Conte de Noël

La surprise de Notre-Dame

 Conte de Noël 2024 

Premier dimanche de l’Avent : Le petit sapin de Théo

Deuxième dimanche de l’Avent : la cathédrale de Maurice

Il était une fois un jeune garçon qui vivait à Paris, en 2024. Si tu as pris le métro aujourd’hui, tu l’as peut-être croisé. Alors que sa maman lui annonce que son grand-père est malade, la cathédrale rouvre ses portes... Entre avec lui et découvre les surprises que Notre-Dame de Paris lui réserve !
Chaque dimanche de l’Avent, tu trouveras un nouveau chapitre, ainsi que le jour de Noël : cinq chapitres au total. Ces chapitres peuvent être lus ou écoutés.

Ce conte de Noël est associé au calendrier de l’Avent des diocèses d’Ile-de-France.

Auteur : Véronique Duchateau
Conteuse : Laurence de Corn
Réalisation : diocèse de Paris

Vous pouvez aussi télécharger le texte du conte pour le raconter vous-même aux enfants ci-dessous :

Conte de Noël 2024 : la surprise de Notre-Dame !

Jour de Noël !

Il était une fois Théo, un jeune garçon qui –tu le sais maintenant- n’a pas pu aller passer Noël chez son Grand-Père, à la campagne, parce que ce dernier vient d’être opéré du cœur. C’est pourquoi, le 24 décembre 2024, le soir de Noël, il est chez lui, dans l’appartement de ses parents, au quatrième étage d’un immeuble situé au fond d’une cour, comme il en existe des milliers dans la grande ville de Paris. Le petit sapin de Noël, acheté au marché aux fleurs, est toujours là, ses jolies branches couvertes de guirlandes dorées et de décorations multicolores. Devant lui Théo, aidé de ses parents a ajouté une petite crèche : on y voit Marie, vêtue d’une longue robe bleue, elle est à genoux à côté de saint Joseph reconnaissable à sa longue barbe - bien plus épaisse que celle du papa de Théo – il s’appuie sur son bâton. Derrière eux un petit âne gris baisse la tête, peut-être impressionné par un ange blond (on dirait qu’il vient juste d’atterrir grâce à ses longues ailes déployées derrière lui). Dans un coin, derrière trois moutons frisés, un berger tient dans ses mains son chapeau à larges bords.
Théo regarde la toute petite crèche.
– Viens voir Maman, on dirait que le berger attend quelque chose, tu ne trouves pas ?
Maman qui vient de mettre une belle robe, en prévision du réveillon, se penche vers les petits santons :
– Oui ! Il attend sans doute l’enfant Jésus, pose-le devant Marie. Tu verras, la crèche sera complète.
– Oh non Maman, s’écrie Théo, il faut attendre minuit.
Maman se pince les lèvres comme lorsqu’elle n’est pas d’accord, alors Théo continue :
– Mais si Maman ! Tu te rappelles le chant que l’on écoute toujours chez Grand-Père ; et prenant une voix grave il entonne Minuit, Chrétiens c’est l’heure solennelle.
Caroline se met à sourire devant l’interprétation très personnelle de ce célèbre cantique que Théo est en train de chanter.
– Oui, c’est vrai tu as raison. Attendons minuit, on mettra le petit Jésus en même temps que Papa débouchera le champagne !
Puis tout en regardant sa montre, elle change de sujet : tu n’as pas oublié qu’Olivia et sa maman viennent passer le réveillon avec nous.
– Oui, car le papa d’Olivia est de garde cette nuit, il doit rester à la caserne des pompiers, si jamais il y avait un incendie.
Sur ces paroles, Caroline part rapidement à la cuisine pour terminer les préparatifs du dîner de réveillon. Théo, quant à lui, continue à regarder la petite crèche. Décidemment, il manque quelque chose, mais ce n’est pas l’enfant Jésus.
– Je sais, s’écrie le jeune garçon, c’est l’étoile du berger ! L’étoile éclaire la crèche et ensuite c’est grâce à elle que les rois mages arriveront -enfin- le 6 janvier !
Pour l’instant Théo a laissé les trois rois mages et leur dromadaire dans le tiroir de la commode. Mais il s’en souvient bien, il n’y a pas d’étoile en réserve.
– Il me faut une étoile ! se dit Théo.
Aussitôt dit il part comme une flèche dans sa chambre, et il en revient avec des feuilles, des feutres, de la colle et des ciseaux. Il dépose sur la table de la salle à manger, sur la belle nappe rouge, tout son matériel. Et il se met au travail. As-tu déjà essayé de dessiner une étoile, une belle étoile ? Tu sais à quel point c’est difficile pour que toutes ses branches soient de la même taille et qu’elles s’étalent de façon bien régulière.
– Théo, demande un peu plus tard Maman, comme Papa n’est pas encore rentré je vais ouvrir les huîtres. Peux-tu mettre le couvert en attendant ?
Concentré sur la fabrication de son étoile, le jeune garçon répond machinalement :
– Oui Maman.
Cinq minutes après, alors que Théo était en plein coloriage, sa Maman l’interpelle de nouveau :
– Pour les verres, prends les grands qui sont dans le buffet. A côté tu trouveras des serviettes en papier argentées : places-en une par assiette s’il te plaît.
– D’accord, répond Théo, tout en se demandant s’il ne devrait pas coller une petite étoile sur la grande, pour faire du volume et que cela soit plus joli dans la crèche.
Pendant les minutes qui suivent d’étranges bruits s’élèvent de l’appartement du quatrième étage de l’immeuble situé au fond d’une cour, comme il en existe des milliers dans la grande ville de Paris. Ce sont des bruits de papiers froissés et de ciseaux mélangés à des coquilles d’huitres qui tombent au fond de l’évier en inox.
Théo et Caroline terminent leur dur travail en même temps. Le jeune garçon tient fièrement dans sa main une étoile à 7 branches ou plutôt 3 étoiles coloriées dans un dégradé de jaune-doré, et collées entre elles par le centre.
– Magnifique, s’écrie Théo fier de lui.
