« Que l’idée du diaconat prenne chair »
Paris Notre-Dame du 27 avril 2023
Jeudi 20 avril, le vicariat pour le diaconat permanent organisait une soirée Venez et voyez. Proposée à ceux qui se posent la question du diaconat, elle avait pour vocation de rendre cet apostolat visible et concret. Précisions d’Olivier Rossignol, délégué de l’archevêque pour le diaconat permanent.

Paris Notre-Dame – Pourquoi proposer une soirée à destination des personnes qui se posent la question du diaconat permanent ?
Olivier Rossignol – Ce n’est pas la première fois mais nous désirions, cette année, communiquer plus largement autour de cette proposition. Le diaconat permanent ne bénéficie pas d’une grande visibilité, pour de multiples raisons. Cela fait soixante ans tout juste, depuis le Concile Vatican II, qu’il est de nouveau proposé au sein de l’Église catholique romaine. À Paris, nous sommes 130 diacres, inégale¬ment répartis. Un tiers des paroisses n’en a pas ; un autre tiers en a qu’un seul. Et la fracture Est/Ouest est encore sous-jacente… Il nous faut donc être proactifs pour faire connaître cette mission particulière. Nous l’avons été auprès des curés mais nous avons senti que cela ne suffisait pas.
P. N.-D. – En quoi consistent ces soirées ?
O. R. – Nous accueillons en général une douzaine de personnes qui se posent la question du diaconat ou ont été interpellées par leur curé. Nous commençons par un partage convivial, le temps d’accueillir chacun, puis nous introduisons la soirée en rappelant ses objectifs. Nous désirons que l’idée du diaconat prenne chair. Que les participants voient et comprennent ce que signifie être diacre. Jeudi dernier, il y avait deux diacres avec leurs épouses, le P. Jean Rencki, curé de Ste-Colette des Buttes-Chaumont (19e) notre accompagnateur, qui a rappelé ce que l’Église dit du diaconat. Les couples ont témoigné de leur cheminement, puis nous avons ouvert un temps de questions/ réponses avant de conclure et de donner des indications pratiques. Les participants étaient des jeunes quadragénaires et des quinquagénaires. Certains désiraient avoir des détails pratiques – combien de temps dure la formation, quelles sont les relations avec le curé d’une paroisse, comment les épouses vivent cet apostolat de leur mari… – d’autres, avoir des clés sur le discernement.
P. N.-D. – Quel est l’enjeu ?
O. R. – L’essence même du diaconat n’est pas d’être « en présidence ». C’est un ministère d’humilité. Il est peu ou mal connu. L’enjeu est de le faire connaître, pour une meilleure collaboration avec les laïcs, de plus en plus en responsabilité, et les prêtres. Certains d’entre eux, notamment les plus jeunes, ne comprennent pas toujours le diaconat. Mais si le prêtre est l’icône du Christ pasteur, le diacre est l’icône du Christ serviteur. Il est au service de l’autel, de la parole et de la charité. Le diaconat est le ministère du seuil. Le diacre se doit d’annoncer le Christ dans son quotidien, dans sa communauté, dans des actions caritatives, auprès des plus exclus. À titre personnel, une de mes missions de diacre a été de m’occuper du Secours catholique pendant huit ans, d’être témoin de l’engagement de toutes ces personnes auprès des plus démunis et leur rappeler que cet amour donné n’est autre que l’amour de Dieu. Le diacre est souvent silencieux, ne dit pas grand-chose, notamment au sein de la liturgie, mais il est celui qui porte dans sa prière, dans son corps, tous ceux qu’il a rencontrés et qui ne peuvent pas se rendre présents. Certains sont très proches de personnes en marge de l’Église : des personnes divorcées remariées, des personnes homosexuelles… des personnes qui n’osent ou ne veulent pas parler avec un prêtre. Le propre du diacre est d’être témoin, d’être le signe du service. De rappeler que réussir dans la vie ne consiste pas à monter des marches mais à aimer l’autre.
Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

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