Cardinal Angelo Scola : l’évangélisation et l’espérance chrétienne

Extrait de la réponse du cardinal Angelo Scola à une question de l’assemblée, à la suite de sa conférence de Carême : « Éthique chrétienne et vie en société ? »

Question : Une grande part de nos difficultés ne vient-elle pas d’un manque d’espérance ?

Lorsque l’on parle d’espérance, comme lorsque l’on parle de joie ou d’amour, le premier mot qui vient à l’esprit, n’est pas le mot ‘devoir’. Nietzsche avait beau dire : « Je serai disposé à croire aux chrétiens s’ils avaient un peu plus le visage du Ressuscité », mais la joie ou l’espérance, je ne peux me les donner de moi-même. Je ne peux que recevoir la surprise de l’espérance. Et j’ai besoin de rencontrer quelqu’un, dans une relation vivante, qui m’ouvre à cette espérance.

C’est une vraie question dans un monde où la solution devant les difficultés, pour une grande partie de nos frères, parait être la résignation béate. Là où s’installent la dépression, la mélancolie ou la tristesse, j’ai un besoin indispensable de quelqu’un qui m’ouvre, d’un autre qui entre en relation avec moi. Mais de même, celui qui m’ouvre a été à son tour mu par un autre. C’est la fascinante logique de l’incarnation que le christianisme déploie depuis 2000 ans. [« Qui vous accueille m’accueille, dit le Christ aux douze, et celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé » (Mt 10, 40)]. C’est la logique de l’eucharistie : le Christ est rendu contemporain à ma liberté, aujourd’hui il me rencontre et me touche.

Je suggère souvent aux gens qui ont reçu le baptême enfant de chercher le moment de leur propre histoire où leur baptême est devenu signifiant. C’est toujours à travers une rencontre concrète avec quelqu’un qui leur a communiqué le Christ vivant, le Christ contemporain, qui a actualisé leur baptême. Cette forme de rencontre est le moyen de sortir de la dépression, de la mélancolie, des contradictions de notre temps, de la lassitude du chômage, de l’inquiétude d’un style de vie futur moins confortable. Et toutes ces difficultés peuvent ainsi être l’occasion de rencontrer concrètement une vie qui porte en soi l’espérance, et pas seulement l’espoir. C’est le beau passage de saint Paul dans lequel il dit : « Soyez joyeux dans l’espérance » (Rm 12, 12).

Que serait notre vie personnelle, ta vie, ma vie, notre vie, si nous n’avions pas eu la grâce de rencontrer (non par nos mérites mais comme pure grâce) le Christ dans l’Église ? Que serait notre vie sans cette possibilité offerte d’une espérance dans la joie ? Donc, si on possède cela, on le communique. La mission n’est pas une question de stratégie. Ce n’est pas une technique. Il ne faut pas rester dans cette attitude que je vois souvent dans nos communautés et qui consiste à dire : « Nous sommes ennuyés car nous étions nombreux, mais maintenant beaucoup sont partis. Essayons d’inventer une stratégie pour rejoindre ceux qui se sont éloignés ». Ce n’est pas la logique du christianisme. Ce n’est pas cela la mission. La mission c’est l’explosion pleine de gratitude d’un style de vie que j’ai gratuitement reçu. Le christianisme ne cherche pas une hégémonie, il est libre vis-à-vis des résultats. Il repart toujours de l’origine : l’événement du Christ qui m’a touché et qui continue de changer ma vie.

Dimanche 26 février 2012 – 1e dimanche de carême
En la cathédrale Notre-Dame de Paris
Débat diffusé sur KTO suivant la conférence de Carême du Cardinal Angelo Scola intitulée « Éthique chrétienne et vie en société ? »

 Lire ou revoir la conférence de Carême.

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La Nouvelle Évangélisation