– Magnifique, lui répond en écho Caroline, mais qu’est-ce que tu as fait ! Il y a des morceaux de papiers partout, tu as du feutre plein les mains et le couvert n’est pas mis !
Maman est en colère, comme rarement. Effectivement il y a des bouts de papiers répandus sur toute la longueur de la table et la boîte de feutres s’est renversée en partie par terre. Et c’est à cet instant que la sonnette de la porte d’entrée retentit.
Théo se tourne vers Caroline, il voit son visage se décomposer d’un seul coup et dans un souffle elle murmure :
– C’est Sophie ! Et jetant un dernier coup d’œil sur les papiers éparpillés, elle ajoute d’un ton désespéré : elle dont l’appartement est toujours impeccable !
Ensemble la mère et le fils ramassent tout ce qu’ils peuvent, le plus vite possible et le mettent dans un des tiroirs du buffet, à côté des rois mages et du dromadaire. De l’autre côté de la porte, les visiteurs s’impatientent : ils frappent et sonnent de nouveau. Enfin, il ne reste plus, sur la table de la salle à manger, que la belle étoile en papier. Alors Caroline enlève son tablier qu’elle lance d’un coup dans la cuisine, et elle se précipite pour ouvrir la porte :
– Joyeux Noël !
Olivia et sa maman Sophie, toutes les deux vêtues de gros manteaux et coiffées d’un bonnet de laine, les attendent derrière la porte.
– Ouf, s’écrie Olivia en prenant la main de Théo, j’ai cru que vous étiez déjà partis !
– Partis où, demande Théo ?
– Allez vite, enchaîne Sophie, votre cadeau de Noël vous attend, mettez votre manteau tous les deux !
– Mais Papa n’est pas rentré !
– Il nous rejoindra là-bas, répond Sophie en décrochant le manteau de Caroline.
– Mais où ?
– Ne t’inquiète pas Caroline, il est sûrement déjà arrivé !
– Et mes huîtres ? insiste Caroline toujours soucieuse.
– Elles attendront notre retour ! Vite, vite, vite !
Tout en riant Sophie et Olivia poussent Théo et sa maman dans l’escalier puis dans leur voiture, qui attend au pied de l’immeuble, toutes lumières clignotantes. Le trajet est plutôt rapide, le soir de Noël, beaucoup de Parisiens sont partis à la montagne ou à la campagne, enfin dans des endroits où on peut voir beaucoup plus facilement le ciel et ses étoiles.
Depuis l’arrière de la voiture, occupé à nouer ses lacets et à remettre son manteau correctement, Théo n’a pas bien pu suivre le trajet accompli. A peine garés, ils sont poussés hors du véhicule par Sophie et Olivia, qui, en riant, les entraînent à toutes jambes vers la mystérieuse destination.
Et tout à coup, là, elle apparaît devant eux. Oui vraiment.
– Notre-Dame ! s’exclama Théo !
Il a même l’impression que là-haut, sur sa tour, la chimère ne tire plus la langue, et, bien au contraire, lui fait un petit signe de bienvenue !
Et Caroline de s’exclamer :
– Pour une surprise…Qu’est-ce que l’on fait ici, s’étonne Caroline ?
– Venez, vous êtes attendus !
– A cette heure !
Mais déjà Sophie les pousse, non pas vers le portail de droite, là où une foule recueillie fait la queue, mais à gauche, vers le portail Sainte-Anne. Un pompier -c’est Eric, le papa d’Olivia- se tient là, et en les voyant, il leur dit :
– Troisième rangée en partant du chœur, sur votre droite, face à Notre-Dame du Pilier. Dépêchez-vous, la messe va commencer.
Et alors que le petit groupe remonte la longue nef, derrière eux, quelqu’un se met à jouer de l’orgue. C’est comme si Caroline et Théo avaient été attendus, ici, en ce soir de Noël. Pourtant ils ne sont pas seuls, les rangées de chaises sont toutes occupées par des gens de tous âges et de tous horizons. Autour les flammes de centaines de bougies -déposées au-dessus des chapiteaux- tremblent comme agitées par le souffle de l’orgue. Ils sont arrivés au milieu de la nef, quand dans le chœur, la Maîtrise chante :
– Les anges dans nos campagnes, ont entonné l’hymne des Cieux…
Le mélange des voix enfantines et des voix adultes donne vraiment l’impression que, ce soir, le ciel descend sur terre :
– Et l’écho de nos montagnes redit ce chant mélodieux…
Dans Notre-Dame, contre les voûtes, l’écho retentit. Théo croit voir les anges blonds des vitraux voleter au-dessus du chœur.
– Gloria in excelsis deo !
Mais bientôt Théo et sa Maman oublient les chants joyeux, les bougies lumineuses, les anges et la fatigue de l’heure tardive.
– Grand-Père ?
Encore quelques mètres à parcourir alors que l’orgue improvise sur les notes brillantes du Gloria.
Théo n’ose y croire, là au troisième rang, sur sa droite, face à la statue de Notre-Dame du Pilier, à côté de son Papa : c’est son Grand-Père !
Sans savoir comment, Théo se retrouve assis à côté de lui.
Dans le chœur un prêtre, vêtu d’une aube brodée de fil d’or, prend la parole.
« Mes amis, quelle joie de célébrer, dans Notre-Dame restaurée, la naissance de Jésus. Il est né le Divin Enfant. Gloria in excelsis Deo. Que la paix et la joie descendent sur le monde : Jésus-Enfant vient pour nous consoler et nous sauver. »
Théo est ému et heureux comme il ne l’a jamais été : parce qu’il a retrouvé son Grand-Père, parce que c’est Noël, parce que les Chrétiens du monde entier fête aujourd’hui la naissance de Jésus.
Pour mieux partager cette joie Théo veut passer sa petite main dans celle de son Grand-Père quand il s’aperçoit -c’est incroyable ! - qu’il tient toujours son étoile de papier.
– Grand-Père, Joyeux Noël ! Tiens, c’est pour toi !
C’est un Grand-Père, un peu amaigri, mais souriant et les yeux pétillants qui lui répond :
– Oh, une belle étoile du berger ! Joyeux Noël mon Théo !
– Mais comment es-tu venu jusqu’ici, demande Théo.
– C’est ton Papa qui est venu me chercher, mais cela a été compliqué, on t’expliquera…après la messe de Minuit !

