Série de Carême sur l’homme et la création : Le Jeûne (2/5)

Durant le Carême, retrouvez chaque semaine quelques textes sur l’écologie et la place de l’homme dans la création ainsi que des pistes pour agir.

En raison de la Conférence Climat qui aura lieu à Paris en décembre 2015, le cardinal André Vingt-Trois a invité, en début de carême, les catholiques à réfléchir sur l’attitude et l’usage qu’ils font des biens offerts par Dieu dans la création.

Textes du magistère

Saint Jean-Paul II et Benoît XVI dans leurs Messages pour la célébration de la journée mondiale de la paix rappellent que la crise écologique nous oblige à un changement de style de vie, en vue du bien commun.

« La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise sérieusement son style de vie. En beaucoup d’endroits du monde, elle est portée à l’hédonisme et à la consommation, et elle reste indifférente aux dommages qui en découlent. Comme je l’ai déjà fait observer, la gravité de la situation écologique révèle la profondeur de la crise morale de l’homme. Si le sens de la valeur de la personne et de la vie humaine fait défaut, on se désintéresse aussi d’autrui et de la terre. L’austérité, la tempérance, la discipline et l’esprit de sacrifice doivent marquer la vie de chaque jour, afin que tous ne soient pas contraints de subir les conséquences négatives de l’incurie d’un petit nombre. »
Saint Jean-Paul II, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix, 1er janvier 1990, n. 13

« Il apparaît toujours plus clairement que le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous, les styles de vie et les modèles de consommation et de production actuellement dominants, souvent indéfendables du point de vue social, environnemental et même économique […] Selon le principe de subsidiarité, il est important que chacun s’engage à son propre niveau, travaillant afin que soit dépassée la suprématie des intérêts particuliers. »
Benoît XVI, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix, 1er janvier 2010, n. 11

En s’appuyant sur les Pères de l’Église, saint Jean-Paul II soutient que, par notre jeûne, nous nous attaquons aux causes de la crise écologique.
« La terre et ses richesses appartiennent à tous. ‘La fécondité de toute la terre doit être la fertilité pour tous.’ (S. Ambroise de Milan, De Nabuthe VII, 33). Dans les heures douloureuses que nous vivons, il ne suffit sans doute pas de prendre sur son superflu, mais bien de transformer ses comportements et ses modes de consommation, afin de prélever sur son nécessaire et de ne garder que l’essentiel, pour que tous puissent vivre dans la dignité. Faisons jeûner nos désirs parfois immodérés de posséder, afin d’offrir à notre prochain ce qui lui manque radicalement. Le jeûne des riches doit devenir la nourriture des pauvres.’ (cf. S. Léon le Grand, Homélie 20 sur le jeûne). »
Saint Jean-Paul II,Message pour le Carême 1994, n. 5

Pour le carême 2015, le cardinal André Vingt-Trois nous invite à prendre conscience et à corriger nos attitudes de consommation.
« L’appel traditionnel au jeûne prend cette année une dimension particulière du fait de la Conférence pour le climat qui doit se tenir à Paris en décembre 2015. C’est une occasion pour tous, prêtres et diacres, consacrés et fidèles catholiques de revoir, et peut-être de corriger, nos habitudes de consommation. Avoir une attitude responsable dans l’usage que nous faisons des ressources communes à l’humanité demande sans doute que nous soyons plus attentifs et économes dans notre façon de vivre. »
Cardinal André Vingt-Trois, Lettre aux catholiques de Paris, 25 janvier 2015

Dans la Bible

« Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. »
Is 58, 6-11

Piste pour agir

Pourquoi jeûner ?

Réponse de Philippe Faure, coordinateur avec sa femme Anne, de la proposition de jeûne intégral à la Ste-Trinité (9e) au mois de mars 2012.
« À la question pourquoi jeûner, plusieurs réponses : tout d’abord, cela correspond à un mystère de la foi, la motivation principale étant de regarder le Christ qui a jeûné au désert pendant quarante jours ; c’était une pratique courante dans l’Ancien testament qui s’est émoussée avec le temps. En imitant le Christ, il nous donne ses bienfaits. De plus, le jeûne est une façon de se rendre dépendant de Dieu : comme on se dépossède de tout, on s’ouvre à l’action de l’Esprit saint en nous. Cela fait tomber notre orgueil, notre principal péché. En outre, le fait de se sentir pauvre nous rapproche des autres, et nous aide à les regarder chrétiennement. Enfin, cela enrichit notre communion au Christ. À l’image de Marthe Robin, notre eucharistie quotidienne est notre seule nourriture. C’est une expérience bouleversante, dont je fais régulièrement mémoire pendant l’année. » • Propos recueillis par A. R.
L’expérience inédite du jeûne intégrale, Paris Notre-Dame du 21 février 2013.

Réponse de Sr Clémence, des Fraternités monastiques de Jérusalem.

Comment jeûner ?
Le jeûne est préconisé par l’Église catholique pour les personnes en bonne santé. Le minimum que l’Église demande est de se priver d’un des deux repas principaux et de manger sobrement à l’autre le mercredi des Cendres et le Vendredi saint, et de ne pas manger de viande tous les vendredis de carême.

 Voir la page “Le jeûne”.

Écologie : notre responsabilité commune envers l’humanité