Podcast “Sur cette pierre” : la consécration de l’autel

Quand on ouvre une église pour la première fois – ou qu’on la rouvre – chaque geste de bénédiction revêt un sens profond. Le Père Bertrand Dufour, chapelain de Notre-Dame, nous dévoile la signification de ce rituel. De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, ce podcast est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.

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La consécration d’un autel

Qu’est-ce qui est commun à chacune de nos églises  ? Que cherchez-vous en premier en entrant dans une église  ? La lumière rouge  ? Le bénitier  ? La statue de la Vierge Marie ou celle de tel ou tel saint par l’intercession duquel vous voulez obtenir une grâce particulière  ? Tout cela est très bien et important, mais le plus important dans l’église, ne serait-ce pas l’autel  ? C’est sans doute la raison pour laquelle l’Église l’honore par le rite de la consécration – et pas seulement une bénédiction.

Consacrer un autel, le rendre sacré, c’est le vouer au service de Dieu. Dans la consécration de l’autel, l’Église présente ce dernier à Dieu pour qu’il soit, d’une manière exclusive, destiné au service divin. «  Mais c’est Dieu lui-même qui, par l’effusion de son Esprit, va opérer la consécration, dans les rites qu’il a institués ou qu’il a laissé l’Église organiser  ».

Ainsi, l’autel est «  le lieu  » le plus important dans une église, parce qu’il rend visible l’évènement le plus important de toute l’histoire de l’humanité  : le don d’amour de Dieu en Jésus sur la Croix. En ce sens, il est un mémorial. Dieu se rend visible, Dieu se donne. Chaque fois que nous faisons mémoire de la mort et la résurrection du Christ, mystère de Pâques, mystère de la foi, Dieu se rend réellement présent au milieu de nous, il vient habiter au milieu de nous. Oh qu’il est grand, qu’il est beau le mystère de notre foi chrétienne  !

«  J’avancerai vers l’autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie  » (Ps 42,4). Dans l’église, l’autel représente le point central vers lequel toute l’assemblée est tournée. Comme l’exprime la belle prière à l’occasion de la consécration  :

«  …Du haut du ciel, répands ta grâce sur les fidèles qui te dédient cet autel  : qu’ils se rassemblent autour de lui pour que tu les nourrisses et que tu fasses d’eux, jour après jour, par le don de ton Esprit, le peuple qui t’est consacré  ».

Alors regardons en quelques mots ces rites de la consécration.

A y regarder de près, les rites de la consécration d’un autel rappellent les étapes de l’initiation chrétienne  : le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie. La célébration de la consécration, comme celle vécue à Notre Dame de Paris pour sa réouverture, nous fait revivre tous ensemble le cheminement qui nous a fait devenir pleinement membres de l’Église de Dieu.

La liturgie de consécration de l’autel nous donne effectivement à voir cinq gestes  :

L’évêque va asperger d’eau l’autel  : comme Jésus au Jourdain, comme le chrétien le jour de son baptême.

Il va consacrer l’autel par l’onction d’huile sainte, le saint chrême  : comme le Christ – le mot Christ signifie celui qui a reçu l’onction –  ; comme le chrétien à son baptême. Onction de l’Esprit Saint qui nous remplit de l’amour infini de Dieu. Onction qui fait de nous des enfants de Dieu, nés de l’éternel Amour du Père. Onction qui nous fait renaître à chaque eucharistie lorsque nous implorons l’Esprit Saint sur nos offrandes.

Il va parfumer l’autel par le rite de l’embrasement  : pour qu’il répande, comme le baptisé, le parfum d’amour du Christ. Parfum de notre prière qui monte vers Dieu comme l’encens. Parfum de nos offrandes transformées par l’amour du Christ.

Il va revêtir l’autel du vêtement de la table eucharistique, la nappe blanche  : comme le baptisé est revêtu du vêtement blanc de son baptême, il a revêtu le Christ.

Enfin il va illuminer l’autel  : pour qu’il répande la lumière du Christ ressuscité, lumière de l’amour plus fort que la mort.

Vous avez reconnu là, les gestes du baptême. La consécration d’un autel ravive la grâce de la consécration de notre baptême.

Pour le Christ, l’autel c’est la Croix, sur laquelle il s’offre en sacrifice.
Pour nous, baptisés, le Christ est l’autel sur lequel nous nous offrons en offrandes spirituelles à chaque eucharistie.
Pour le monde, le chrétien est l’autel sur lequel tous les humains peuvent s’appuyer comme sur un roc. La communauté chrétienne est l’autel du sacrifice, l’autel de l’amour. Et depuis le commencement où l’Église célébrait l’eucharistie sur les tombes des martyrs qui ont donné leur vie en témoignage de leur foi, la messe est célébrée sur les reliques des saints.

Ainsi l’autel rend visible le mystère caché du salut de Dieu, la réalité invisible de son éternel Amour manifesté dans le Christ. «  L’heure vient, dit Jésus à la femme de Samarie, l’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité  ». Le rite de la dédicace de l’autel n’est pas un spectacle  ; il est une réalité spirituelle que nous vivons avec le cœur, en esprit et en vérité. Le Christ révèle le Père, source de tout don, source de l’Esprit Créateur.

+ Père Betrand Dufour

Réouverture de Notre-Dame de Paris

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