Prier pour la vie : tous concernés !
Paris Notre-Dame du 11 avril 2013
P. N.-D. – La cinquième veillée de prière pour la vie, organisée par les évêques d’Île-de-France, aura lieu le 21 mai [2013]. Quel bilan peut-on faire des précédentes veillées ?
Mgr Éric de Moulins-Beaufort – En cinq ans, cette veillée s’est bien installée dans le paysage, même si je regrette que la mobilisation soit trop faible. Le Cardinal voudrait que la cathédrale déborde ce soir-là ! C’est ce que nous espérons : cela nous permettrait d’envisager, une autre fois, un événement plus visible. Cette prière commune est voulue par les évêques pour signifier leur attachement à la culture de vie et pour aider tous les chrétiens à y entrer pleinement. Nous sommes tous soumis aux tentations du progrès technique et nous ne devons pas cesser d’aller vers une intelligence toujours plus profonde de ce qu’est la vie, cette réalité qui nous vient d’en haut. C’est une grâce à demander !
P. N.-D. – Cette année, quelle note particulière aura la veillée ?
Mgr E. de M.-B. – L’actualité est marquée par les débats sur l’autorisation de la recherche sur l’embryon, le mariage dit « pour tous » et les projets sur la fin de vie. Or, les fortes mobilisations de janvier et de mars montrent le désir de beaucoup de personnes de vivre pleinement la vie humaine selon sa réalité. Ces foules ont montré leur engagement. Travaillons à ce qu’il soit toujours plus intérieur, plus libre, plus humble. Lors de la veillée, nous poursuivrons sans doute la démarche proposée l’année dernière : les participants pourront réciter une prière qui les engage à respecter la vie. Cette fois-ci, ils seront aussi invités à porter un regard nouveau sur toutes les personnes fragiles – chômeurs, étrangers, personnes âgées – afin d’être toujours plus cohérents avec eux-mêmes.
P.N.-D. – La prière peut-elle combattre des forces qui, dans le monde, agissent contre la vie ?
Mgr E. de M.-B. – Pour nous chrétiens, la prière consiste à nous mettre humblement devant Dieu, à reconnaître que souvent, nous abîmons Son plan, mais que Sa grâce nous permet de vivre en faisant le bien avec un cœur libre. Cette prière commune nous permet de nous porter les uns les autres, dans le désir d’accueillir la vie comme un don. Elle nous permet de réaliser que nous ne sommes pas seuls à avoir ce désir. La foule rassemblée ce soir-là dans la cathédrale nous montre que ceux qui souhaitent vivre de cette grâce sont plus nombreux qu’on ne l’imagine. N’oublions pas que la puissance de la prière doit tout d’abord convertir nos cœurs, afin que nous considérions toujours la vie comme un don.
P. N.-D. – Comment garder l’espérance quand le combat semble perdu ?
Mgr E. de M.-B. – À Pâques, nous célébrons la victoire du Christ qui passe par la croix. Ne soyons pas étonnés que la vérité suscite des rejets ou des résistances de la part des hommes, et que beaucoup ne se voient pas vivre à ce niveau. Ne nous durcissons pas. La prière nous aide à voir dans les personnes dont les idées nous effraient les attentes et les désirs cachés. La prière nous aide à vivre sans juger. Elle nous assure que l’humanité n’évolue pas à sens unique : ce n’est pas parce que nous sommes dans une période de remise en cause que l’histoire est « fichue ». Notre foi comporte des richesses que nous n’avons pas encore suffisamment montrées et qui peuvent régénérer les générations à venir. • Propos recueillis par Agnès de Rivière