Mgr Benoist de Sinety : « Les aumôniers doivent pouvoir se rendre au chevet des malades ! »

FigaroVox – Dimanche 29 mars 2020

Tribune de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, publiée le 29 mars 2020 sur FigaroVox.

Alors que dans un louable souci d’information, il arrive que des équipes de télévision soient autorisées à entrer dans les services d’urgence des hôpitaux pour y suivre le travail remarquable des équipes médicales, il m’apparaît au moins aussi crucial que des aumôniers puissent se rendre présents auprès des mourants et des malades, dans un souci d’humanité pour être avec eux dans ces moments si essentiels.

À l’heure où l’urgence se fait grande et où l’ensemble de notre société retient son souffle devant la progression de cette épidémie, je demande avec gravité que puisse être respecté ce droit fondamental à être un homme jusqu’au bout de sa vie.

Que ceux qui en expriment le désir, ou dont la famille le manifeste, puissent bénéficier de la présence du ministre de leur religion à leurs côtés pour prier avec eux et pour eux, pour leur tenir la main, pour ne pas les laisser mourir sans bénéficier d’un accompagnement spirituel qu’ils peuvent souhaiter.

S’il faut pour cela, que ceux qui, volontairement, remplissent cette mission, acceptent de se rendre le temps nécessaire sur place, je sais que cela ne les découragera pas. Ils pourront aussi assurer une présence d’écoute et de soutien que beaucoup de médecins, d’internes, d’infirmières et de personnel de soins, demandent par ailleurs.

L’exigence d’efficacité des équipes médicales et le dévouement exceptionnel dont elles font preuve ne peuvent justifier le reniement de ce qui est la marque d’une civilisation. Ne pas se rendre au chevet des mourants revient à laisser le champ libre à une forme d’abandon non pas humain mais spirituel qui, outre le fait qu’elle incite des malades à tout faire pour échapper à l’hôpital par peur d’y subir ce sort, abimerait durablement l’âme de notre système de santé et, plus largement de notre pays.

Déjà, à l’extérieur des hôpitaux, les équipes bénévoles de fidèles des différentes religions écoutent, consolent, accompagnent des familles bouleversées de ne pouvoir dire adieu à leurs proches et assurent un soutien qui contribue au bien commun.

N’oublions pas que, de tout temps, lors d’épidémies bien plus dangereuses (choléra, peste…) on n’a jamais empêché des hommes et des femmes de se porter volontaires pour soutenir spirituellement et humainement leurs contemporains et de s’y risquer librement.

Dès lors qu’ils acceptent de suivre les consignes données, pourquoi priver les plus fragiles de bénéficier d’une présence fraternelle là où la science ne peut plus rien ?

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