la maison-mère de la Société du Sacré-Coeur, qui comptera, à sa mort, quatre-vingt-neuf maisons dans le monde. Madeleine-Sophie rêve de partir en mission mais gouverne depuis Paris, faisant montre d’un grand souci de la relation. Sa correspondance – plus de 14 000 lettres conservées – témoigne de cette attention de chaque instant, aux élèves, aux sœurs, à leurs familles. À celles qui partent loin – jusqu’aux Amériques –, elle donne une pleine autorité pour conserver l’unité malgré la distance. Elle meurt à Paris le 25 mai 1865, jour de l’Ascension. Très humble, elle n’a jamais voulu être photographiée. La seule image que l’on ait d’elle a été prise sur son lit de mort. Elle confiait : « Ne regardez pas ma photo mais l’amour que j’ai pour vous, à l’image de celui que le Christ a pour chacun. » C’est aujourd’hui à travers l’éducation, la formation, la pastorale et l’accompagnement spirituel, que les 1 400 sœurs de la congrégation mettent en œuvre son intuition sur les cinq continents.

Mathilde Rambaud

Pour aller plus loin

  • Prier 15 jours avec Madeleine-Sophie Barat, Marie-Paule Préat, Nouvelle Cité, 2025, 128 p., 12 €.
  • Madeleine-Sophie Barat, 1779-1865, Monique Luirard, Nouvelle Cité, 1999, 191 p.. disponible d’occasion.
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