Marie : le choix de vivre
Paris Notre-Dame du 14 février 2013
Qui dit Résurrection, dit passage de la mort à la vie. C’est bien une traversée de la nuit qu’a vécue Marie : au plus profond de sa dépression, elle a rencontré le Christ. Depuis sa conversion, la jeune femme s’est donné pour ligne de conduite de vivre, jour après jour, en ressuscitée.
« Le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant. »
Elle a les coudes fermement posés sur la table pour raconter son histoire. Des cheveux de Marie-Madeleine, un regard paisible, une présence sûre. Avec pudeur, Marie dresse un rapide état des lieux d’un passé marqué par une fragilité, un malêtre intérieur qui la renfermait et lui coupait l’appétit. « Au milieu de mes problèmes, j’étais en quête spirituelle, introduit la jeune femme avec gravité. Ma mère, bien que baptisée et animée d’une vie de prière sincère, ne m’avait pas transmis la foi de l’Église. » En 2010, une de ses sœurs demande le baptême, après une conversion fulgurante. Bien qu’interpellée, Marie ne comprend pas la démarche. Après un séjour de quatre mois dans un foyer pour jeunes en recherche de spiritualité, elle tombe au fond de l’abîme : « Cette expérience a fini de me détruire. J’avais quitté mon travail, ma famille, mes amis. J’étais sans repères. Une nuit, j’ai eu envie de me laisser mourir. »
Relevée des ténèbres
Ce lâcher prise intérieur, le Seigneur s’en sert pour la relever. « Alors que je m’enfonçais dans un chemin de perdition où la vie n’avait aucun sens et où tout devenait souffrance, une lumière est entrée dans mes ténèbres », relate Marie dans sa lettre de baptême. Un jour, après son retour du foyer, la jeune femme entre dans l’église de son quartier, St-Germain des Prés, et s’assied. Nous sommes un vendredi saint, mais elle n’en sait rien. « Je suis restée sur ma chaise dans un silence si profond qu’il me semblait que le temps s’était arrêté, murmure sa voix chargée d’émotion. J’avais l’impression d’être dans un endroit protégé, là où j’aurais toujours dû être et où l’on m’attendait. J’avais la curieuse impression que ce que je cherchais était là et qu’il me fallait le découvrir. » À la sortie de l’église, elle n’est plus tout à fait la même. Comme la bien-aimée du Cantique des Cantiques, à laquelle elle aime se comparer, elle s’écrie, enfin libérée : « J’ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l’ai saisi et ne le lâcherai point » (Ct 3, 4).
Une route de ressuscitée
Rapidement, elle se confie à sa sœur fraîchement convertie qui l’initie à la prière. Commence alors un chemin vers le baptême et la vie d’enfant de Dieu. « Quand on découvre que le Christ nous aime,on sait qu’on doit vivre pour lui », ajoute la jeune baptisée. Elle avoue ainsi avoir choisi de lutter contre le découragement et d’accueillir la vie en trouvant sa nourriture chaque jour dans l’eucharistie. « Je fais de ce rendez-vous une action de grâce, reprend-elle. Dans ma nouvelle vie de baptisée, je réalise que j’ai été sauvée sans avoir rien mérité. C’est la place donnée au Seigneur qui change ma vie. Lui seul peut, même à travers mes mauvais penchants, me permettre de donner du fruit. » Chez cet être volontaire, cette transformation s’exprime aussi en actes : non seulement en décidant de se nourrir correctement mais aussi à travers son activité quotidienne. Auparavant engagée dans le milieu de la mode, Marie utilise aujourd’hui son talent en illustrant un catéchisme pour enfants et en collaborant à un projet de dessin animé sur des personnages bibliques. Un moyen de partager sa foi avec des jeunes et d’exprimer sa joie de vivre reçue au baptême. • Agnès de Rivière