Podcast “Sur cette pierre” : le rituel d’ouverture de la porte

Quand on ouvre une église pour la première fois – ou qu’on la rouvre – chaque geste de bénédiction revêt un sens profond. Le Père Bertrand Dufour, chapelain de Notre-Dame, nous dévoile la signification de ce rituel. De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, ce podcast est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.

Podcast disponible sur les plate formes :
 Spotify
 Soundcloud

Le rite d’ouverture d’une porte

S’il est un lieu, un « objet » commun à chacune de nos maisons, à chacun de nos appartements et à chacune de nos églises, c’est la porte d’entrée. On peut la passer parfois sans s’en rendre compte et pourtant sa symbolique religieuse et humaine est importante. C’est le lieu de l’accueil.
Comme le rappelle le rituel des bénédictions, « dans plusieurs célébrations liturgiques, comme le baptême, le mariage, les funérailles » ou encore les catéchumènes lorsqu’ils frappent à la porte pour leur entrée en catéchuménat, « les fidèles sont accueillis à la porte de l’église ». De même, souvenons-nous que lorsqu’un évêque prend possession de son siège ou lorsqu’un curé est installé dans sa fonction il est accueilli à l’entrée de la cathédrale ou de l’église et en reçoit solennellement les clefs.
De plus, et surtout en premier lieu, il est bon de se rappeler que la porte est « un signe du Christ qui a dit : ‘Je suis la Porte des brebis’ (Jn 10,7), le signe aussi de ceux qui sont entrés sur le chemin de la sainteté qui conduit à la demeure de Dieu ». En gardant ceci en mémoire, nous avons la signification profonde et religieuse de l’église auquel la porte qui est bénite va donner accès.
Comment se déroule cette bénédiction ?
Le rituel invite le célébrant à préparer les fidèles au sens du rite en leur rappelant le rapport entre l’objet béni, ici la porte, et les personnes qui passeront au travers. C’est ainsi que le célébrant demande aux fidèles présents de supplier « le Seigneur pour tous ceux qui entreront dans l’église par cette porte ». En entrant dans ce lieu, les fidèles sont invités à trouver accès au Père, à écouter la voix du Christ, à se rassembler dans l’unique Esprit, à accueillir la parole de Dieu, à célébrer ses mystères et à faire grandir la construction du la Jérusalem céleste.

Après la bénédiction de la porte qui peut être aspergée d’eau bénite et encensée, le célébrant par trois fois va frapper à la porte avec la croix de procession ou la crosse, s’il est évêque.
J’ajouterai un petit détail qui n’est pas contenu dans la signification du rite d’ouverture de la porte d’une église… et pour cause. Qui dit ouverture dit entrée… mais il nous faut ressortir par cette même porte.
Effectivement, à nouveau, nous franchissons cette porte quand nous sortons de l’église. « Nous comprenons facilement qu’elle signifie alors un envoi en mission, une ouverture béante sur le monde pour y diffuser un amour qui doit rayonner, celui du Ressuscité ». Nous avons reçu le Christ vivant en nourriture à travers sa Parole et son Corps qu’il nous a offert. C’est ce même Christ qui nous fait sortir de l’église pour aller porter la Paix au monde. Comme les pèlerins d’Emmaüs, le cœur brûlant de ce que nous avons reçu alors que nous étions attablés à la table du Seigneur, nous sommes envoyés « pour aller faire éclater la Bonne nouvelle dans nos vies ».

« La porte ne marque donc pas seulement un point d’arrivée, elle est tout autant un point de départ. Ceux qui sont allés en pèlerinage à Compostelle, à Rome, à Lourdes ou en Terre Sainte le savent bien. L’exultation de l’arrivée qui dilate le cœur, dès que l’on aperçoit les tours de la cathédrale compostellane depuis ce mont bien nommé de la Joie, ou les flèches de Notre Dame de Chartres sur la plate plaine de Beauce, trouve son pendant dans le déchirement du départ, si bien perçu par Péguy. Comme les apôtres, il nous faut redescendre de la montagne de la Transfiguration ».

Pour terminer sur ce thème de la porte, je voudrai citer le pape François à l’audience du 18 novembre 2015, peu de temps avant l’ouverture de l’année sainte de la miséricorde :

« L’Église (est) encouragée à ouvrir ses portes, pour sortir avec le Seigneur à la rencontre de ses fils et de ses filles en chemin, parfois incertains, parfois égarés, en ces temps difficiles. (…) Et si la porte de la miséricorde de Dieu est toujours ouverte, les portes de nos églises, de nos communautés, de nos paroisses, de nos institutions, de nos diocèses, doivent, elles aussi, être ouvertes, car ainsi, nous pouvons tous sortir pour apporter cette miséricorde de Dieu. (…)
Il y a beaucoup (d’endroits) où les portes blindées sont devenues normales. Nous ne devons pas nous résigner à l’idée de devoir appliquer ce système à toute notre vie, à la vie de la famille, de la ville, de la société. Et encore moins à la vie de l’Église. (…) La porte doit protéger, bien sûr, mais pas repousser. (…) Combien de gens ont perdu confiance, n’ont pas le courage de frapper à la porte de notre cœur chrétien, aux portes de nos églises… (…) La porte dit beaucoup de choses de la maison, et aussi de l’Église. La gestion de la porte requiert un discernement attentif et, dans le même temps, doit inspirer une grande confiance ».

Alors oui, « ouvrons les portes de justice, qu’il entre le Roi de Gloire ».

Réouverture de Notre-Dame de Paris

Et aussi