FIN

Quatrième dimanche de l’Avent

Il était une fois Théo qui vivait à Paris, en 2024, et que tu connais bien maintenant ! Tu sais qu’il ne peut pas aller passer Noël, à la campagne, comme d’habitude, et que ses parents, eux, sont allés chez son Grand-Père sans le prévenir ! Et devine qu’elle est la seule explication qu’ils ont trouvée, quand, à leur retour, Théo leur avait dit qu’il savait où ils étaient allés sans lui ?
– C’estcompliquéont’expliquera !
Alors même si aujourd’hui c’est le premier jour des vacances, qui plus est, des vacances de Noël, Théo est bien triste. Et il serait resté assis toute la journée dans son salon, par terre, à côté de son petit sapin de Noël, si sa Maman n’avait pas eu l’idée de visiter Notre-Dame de Paris.
– La cathédrale vient juste de rouvrir après cinq années de travaux : Théo tu avais 4 ans la dernière fois que nous y sommes allés, tu ne dois plus t’en rappeler !
– Je veux bien aller voir tous les trésors dont Eric m’a parlé, avait répondu Théo, se souvenant du récit de la catastrophe que lui en avait fait le papa d’Olivia lors du week-end précédent.
Cependant, entrer dans Notre-Dame est plus facile à dire qu’à faire : c’est comme si tous les parisiens, mais aussi de nombreux touristes venus du monde entier, s’étaient donnés rendez-vous là, en ce mois de décembre 2024. Après une attente interminable, dans une file qui serpentait à travers tout le parvis, sous les regards sévères des statues des rois sculptées le long de la façade, Théo et ses parents arrivent enfin à franchir le seul des trois portails ouverts, pour entrer dans l’église.
A l’extérieur les bruits ne manquent pas : des vendeurs ambulants de souvenirs made in China interpellent les passants, les sonneries des téléphones des visiteurs retentissent et au loin les véhicules font entendre un vrombissement continu.
Au contraire, dans l’édifice, c’est le silence qui frappe d’abord Théo. A leur arrivée, les visiteurs sont éblouis et c’est tout juste s’ils osent pousser un « Oh » admiratif devant la beauté des lieux. Le jeune garçon serre encore plus fortement la main de ses parents. Pas par peur de se perdre -non Théo va bientôt avoir dix ans- mais parce qu’il est, lui-aussi saisi par la lumière qui inonde les murs de Notre-Dame : c’est comme si les pierres rayonnaient. Oubliée l’église sombre et poussiéreuse dont il avait un très vague souvenir.
– Est-ce les lances à eau des pompiers qui ont si bien nettoyé les murs, se demande Théo, se rappelant que le papa d’Olivia, lui avait expliqué comment les pompiers avaient arrosé les pierres pour éviter qu’elles n’éclatent sous l’effet de la chaleur de la charpente en feu.
Théo est tiré de sa rêverie par un des gardiens, qui gentiment, mais fermement leur dit :
– Avancez messieurs dames ! Ne bloquez pas la porte d’entrée, pensez à ceux qui attendent dehors dans le froid !
Alors ses parents l’entrainent vers la grande nef, la longue partie centrale de l’église. Un passage, entre deux immenses rangées de chaises, flambant neuf, permet de remonter vers l’autel. Mais il y a tellement de visiteurs avançant en rangs serrés qu’au milieu d’eux à cause de sa petite taille, Théo ne voit bien que le dallage sous ses pieds. Amusé par l’alternance de pierre noire et de pierre blanche, il essaie un moment de ne marcher que sur une seule des deux couleurs. Papa fronce les sourcils :
– Ne joue pas à la marelle, lui souffle-t-il.
– Asseyons-nous propose Maman, nous verrons mieux…surtout Théo !
Et à l’endroit exact où la flèche s’était effondrée, six ans plus tôt, ils s’assoient pour contempler le merveilleux bâtiment. Enfin le jeune garçon remarque, au-dessus de leur tête, les croisées d’ogives qui culminent à plus de trente mètres de hauteur, soutenues sur les côtés par des rangées de colonnes, de plus en plus fines, plus elles se rapprochent du sommet.
– Tout est neuf ? ose enfin demander Théo, en chuchotant.
– Oui et non, lui répond son père, la plupart de ces pierres datent du Moyen Age, Théo. Elles ont été taillées au XIIIe siècle. Et pendant les travaux les architectes et les maçons ont su leur redonner une seconde vie. Tout en ajoutant de nouvelles à la place des plus abimées : mais impossible de les distinguer des autres !
– Maintenant ajouta sa maman tout aussi émue, Notre-Dame peut rester debout les 800 prochaines années !
– C’est Maurice qui doit être content, dit Théo, se rappelant le reportage qu’il avait vu.
– Maurice ?
– Oui, Maurice de Sully, l’évêque qui a voulu la construction de Notre-Dame.
– Ah bien sûr lui répondit Maman, mais aussi Viollet le Duc qui entreprit des travaux au XIXe siècle pour la sauver !
– Après avoir lu le roman de Victor Hugo où l’écrivain imaginait qu’un pauvre bossu s’était installé dans les tours de Notre-Dame, précise Théo
– Tu connais Victor Hugo, s’étonne sa Maman
– Oui c’est le papa d’Olivia qui m’en a parlé dimanche dernier.
Mais leur conversation est interrompue par un homme, à genoux derrière eux :
– Chut, leur dit-il, nous sommes dans un lieu de prière !
– Oh, pardon monsieur.
Théo et ses parents se lèvent pour continuer à découvrir toutes les beautés de Notre-Dame. Arrivés dans le transept, ils entendent la voix d’une jeune femme qui les guide :
– Regardez, Mesdames et Messieurs, ces formidables rosaces. Et si on additionne tous les vitraux de Notre-Dame cela représente une surface de mille mètres carrés de verres colorés !
Pour suivre les explications de la guide, Théo, et toutes les personnes présentes dans le transept lèvent les yeux. Et là, ils contemplent, entre le sol et les voutes, au Sud, une rosace, retenue par de la dentelle de pierres. Théo entreprend d’identifier les dessins que les maîtres verriers ont tracés au Moyen Age, en même temps que la guide reprend ses explications
– Voyez c’est toute l’Histoire de l’Eglise qui est représentée. On peut y voir des prophètes de l’Ancien Testament avec leurs longues barbes, puis des saints et des saintes avec chacun leur auréole autour de la tête. C’est un livre d’images !
– Mais elle n’a pas été détruite par l’incendie ? se demande la foule autour de Théo.
– Heureusement non, répond la guide, mais il a fallu le travail patient de spécialistes pour les enlever, les nettoyer et tout remettre en place. C’est compliqué, je ne vous en dis pas plus !
Et voilà la guide pressée, qui quitte le transept, pour se diriger vers le déambulatoire de l’église, entraînant derrière elle la foule avide d’explications. Mais Théo a bien envie de rester là, pour regarder tous les détails de la rosace, alors il retient ses parents :
– Regardez, leur dit-il en montrant du doigt, là un mouton, des anges un peu partout et ici un dromadaire : c’est Noël ! Noël dans les vitraux !
– Oui tu as raison lui chuchote sa Maman, on dirait une crèche de Noël !
Mais la foule des visiteurs est tellement nombreuse qu’ils sont obligés d’avancer malgré eux.
Poussés par le flot des visiteurs, ils arrivent devant une magnifique statue devant laquelle tout le monde s’arrête. C’est une très belle jeune femme drapée dans un long manteau, coiffée d’une lourde couronne et tenant dans ses bras un enfant souriant.
– Je sais dit Théo, c’est Notre-Dame du Pilier ! Le papa d’Olivia m’a raconté comment elle a été retrouvée intacte après l’incendie ! C’est extraordinaire. Et il ajouta : tu te rends compte, elle n’a même pas reçu une goutte de plomb fondu !
Devant la statue qui attire tous les regards des centaines de petites veilleuses sont disposées. Témoignages de l’amour des visiteurs pour Marie et l’enfant Jésus.
Théo interpelle alors Caroline :
– Maman, allumons un cierge pour Grand-Père.
Très émue, Caroline se pencha vers Théo et lui répondit :
– Oui, tu as raison.
Elle fouille dans son sac et en sort une pièce de deux euros pour acheter une veilleuse colorée. En lui glissant la monnaie dans la main, elle ajoute :
– Demandons à Notre-Dame de guérir le cœur de Grand-Père, maintenant qu’il a été opéré. S’il pouvait sortir de l’hôpital pour Noël…

