Quelques textes pour méditer
Des pensées de Jankélévitch, Christian Bobin, Paul Ricoeur ou encore Maurice Zundel.
« Quand deux hommes étrangers et inconnus l’un pour l’autre se rencontrent dans l’immense solitude d’un désert ou dans le silence éternel des montagnes, ces deux esseulés se regardent et se saluent ; ils entrent en rapport sans avoir besoin d’être présentés l’un à l’autre ; ils se serrent la main sans autre forme de protocole. Ils sont seuls dans la nature hostile, mais ils se connaissent déjà, bien qu’ils ne se soient jamais vus, ils échangent une première parole, et le vent, les rochers, la nature élémentaire leur envoie l’écho de cette parole. Cette parole est déjà en elle-même une bienvenue. Telle est la parole que le voyageur solitaire, perdu dans la nuit, adresse à un autre voyageur solitaire ; dans un monde inhumain, cette salutation atteste la fraternité de deux visages et célébrera la rencontre de deux regards. »
Jankélévitch
« Nous sommes moins seuls que nous l’imaginons. Nous sommes si peu seuls qu’un des grands problèmes de cette vie est de trouver notre place dans les présences environnantes – demander aux vivants ce rien de solitude nécessaire pour respirer. Dans la logique du monde on ne peut faire sa place sans aussitôt prendre la place d’un autre. Mais on ne fait pas plus sa place qu’on ne fait sa vie : on trouve l’un et l’autre, et le sentiment de cette trouvaille inespérée c’est la joie. »
Christian Bobin
« C’est en profondeur que les distances raccourcissent »
Paul Ricoeur
« La dignité d’une personne, ce n’est pas de décider du cours des évènements, mais d’habiter ce qui arrive »
Véronique Margron
« Il n’y a pas de neutralité dans la présence humaine : une présence humaine est une action essentielle. On peut dire que toute notre action tient à notre présence. Votre présence est nécessairement un centre de rayonnement, lumineux ou ténébreux, selon le choix que vous faites de vous-même. »
Maurice Zundel
« Qu’en est-il de nos fêtes sans visites ? Bien souvent c’est le chagrin du délaissement qui rôde et enserre le cœur(... ) Une visite, c’est ce qui nous relie à la société des humains.
L’ami est comme un pont avec ce monde temporairement autre et qui fait violence. Sans visite. Tant d’hommes et de femmes sont sans visites. La visite est comme le pain, le soleil, le vent. Elle donne de vivre, de survivre, d’attendre. »
Véronique Margron
« Il n’y a pas de fraude chez ceux qui souffrent. J’en sais qui se révoltent, qui doutent, qui se replient dans leur solitude, d’autres qui parlent, et certains jamais. Mais aucun ne ment. »
France Quéré
« Celui qui s’efforce de vous réconforter, ne croyez pas, sous ses mots simples et calmes qui parfois vous apaisent, qu’il vit lui-même sans difficulté. Sa vie n’est pas exempte de peines et de tristesses, qui le laissent bien en-deçà d’elles. S’il en eût été autrement, il n’aurait pas pu trouver ces mots-là ».
Rainer Maria Rilke