Surpopulation carcérale : Objectif 15.000 personnes détenues en moins
Appel des aumôniers de prison et des présidents d’associations, par Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique ; Alexandre Duval-Stalla, avocat et Président de Lire pour en sortir ; Jean-François Penhouët, aumônier général catholique des prisons ; Brice Deymie, aumônier général protestant ; Alain Senior, aumônier général Israélite ; Hassan El Aloui Talibi, aumônier général musulman. « …. Il est urgent de faire de la prison non plus un lieu d’exclusion qui prépare celui qui s’y trouve à y revenir rapidement, mais un lieu de reconstruction et d’insertion qui permette de faire revenir parmi nous tous ceux qui, quels que soient les délits qu’ils ont commis, n’en restent pas moins des hommes et des femmes qui aspirent à une autre vie. »
Un taux de personnes détenues et de surpopulation carcérale en 2017 encore jamais atteint en France, la démission du tout nouveau Directeur de l’Administration pénitentiaire et le refus de la directrice de la maison d’arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, d’accueillir toute nouvelle personne détenue dans son établissement, car il est saturé à plus de 200%, marquent l’échec des politiques publiques menées en matière de sécurité depuis plus de 15 ans à travers des dispositifs pénaux inefficaces : peines-plancher, élargissement des infractions assorties d’une peine de prison, réduction des accès aux aménagements de peine et aux alternatives à la prison. Pourtant, en cette période d’élections, bien qu’il soit évident que ces dispositifs ont échoué en accroissant la récidive sans faire baisser le taux de criminalité, des candidats, au nom d’une fermeté aveugle qui serait la solution à tous les maux, proposent non seulement de reconduire ces dispositifs, voire de les étendre et de construire entre 15.000 et 40.000 places de prison supplémentaires.
Face à cette démagogie irresponsable et dangereuse, il est urgent de s’attaquer avec responsabilité et pragmatisme au cœur du problème de la surpopulation carcérale en réduisant de 15.000 le nombre de personnes détenues…
Tout d’abord, il est important d’organiser une coordination Parquet/Juges/Prison au niveau local, afin que les flux d’entrée et de sortie des personnes détenues soient régulés et gérés par tous ces acteurs, et que ceux-ci aient deux objectifs principaux : ramener à 25% des personnes détenues, au lieu de 36% actuellement, l’incarcération des personnes ayant à exécuter des peines de prison de moins d’un an ; et limiter le recours à la détention provisoire, afin de réduire à moins de 20% le nombre de personnes détenues à ce titre.
En deuxième lieu, il est nécessaire de revoir l’échelle pénale de certains délits mineurs (comme le téléchargement illégal) en remplaçant la peine de prison encourue par des peines alternatives… ; en rendant moins systématique l’usage des comparutions immédiates ; et en réduisant la durée et les cas de recours à la détention provisoire en matière délictuelle.
En troisième lieu, à propos de la prévention, il est urgent de faire des prisons, non plus des lieux d’exclusion, de punition et d’humiliation, mais, au contraire, des lieux privilégiés d’insertion, de reconstruction et d’ouverture sur la société civile…Enfin, dans les maisons d’arrêt, il est essentiel de limiter à deux le nombre de personnes par cellule, de ne conserver que des établissements de taille moyenne, de rénover les bâtiments existants, d’organiser des instances de dialogue surveillants/direction/personnes détenues, de favoriser l’ouverture des cellules en journée, de développer les activités scolaires, culturelles, sportives et de travail, d’accroître sensiblement le nombre des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation et de créer des unités psychiatriques adaptées.
…. Il est urgent de faire de la prison non plus un lieu d’exclusion qui prépare celui qui s’y trouve à y revenir rapidement, mais un lieu de reconstruction et d’insertion qui permette de faire revenir parmi nous tous ceux qui, quels que soient les délits qu’ils ont commis, n’en restent pas moins des hommes et des femmes qui aspirent à une autre vie. Source : FPF
Par Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique ; Alexandre Duval-Stalla, avocat et Président de Lire pour en sortir ; Jean-François Penhouët, aumônier général catholique des prisons ; Brice Deymie, aumônier général protestant ; Alain Senior, aumônier général Israélite ; Hassan El Aloui Talibi, aumônier général musulman.