Fin de l’épisode
A suivre épisode 5 : l’étoile du berger

Le héros d’Olivia

Troisième dimanche de l’Avent

Il était une fois un jeune garçon qui vivait à Paris, en 2024. Mais tu le connais déjà : c’est Théo, oui Théo, qui était sur le parvis de Notre-Dame il y a quinze jours et qui, il y a une semaine, a regardé un reportage sur la charpente de la cathédrale avec ses parents. Tu te rappelles maintenant ? Et bien aujourd’hui le voilà devant la porte d’un appartement situé à l’étage d’un immeuble situé au fond d’une cour, comme il en existe des milliers dans la grande ville de Paris : devant la porte un paillasson multicolore annonce fièrement : « Bienvenue chez Sophie et Eric ». Justement Caroline, la Maman de Théo, parle avec Sophie :
– Comme c’est gentil de nous garder Théo ce week-end. Tu verras il a tout ce qu’il faut dans la valise : son pyjama, sa brosse à dents et des vêtements de rechange.
Théo n’aime pas quand Maman parle d’un ton trop joyeux et trop rapide, comme pour que la scène passe plus vite. Et effectivement, Théo se sent poussé fermement dans l’appartement inconnu avec une dernière recommandation.
– N’oublie pas de faire tes devoirs pour lundi !
Déjà la porte se referme derrière lui et Théo se retrouve seul face à Sophie qui lui sourit :
– Bienvenue chez nous Théo, lui dit gentiment l’amie de Maman et elle ajoute, tu verras tout va bien se passer. Je t’ai préparé la chambre d’amis, c’est par là. Viens, on va y poser tes affaires.
Théo a l’impression que ses jambes sont en coton, il arrive quand même à entrer dans la toute petite pièce où il va dormir les deux prochaines nuits. Deux nuits ! Cela lui semble une éternité ! C’est la première fois que ses parents le laissent pendant tout un week-end entier, avec comme seule explication :
– C’est un endroit où on doit aller mais où on ne peut pas t’amener c’est compliqué, on t’expliquera.
Voilà la phrase que ses parents n’ont cessé de lui dire toute la semaine -non ils la répètent depuis le début de l’Avent si tu te souviens bien- si bien que Théo a l’impression qu’ils la disent sans respirer entre les mots, comme on le ferait avec une formule magique : « c’estcompliquéont’expliquera ».
Théo a eu beau les interroger, et même prétendre que son sapin de Noël en pot va mourir si personne ne l’arrose pendant tout un long week-end, rien n’y fait : on est vendredi soir, ses parents, après avoir coupé le chauffage dans le salon -pour que le petit sapin n’ait pas trop soif-, l’ont déposé dans cet appartement.
– J’ai mis une grosse couette sur le lit, tu ne devrais pas avoir froid, annonce Sophie, maintenant je vais préparer le dîner. Olivia va venir te faire visiter l’appartement.
– Olivia ?
Alors que Théo se demande qui peut bien être cette Olivia, dont le nom n’est pas inscrit sur le paillasson dans l’entrée, elle apparait au bout du couloir. C’est une fillette, bien plus jeune que Théo, blonde, vêtue d’un jeans et d’un sweat rouge brodé de l’inscription Merry Christmas.
Le jeune garçon se rappelle à temps les conseils de politesse de sa Maman et il se retint de dire « Ah non ! Pas une fille ». A la place, il bredouille, d’une voix cassée, un :
– Salut !
– Bonjour Théo, répond-elle, viens dans le salon, je vais te montrer notre sapin de Noël.
Sur ce, elle disparaît au fond du couloir, et quelques instants après il aperçoit le reflet de lumières clignotantes qui scintillent. Théo avance prudemment dans leur direction. Effectivement il découvre un magnifique épicéa, dont la tête touche le plafond et qui brille des mille lumières d’une immense guirlande électrique : on aurait pu se croire dans la vitrine d’un grand magasin des Champs Elysées ! Olivia, très fière, explique le choix de ce sapin extraordinaire :
– C’est Papa qui a rapporté ce sapin. L’arbre est tellement grand qu’il ne logeait pas dans l’ascenseur, Papa a dû le porter, dans l’escalier, jusqu’ici. Vu du palier, c’était rigolo, on avait l’impression que le sapin montait tout seul ! Qu’il est fort mon Papa ! Et comme aujourd’hui c’est le 13 décembre, le jour de la sainte Lucie, nous avons décidé de ne le décorer qu’avec des lumières. Mais tout est sécurisé, Papa a vérifié l’installation…
