Lettre aux personnes âgées

Lettre du pape Jean-Paul II le 1er octobre 1999.

A mes frères et sœurs âgés !

Le nombre de nos années ? soixante-dix,
quatre-vingts pour les plus vigoureux !
Leur plus grand nombre n’est que peine et misère ;
elles s’enfuient, nous nous envolons (Ps 90 [89], 10)

1. Soixante-dix ans était un grand âge à l’époque où le Psalmiste écrivait ces mots, et peu nombreux étaient ceux qui allaient au-delà ; aujourd’hui, grâce aux progrès de la médecine et à toutes les améliorations des conditions économiques et sociales, dans beaucoup de régions du monde la durée de la vie s’est considérablement allongée. Il reste toujours vrai, cependant, que les années passent vite ; le don de la vie, malgré la peine et la misère qui la marquent, est trop beau et trop précieux pour que nous puissions nous en lasser.

Âgé moi aussi, j’ai ressenti le désir d’engager le dialogue avec vous. Et je le fais avant tout en rendant grâce à Dieu pour les dons et les faveurs qu’il m’a accordés en abondance jusqu’à aujourd’hui. Je revois en pensée les étapes de mon existence, qui s’entremêle avec l’histoire d’une grande partie de ce siècle, et je vois affleurer les visages d’innombrables personnes, dont quelques-unes me sont particulièrement chères : les souvenirs d’événements ordinaires et extraordinaires, souvenirs de moments de joie et d’autres marqués par la souffrance. Mais surtout je vois se tendre la main providentielle et miséricordieuse de Dieu le Père, qui “ prend le plus grand soin de tout ce qui existe ” et qui “ nous écoute, si nous demandons quelque chose selon sa
volonté ” (1 Jn 5, 14). A Lui, je dis comme le Psalmiste : “ Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, jusqu’à présent j’ai proclamé tes merveilles. Au jour de la vieillesse et des cheveux blancs, ne m’abandonne pas, ô mon Dieu, et je dirai aux hommes de ce temps ta puissance, à tous ceux qui viendront tes exploits ” (Ps 71 [70], 17-18).

Ma pensée se tourne avec affection vers vous toutes, chères personnes âgées de toutes langues et de toutes cultures. Je vous adresse cette lettre au cours de l’année que l’Organisation des Nations unies a voulu opportunément consacrer aux personnes âgées, pour attirer l’attention de toute la société sur la situation de ceux qui, en raison du poids des ans, doivent souvent affronter de multiples et difficiles problèmes.

Sur ce thème, le Conseil pontifical pour les Laïcs a déjà présenté toute une série de précieuses réflexions. Par la présente lettre, je voudrais seulement vous exprimer ma proximité spirituelle dans l’esprit de celui qui, année après année, sent croître en lui une compréhension toujours plus grande de cette étape de la vie et qui éprouve donc le besoin d’un contact plus immédiat avec ses contemporains, pour s’entretenir de ce qui constitue l’expérience commune, plaçant tout sous le regard de Dieu, qui nous enveloppe de son amour et qui, par sa providence, nous soutient et nous conduit.

 Lire la lettre du pape Jean-Paul II aux personnes âgées.

Jean-Paul II