Parcours d’adieux, chemins de vie
Christian de Cacqueray
Parcours d’adieux, chemins de vie – suivi d’une lettre de François Cheng, de Christian de Cacqueray, Ed. Salvator.
Fiche de lecture rédigée par Viviane Tourtet. Pastorale des funérailles du diocèse de Paris. 2022.
Christian de Cacqueray, fondateur en 2000 du Service Catholique des Funérailles dont il est aujourd’hui le directeur, nous propose dans ce livre, plusieurs récits composés pour respecter le secret professionnel lié à la profession qui illustrent son expérience dans l’accompagnement des familles endeuillées.
Loin d’être morbide, cet ouvrage bien au contraire, nous donne à voir, derrière l’image négative généralement associée aux pompes funèbres, la noblesse compatissante, le sens du service qui sont les leurs, qualités indispensables lorsque les familles rendent le dernier hommage aux défunts.
Les obsèques ont une dimension symbolique dont il n’est pas toujours facile de mesurer l’importance. Christian de Cacqueray nous rappelle que toute séparation « porte la trace de vies humaines et interpelle les vivants sur le sens de leur existence. »
Devant le corps mort, l’homme vivant est amené à s’interroger sur le sens de sa vie et réalise combien il est important d’honorer le défunt.
L’auteur invite la personne endeuillée à pérégriner, à accompagner le défunt jusqu’à sa dernière demeure, en prenant tout le temps qu’il convient car c’est là, sur ce chemin, que poussent les germes de consolation. En empruntant ce chemin, de manière consentie et en pleine conscience, les personnes font leur l’idée qu’au bout du chemin, ils devront accepter de laisser partir le défunt. Ce parcours est essentiel pour ensuite commencer le travail de deuil.
On ne dira jamais assez combien il est important de passer par toutes les étapes de ce parcours rituel. Voir le mort lors de « l’adieu au visage », le toucher, entendre ce qu’il a à nous transmettre, dans le silence, puis lors de la célébration à travers la relecture de sa vie, sont quelques-unes des étapes cruciales.
Christian de Cacqueray considère que son travail et celui de ses équipes est un travail de « passeurs » qui consiste à aider les personnes endeuillées « à passer du refus à l’acceptation, de la possession à la dépossession et de ce fait de la relation charnelle à la relation spirituelle. »
Même si l’individuel supplante aujourd’hui le collectif, même si les lieux alternatifs ont tendance à remplacer les lieux de culte traditionnels, il est important de rappeler que les obsèques ne se limitent pas à la seule célébration, que les rites funéraires sont absolument nécessaires pour que ceux qui restent, les vivants, puissent grandir et ne pas sombrer.
Au fil des chapitres C. de Cacqueray égrène à la manière d’un chapelet des prénoms, des exemples comme la mort d’un sans-abri, d’un moine, d’un bébé, entre autres. Chaque cas invite le lecteur à une relecture des décès auxquels il a été confronté, à découvrir de nouvelles pistes de réflexion pour les décès qui suivront…
Dès lors que les endeuillés ont reçu affection, consolation, qu’ils ont assisté à un parcours funéraire, à une liturgie empreinte de respect, de dignité et de beauté, une graine d’espérance a été semée dans leur cœur qui les ouvre sur une renaissance. Le défunt, ramené dans l’esprit de chacun, redevient proche. La relation s’est simplement déplacée, passant du charnel au spirituel. « Enterrer ses morts favorise donc une expérience spirituelle universelle qui fait croître les vivants en leur ouvrant le chemin de la vie selon l’Esprit » et cela, quelle que soit la religion.
Perdre un proche, c’est grandir, c’est aller vers la vie, réapprendre à vivre en mortel. Ce premier livre ne manquera pas de vous toucher de manière intime et grande sera alors votre désir de lire le dernier livre de Christian de Cacqueray, « Vivre en mortel », préfacé par Marie de Hennezel et publié aux mêmes éditions.