Pendant qu’Olivia se lance dans des explications techniques et, il faut bien l’avouer, un peu ennuyeuses, sur la décoration du sapin, Théo remarque un objet insolite posé sur un buffet, de l’autre côté du salon.
Théo s’approcha doucement, captivé par…
– Mais oui s’exclame-t-il à haute voix, coupant sans s’en rendre compte la parole à Olivia, c’est un casque de pompier !
Le casque semblait attirer les lumières clignotantes des guirlandes, comme les flammes des incendies qu’il avait dû servir à combattre. Comme Théo lève la main pour toucher sa visière dorée, Olivia, plus rapide que lui, lui dit :
– Non, ne touche pas ! C’est le casque de Papa !
– Quoi, répliqua Théo, ton Papa est pompier ?
– Pompier de Paris, répondit fièrement la fillette, exactement. Et ça c’est le casque qu’il portait le 15 avril 2019, le jour de l’incendie de Notre-Dame !
– Ton Papa était à Notre-Dame, le jour de l’incendie ?
– Bien sûr ! Il a sauvé la cathédrale et les trésors qui se trouvaient à l’intérieur ! D’ailleurs regarde là, tu vois cette tache noirâtre ? Et bien c’est du plomb, le plomb des tuiles de Notre-Dame qui a fondu et dont une goutte est tombée sur son casque.
– Oh, dit Théo, ne trouvant pas d’autres mots pour dire son admiration.
– Oui, le plomb coulait par la bouche des gargouilles aussi vite que l’eau un jour d’orage. Mais comme mon Papa est très fort – la fillette insista beaucoup sur le très- il a réussi à passer entre les coulées brûlantes pour entrer dans la cathédrale.
– Il est entré dans l’église en feu !
Théo n’en revenait pas, il était dans l’appartement d’un des pompiers qui avaient sauvé Notre-Dame ! Mais Olivia continuait ses explications en faisant de grands gestes avec ses mains, comme si elle avait été présente cette nuit-là pour aider son père à manœuvrer les lances pour éteindre les flammes.
– Tu connais Notre-Dame ?
– Oui, j’y suis allé il y a quinze jours.
– Tu vois les deux tours sur le devant ? Eh bien mon Papa il est entré dans la tour Nord et il a arrosé les 8 cloches pour éviter qu’elles ne fondent, elles aussi !
– Attention, jeune homme, n’écoute pas trop Olivia, bientôt elle va te dire que j’ai croisé Quasimodo dans l’escalier de la tour et que Victor Hugo, lui-même, m’a dit où attaquer les flammes pour mieux les éteindre !
Théo était tellement captivé par le récit d’Olivia, qu’il n’avait pas entendu un homme de haute taille -presque un géant- entrer dans le salon. D’un coup, il se retrouve face à un héros qui avait sauvé Notre-Dame. Il en a le souffle coupé. L’homme se penche vers lui en souriant et il lui tend sa main :
– Bonjour Théo, alors c’est toi dont les parents sont partis pour un endroit où ils devaient aller …
– maisoùonnepeutpast’amenerc’estcompliquéont’expliquera, malgré lui Théo avait récité l’explication toute faite de ses parents. Cela eut comme effet de faire éclater de rire le géant.
– Allez bonhomme, viens avec nous sur le balcon, on aperçoit, de très loin, la cathédrale. Je ne me lasse pas de la regarder.
Il fait froid dehors, en ce soir de décembre, mais Théo oublie vite ce petit désagrément, en apercevant, au loin les deux tours blanches de Notre-Dame, mises en valeur par un magnifique éclairage. On aurait dit que le reste de la ville de Paris s’écartait pour les laisser resplendir.
A ce moment on entendit, au-dessus des bruits de circulation, une cloche retentir :
– Tu entends Théo, c’est le carillon de Notre-Dame qui annonce l’Angélus, et il ajoute en souriant : Quasimodo doit se boucher les oreilles tellement il sonne fort !
Théo ne répond rien, mais il n’en pense pas moins :
– Quelle chance se dit-il, je vais passer samedi et dimanche avec un héros !
A ce moment Olivia prend la main de Théo, et elle se hisse sur la pointe des pieds pour lui dire dans le creux de l’oreille ;
– Moi je sais où sont tes parents : ils sont partis voir ton Grand-Père.

