Extraits de l’homélie de Mgr Jean-Yves Nahmias, mercredi des cendres 2012

« Le carême, temps de conversion au Christ pour être de vrais témoins du ressuscité. » Mercredi des cendres, 22 février 2012, Saint-Louis d’Antin.

1ère lecture : Jl 2, 12-18
2e lecture : 2 Co 5, 20-21 ; 6 1-2
Évangile : Mt 6 1-6. 16-18

En ce début de carême, avec onze autres villes d’Europe, le diocèse de Paris est engagé dans "Mission métropoles", une grande mission vécue ensemble pour donner un signe fort en Europe qui dit la mobilisation des catholiques pour annoncer la vie qui vient du Christ. A Paris, le point d’orgue de cette mission sera le week-end des Rameaux, avec de nombreuses animations festives, spirituelles et conviviales autour de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il est très stimulant de mettre en perspective le carême qui commence avec cette mobilisation missionnaire.

Nous marchons vers Pâques. L’enjeu de ces quarante jours qui s’ouvre devant nous : être plongés dans le mystère pascal, accueillir pleinement la nouvelle inouïe de la résurrection du Christ afin d’être envoyés en mission comme témoins du Christ ressuscité. Dans l’Évangile d’aujourd’hui sont mis en valeur la prière, l’aumône – la charité et le service. Ce ne sont pas d’abord des exercices de pénitence, mais l’expression du lien vital qui nous unit à Dieu le Père : "Ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra".

L’Évangile que nous venons d’entendre semble nous mettre devant un paradoxe surprenant. Le Christ insiste fortement pour que nous ne mettions pas en scène notre relation avec "le Père" :
 "Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite afin que ton aumône reste dans le secret."
 "Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte..."
 "Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête... ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes."
Alors ne faudrait-il pas rendre secrète notre foi, seulement connue du "Père" ? On voit bien l’impasse d’une telle interrogation. On pourrait objecter que le carême est le temps de l’intériorité et que nous devrions donc différer le temps du témoignage.

La mission n’est pas la mise en scène de nos œuvres, mais le jaillissement de notre foi : "Faire connaître l’amour du Père".

Qu’est-ce qui évangélise ? Ce ne sont pas des stratégies de communication ou des techniques de marketing. Ce qui évangélise, c’est notre union intime, personnelle, avec le Christ qui se rend visible à nos proches par nos actes, nos paroles et notre charité inventive. Ainsi, l’enjeu du carême, c’est notre conversion au Christ afin que nous lui ressemblions davantage. Ce qui évangélise, c’est le lien vital qui nous unit au Seigneur et qui se devine par l’unification de notre vie et par le don libre de nous-mêmes. C’est donc bien notre conversion à la suite du Christ qui rend témoignage au Seigneur.

Ainsi, nous sommes témoins du Christ dans la mesure où nous nous convertissons à la Bonne Nouvelle, où nous devenons les premiers bénéficiaires de l’Evangile que nous annonçons. De plus, n’oublions pas que le sommet de la charité est de montrer la source de la charité : le Christ. Ainsi, le carême est comme une stimulation à la fois à la conversion et à la mission.

Mes amis, bon carême à chacun. "Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle et annoncez la victoire du Christ sur la mort."

Amen

+ Jean-Yves Nahmias
Évêque auxiliaire de Paris

Rameaux 2012 : Mission métropoles

La Nouvelle Évangélisation