Maryse : la croix, ce guide

Paris Notre-Dame du 17 janvier 2013

Devenue veuve très jeune, Maryse, 83 ans, aujourd’hui grand-mère
de quatre petits-enfants, témoigne d’un parcours de vie guidé par une méditation toute personnelle de la croix.

« A souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. »

© Laurence Faure

Il y a les aviatrices pionnières du XXe siècle comme Maryse Bastié ou Maryse Hilsz et puis il y a Maryse, 83 ans, paroissienne de St-Charles de Monceau (17e)…« Mon père a très vite remplacé mon prénom de baptême – Marie-Louise – par ce diminutif, en hommage à ces aviatrices qu’il admirait. » Son ton vif contraste avec son regard bleu rendu presque rêveur à l’évocation de ses souvenirs. Si cette femme énergique n’a pas suivi la voie du ciel malgré son goût pour l’aviation, on lui conserverait bien l’adjectif de « pionnière », tant elle parle de la vie avec foi, malgré la mort, qui l’a approchée très tôt.

Se résigner ou choisir

1942. Maryse a 12 ans. Sous ses pieds, il y a la cave voûtée humide de la maison familiale du Creusot, au ventre, elle descend se protéger des bombardements avec ses parents. La même peur indicible survient quelques temps après la fusillade de ses cousins résistants par l’armée allemande. « Nous étions persuadés qu’après eux, ce serait notre tour. Mais quand c’est pas l’heure, c’est pas l’heure », claironne la petite voix sûre teintée d’un imperceptible roulement du « r », propre à l’accent bourguignon. À cette époque, une certitude se profile déjà : « En 1941, lors de ma communion solennelle, je me souviens très bien avoir dit, la main posée sur l’Évangile, cette phrase qui m’a marquée à vie : « Je renonce à Satan et à ses œuvres et je m’attache à Jésus, pour toujours. J’étais dans la main du Seigneur, quoiqu’il arrive ». Une disposition qui ne la quitte pas dix ans plus tard, alors que la mort emporte son mari bien trop tôt, deux ans à peine après leur mariage, la laissant seule avec ses deux filles en bas âge. Un déchirement. « Je n’imaginais pas que je puisse être si malheureuse, raconte Maryse. Pourtant, je crois pouvoir affirmer que je n’ai jamais été révoltée contre Dieu. » C’est l’image de Marie, debout, au pied de la croix qui l’a fait tenir : « Elle m’a aidée à passer de la résignation au choix, plein et entier, d’appartenir à Dieu plutôt qu’à la mort. Malgré elle, je continuais à être mère et épouse. »

Abandon

Un chemin d’abandon s’est donc ouvert pour cette jeune mère guidée par une « Main » qui ne l’a jamais lâchée ; par le biais aussi de rencontres étonnantes et providentielles. Citons seulement celle de Marthe Robin et « sa petite voix pacifiante », qui l’a « remise en confiance » et poussée à reprendre ses études à Lyon, avant qu’elle ne s’installe à Autun comme professeur de biologie. « Quand je regarde tout le chemin parcouru, je constate avec émerveillement la façon dont le Seigneur a tissé le fil de ma vie », affirme paisiblement cette grand-mère de quatre petits-enfants. Le sens de cette succession de croix et de “renaissances” ? Elle le trouve justement dans le passage du Christ au séjour des morts. « C’est quelque chose que j’ai découvert encore il y a peu, explique-t-elle. Le Seigneur est descendu aux enfers, rachetant ainsi tous les pécheurs, même ceux morts avant sa Passion. Ce faisant, il a pris la mort sur lui, il l’a tuée pour ainsi dire. » Et d’ajouter : « Ce qui signifie que ne nous sommes pas faits pour y rester mais pour contempler Sa lumière. » Une certitude qu’elle résume autrement : la mort n’est jamais vainqueur. Et à voir la fraîcheur de cette dame, doublée de sérénité, on est même tenté de se dire qu’il s’agit là d’un véritable élixir de jouvence. • Laurence Faure

Année de la Foi (2012-2013)

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