Fin de l’épisode
A suivre épisode 4 : un cierge pour Grand-Père

La cathédrale de Maurice

Deuxième dimanche de l’Avent

Il était une fois un jeune garçon qui vivait à Paris, en 2024. Mais vous le connaissez déjà : c’est Théo, vous l’avez rencontré la semaine dernière dans le métro, au marché aux fleurs ou bien assis sur un banc sur le parvis de Notre-Dame. Aujourd’hui, il est chez lui, dans l’appartement de ses parents, au quatrième étage d’un immeuble situé au fond d’une cour, comme il en existe des milliers dans la grande ville de Paris. Le petit sapin de Noël est toujours là, ses jolies branches sont maintenant couvertes de guirlandes dorées et de décorations multicolores. Le petit épicéa, oublié au fond d’une boutique, est devenu un vrai sapin de Noël. Mais il a beau faire tous ses efforts pour sentir bon et être beau, il a bien du mal à redonner le sourire à Théo. C’est que le jeune garçon ne pourra pas aller passer la nuit de Noël chez son Grand-Père à la campagne, comme il en avait l’habitude depuis toujours, c’est-à-dire depuis huit ans. La semaine dernière, ses parents ont bien essayé de lui donner des explications raisonnables, mais face aux questions précises de Théo ils ont pris l’habitude de répondre par cette formule toute faite :
– C’est compliqué, on t’expliquera !
Tu en conviendras, cela ne veut rien dire du tout ! D’ailleurs Théo ne les comprend toujours pas. Du reste, là il est assis par terre, à côté du sapin, le dos contre le placard, à réfléchir encore à ce problème. Il se dit :
« D’accord Grand-Père est fatigué, mais je pourrais quand même aller le voir. Je ne ferai pas de bruit. Et s’il ne peut pas m’accompagner pour voir l’étoile du berger, dehors, à minuit, et bien j’irai seul et ensuite je lui décrirai ce que j’ai vu ! »
Théo imagine le grand jardin au milieu de la campagne, éclairé simplement par la lune et les étoiles, et les chants des oiseaux de nuit. Quand, tout à coup, que voit-il devant lui, au lieu du firmament ? Une chimère ! Oui la chimère de l’autre jour, celle qui est assise en haut d’une tour, le menton posé sur ses mains, et qui ricane en lui tirant la langue !
– Ah ça ce n’est pas possible, s’écrie Théo.
– Mais si, lui répond sa maman, tu te rappelles, nous l’avons aperçue quand nous sommes passés devant Notre-Dame.
– Moi, je ne l’ai jamais remarquée, ajoute Papa.

