Marie, humble servante

Paris Notre-Dame du 20 décembre 2012

Bercée par le rosaire récité en famille dès sa plus tendre enfance, Marie Germanos voue depuis toujours à la Vierge – sa sainte patronne –, une grande admiration. C’est avec celle qui a dit oui, qu’elle a préparé la fête de l’Incarnation, ce mois-ci.

« Qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie. »

© Ariane Rollier

Assise à la table d’un café à la station Gambetta, foulard rouge autour du cou, Marie, cheveux noirs et regard perçant, patiente avant son rendez-vous. « C’est le temps de l’attente : ne sommes-nous pas dans l’Avent ? », fait-elle valoir calmement. Nul doute que cette Française d’origine libanaise, dont se dégagent solidité et maturité, a la foi. Une foi qui l’habite depuis son enfance passée en Guinée Conakry avec ses parents et ses trois frère et sœurs, et « qui ne l’a jamais quittée ». Une foi qui l’a structurée et qui aide aujourd’hui cette femme à la retraite à affronter les vicissitudes de l’existence. « Quand je suis arrivée à Paris en 1974, car j’avais une opportunité de travail dans l’entreprise d’import-export que montaient des amis, je me suis installée dans le 20e arrondissement. Mais j’allais à la messe à St-Louis d’Antin (9e) ou au foyer franco-libanais (5e). Ce n’est qu’un jour, comme j’étais un peu en retard, que je suis allée à N.-D. de Lourdes, l’église voisine : j’ai alors été profondément touchée par l’homélie du vicaire. J’ai eu envie d’y retourner, et c’est ainsi que je me suis peu à peu engagée dans la paroisse », explique la membre du conseil paroissial des affaires économiques qui ne compte ni son temps à l’accueil, ni au secrétariat de l’aumônerie. Coïncidence heureuse ou hasard providentiel, Marie s’est en tout cas immédiatement « sentie bien » dans cette « grotte » confiée au patronage de la mère du Christ, dont elle porte le prénom. « Pour moi, Marie est à la fois une amie, une confidente, un soutien », livre sans détour cette femme, humble et généreuse.

Une amie à qui tout confier

Une amie à qui elle confie ce qui l’habite, jour après jour, à travers le chapelet qu’elle récite dans la rue ou la bougie qu’elle allume au pied de la statue à l’entrée de sa paroisse : « Je lui dis : “toi qui sais ce dont j’ai besoin, aide moi !” » Une prière simple, mais fidèle, comme l’a été la Vierge à la mission que Dieu lui a confiée. « Je sais qu’elle m’écoute, même si elle ne me répond pas toujours tout de suite ou qu’elle me propose un plan B », confie-t-elle avec sérieux. Que ce soit au sujet de soucis de santé de proches ou de problèmes matériels qu’elle a pu rencontrer dans sa vie, Marie a toujours su les dépasser, se sentant soutenue par la Vierge. « Nous lui devons tout !, lance-telle d’ailleurs comme une évidence, en acceptant d’être la mère du Christ, en accompagnant les moments importants de sa vie, des noces de Cana à la Crucifixion, la Vierge a manifesté son amour pour chacun de nous. » Ce qui la marque le plus chez Marie, elle qui se dit « révoltée », c’est sans doute « sa confiance en Dieu, à qui elle dit toujours oui, notamment lors de l’Annonciation ». Car pour cette aînée de famille battante, engagée localement dans un parti politique depuis plus de trente ans, le monde est plein d’injustices qui la privent d’une certaine sérénité. C’est seulement lorsqu’elle se tourne vers la Vierge qu’elle trouve l’apaisement. Ce qui la touche aussi beaucoup, c’est « l’humilité de la mère de Dieu qui, en accouchant dans une étable, s’est mise à la portée de tout le monde ». Un mystère qu’elle médite particulièrement en ce temps de l’Avent, devant la simplicité de la crèche « dont émane l’amour », et qu’elle aime partager d’une façon toute maternelle avec les cinq neveux dont elle s’est toujours occupée. • Ariane Rollier

Année de la Foi (2012-2013)

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