Théo se frotte les yeux, il ne s’est pas endormi, la chimère est bien présente, dans son salon, face à lui, en gros plan sur l’écran plat de la télévision ! C’est pourquoi ses parents la voient très bien eux aussi.
– C’est un reportage sur Notre-Dame de Paris, tu le regardes avec nous ? demande Papa, tout en montant le son à l’aide de la télécommande.
Intrigué, Théo se lève et il vient se glisser sur le canapé entre Papa et Maman.
Sur l’écran, la chimère s’éloigne, alors que la caméra, placée sur un drone, s’envole comme un oiseau. Bientôt, on découvre toute la cathédrale.
– Que c’est beau, s’exclame Théo.
– Écoute les explications, lui répond papa.
En effet une voix-off, accompagnée par une musique triomphale, raconte :
– 127 mètres de long, 40 de large, des dizaines d’arcs-boutants qui soutiennent les murs et permettent aux voûtes de culminer à 33 mètres de haut. Notre-Dame de Paris, chef-d’œuvre de l’art gothique, est fièrement implantée sur l’île de la Cité depuis plus de 900 ans.
Ce prodige d’architecture est le fruit de la volonté d’un homme, Maurice de Sully, qui à peine devenu évêque, a ordonné la construction d’une cathédrale dont le nom serait Notre-Dame. C’était au cœur du Moyen Age, en 1160, à quelques jours de Noël, il y a 864 années.
Théo regarde très attentivement l’immense vaisseau de pierres. Maintenant la caméra redescend, la toiture grise, faite de lourdes plaques de plomb se rapproche. Puis dans un fondu-enchaîné, le spectateur quitte les toits pour découvrir la charpente : la voix off reprend :
– Nous voilà entre les chevrons, les fermes et les arbalétriers de la charpente de Notre-Dame. 1200 chênes ont été nécessaires pour rebâtir ce que les architectes appellent « la forêt de Notre-Dame. »
La voix se tait et la caméra avance pour nous faire découvrir l’immensité de la charpente.
– On se croirait vraiment dans une forêt, murmure Maman.
Théo jette un œil à son sapin de Noël qui lui paraît encore plus petit à côté des chênes de Notre-Dame.
Sur l’écran un homme vêtu d’une combinaison de travail et d’un casque de chantier apparaît. Son nom et sa fonction s’affiche en bas de l’écran : Léonard, compagnon-charpentier. La voix-off reprend :
– Une soixantaine d’artisans ont œuvré ici pour tout rebâtir avec les techniques de la fin du Moyen Age. Chacun a gravé sa marque sur l’un des chevrons, comme leurs lointains ancêtres du XIIe siècle l’avaient fait avant eux.
La caméra, en suivant la main du charpentier, fait un agrandissement alors sur quelques entailles creusées dans le bois.
– Oh, c’est une souris, reconnaît Théo.
Sur l’écran le jeune charpentier conclut :
– Jamais je n’oublierai un tel chantier : c’est le plus beau de ma vie !
Le reportage s’achève sur une vue de Notre-Dame, de nuit. Les pierres blanches des murs diffusent comme une douce lumière. Et, tout en haut de la flèche, bien au-dessus de la charpente et de la toiture, un spot éclaire un coq doré : cette sculpture traditionnelle en haut des églises de France, brille comme une étoile.
– C’est comme une étoile murmure Théo. Le jeune garçon détache alors ses yeux de l’écran et regarde, en souriant son sapin de Noël.
Une idée germe dans sa tête. Mais, chut, il est encore trop tôt pour en parler à ses parents !

Fin de l’épisode
A suivre : épisode 3 : LE HÉROS D’OLIVIA

Le petit sapin de Noël de Théo

Premier dimanche de l’Avent

Il était une fois un jeune garçon qui vivait à Paris, en 2024. Si tu as pris le métro aujourd’hui, tu l’as peut-être croisé. Théo - c’est son nom - est descendu station Saint-Michel, accompagné de Caroline, sa maman. Ensemble ils ont hésité un peu entre différentes directions, puis ils se sont engouffrés dans une rame de la ligne 4 pour descendre à l’arrêt suivant, au cœur de l’île de la Cité. De là, ils sont allés au marché aux fleurs : tu connais ? Une petite place, à deux pas de la Seine, bordée de boutiques remplies de bouquets de fleurs multicolores, en toute saison. Caroline, la maman de Théo, aime beaucoup venir s’y promener. C’est pourquoi elle a dit à Théo :
– Cet après-midi nous allons choisir un sapin au marché aux fleurs !
– Chouette, s’est écrié Théo, c’est bientôt Noël !
Mais choisir un sapin de Noël n’est pas si facile :
– Trop grand, a dit Caroline en regardant celui qu’une vendeuse leur proposait.
– Trop petit, a dit Théo devant celui choisi par sa Maman
– Pas assez de branches !
– Pas assez d’aiguilles !
Enfin, après plus d’une demi-heure de recherches, Théo et Caroline se sont mis d’accord sur un joli petit épicéa, dissimulé derrière deux gros douglas !
– Regarde, s’est écrié Théo en le montrant du doigt.
– Nous prenons celui-là, a dit Maman en le voyant.
– Excellent choix, a dit la vendeuse, et en plus, comme il est en pot vous pourrez le replanter, si vous avez un jardin.
– Chouette, a dit Théo, Grand-Père pourra le mettre devant sa maison et on le redécorera à chaque Noël !
– Ah, a dit simplement Maman en sortant sa carte bleue.
Rapidement la vendeuse a emballé le petit sapin dans un joli papier doré, et elle l’a mis dans les bras de Maman en disant :
– Passez un joyeux Noël ! Et elle s’est vite précipitée vers d’autres clients, car elle a encore beaucoup, beaucoup d’autres sapins à vendre. Mais ce n’est pas grave, car Théo et sa Maman sortaient de la boutique.

Une fois dans la rue le jeune garçon a demandé :
– Maman, pourquoi as-tu fait « ah », quand j’ai dit que Grand-Père pourrait planter notre sapin dans son jardin ?
Maman ne semblait pas avoir envie de répondre : elle a incliné la tête et elle s’est mise à marcher, très vite. Comme il y avait de nombreux passants dans la rue, Théo veillait à rester bien à côté d’elle. En un clin d’œil, ils avaient quitté le marché aux fleurs pour se retrouver sur le parvis de Notre-Dame. Théo ne put s’empêcher de pousser un « Oh » d’étonnement. Il ne se rappelait plus que la cathédrale de Paris se trouvait si près du marché aux fleurs. Sa maman ralentit son allure, jusqu’ à s’arrêter complétement. Elle était là, son petit sapin de Noël dans les bras, la tête tournée vers la belle église toute blanche. Il n’y avait pas que la maman de Théo qui contemplait la cathédrale : c’est comme si les hautes tours étaient des aimants pour les yeux de tous les passants. Il faut dire qu’en ce premier samedi du mois de décembre, les pierres blanches de la grande église semblaient illuminer la grisaille brumeuse qui flottait au-dessus de Paris.
Caroline entraîna Théo vers un banc, où elle s’assit en posant le petit sapin sur ses genoux, comme s’il était un objet fragile. Doucement elle dit :
– Théo, cette année nous n’irons pas chez Grand-Père pour Noël.
– Nous n’irons pas chez Grand-Père pour Noël répéta, incrédule, le jeune garçon.
– Non, cette année Grand-Père…Il y eu un silence pesant puis Maman se lança dans une longue explication, avec beaucoup de « c’est-à-dire, enfin, c’est compliqué, tu comprends ».
Mais Théo ne comprenait pas : chaque Noël, depuis toujours, c’est-à-dire depuis huit ans, il avait toujours été, le 24 décembre, dans la maison de son Grand-Père, à la campagne, loin de Paris. Et, à chaque réveillon, Théo et son Grand-Père allaient dans le jardin admirer l’étoile du berger.
– Ce n’est pas possible se dit-il, Maman aura mal compris, Grand-Père ne peut pas passer Noël sans moi ! Et depuis Paris on ne peut pas voir l’étoile du berger !
La lèvre inférieure de Théo se mit à trembler toute seule. Alors devant lui Notre-Dame devint un peu floue. Tout en haut d’une des deux tours une chimère, assise, le menton posé sur ses mains, le regarda en ricanant et en lui tirant la langue ! C’en était trop pour Théo : il ne put plus retenir ses pleurs. Si même les statues se moquaient de lui…
Un groupe de pigeons s’envola entre les jambes des promeneurs et vola entre lui et les tours de Notre-Dame. Théo eut l’impression que les oiseaux formaient un ballet comme pour effacer la chimère impolie.
Du coup Théo fixa son attention sur les grands rois qui décorent le premier étage de la façade : il lui sembla que les statues se mettaient à bouger. Ce sont des rois majestueux, vêtus de longues robes, comme les hommes du Moyen Age. Avec leur sceptre à la main et leur couronne sur la tête, ces rois de pierre sont beaucoup plus sérieux que les chimères : eux ils ne se préoccupent pas des touristes qui les photographient en les montrant du doigt. Mais ils se tournent les uns vers les autres, comme s’ils conversaient entre eux. Soudain Théo eut l’impression de les entendre :
– Regardez ce garçon, là, assis sur ce banc.
– Lequel, celui qui court après un ballon ?
– Non, celui aux cheveux ébouriffés, juste à côté d’un petit sapin.
– Eh bien pourquoi est-il triste alors que Noël approche ?
– C’est qu’il ne pourra pas aller chez son Grand-Père, comme les autres années !
– Pourquoi ? Il a été polisson ?
– Sans doute ! C’est une punition de rester à Paris !
– Pour sûr ! Nous en savons quelque chose, nous qui sommes accrochés à cette façade depuis plusieurs siècles ! Ce petit doit être un bien mauvais garçon !
– Non, s’écrie Théo en regardant les rois de pierre : j’ai été sage !
Maman a sursauté ! Elle serra contre elle Théo, et elle lui murmura :
– Bien sûr que tu as été gentil mon chéri, mais Grand-Père n’a pas le choix. Et elle reprit ses explications compliquées. Pendant ce temps-là, les rois reprirent leur conversation :
– Arrêtez de raconter n’importe quoi, se fâcha un roi à longue barbe.
Un plus jeune hocha la tête et il ajouta :
– Écoutez ce que lui dit sa maman : elle essaye de le consoler.
Effectivement Maman disait :
– Je sais que tu es triste, mais Grand-Père n’a pas le choix. C’est compliqué, on t’expliquera.
Théo, maintenant serré contre sa mère, se retrouva la tête dans les branches du petit sapin. Sa bonne odeur de résine et de sous-bois lui rappela les feux de cheminée que Grand-Père ne manquait jamais de préparer les soirs de Noël. Pendant ce temps des mots désagréables tombaient des lèvres de Maman :
– Repos… hôpital… chirurgien…
Théo ressentait la gravité de la situation, plus qu’il ne la comprenait. Un roi, celui, là-haut, tout au bout de la file lui sourit. Le jeune garçon sécha ses larmes. Et il osa dire :
– Maman, il nous reste 23 jours avant Noël : on va trouver une solution !
Sa maman le regarda en souriant malgré ses yeux rougis. Elle serra encore plus fort le petit sapin de Noël dans ses bras et elle se leva :
– Rentrons à la maison, la nuit tombe, Papa doit nous attendre.
Autour d’eux les décorations de Noël s’étaient allumées les unes après les autres. Là-haut la chimère était cachée par la nuit. En quittant le parvis Théo eut l’impression que les statues des rois l’encourageaient du regard.
Dans les rues de Paris les passants se hâtaient vers les arrêts de bus et les bouches de métro, les bras chargés de cadeaux et de sapin.

Arrivés dans leur appartement Maman fut contente de poser, enfin, son petit sapin. On trouva juste une petite place pour lui dans le salon, mais loin du radiateur pour qu’il n’ait pas trop chaud. Et Théo l’arrosa un peu : il fallait que le petit sapin se sente bien pour attendre Noël !

A cet instant, la sonnerie du téléphone de Maman retentit, en découvrant l’écran un sourire vint illuminer son visage :
– C’est Grand-Père, dit-elle en décrochant !
– Chouette, s’écria Théo, il a sûrement changé d’avis pour Noël ! J’en étais sûr. Et il ajouta en se tournant vers le petit sapin : tu verras le jardin de Grand-Père est extra !

Fin de l’épisode. A suivre épisode 2 : LA CATHÉDRALE DE MAURICE

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