Qui sont les migrants ?
Paris Notre-Dame du 12 janvier 2012
P.N.-D. - Le 15 janvier aura lieu la 98e Journée mondiale du migrant et du réfugié, organisée chaque année depuis 1914 à l’initiative de l’Église catholique. Quel en est l’enjeu ?
Brigitte Staub – L’objectif est d’interpeller les chrétiens pour qu’ils s’ouvrent aux questions que soulève la présence des migrants et des exilés chez nous. Les mots « migrant » et « réfugié » recouvrent une réalité large, qui peut prêter à confusion et qui n’est pas toujours claire dans les esprits. Du « migrant national », déplacé des Antilles à Paris pour travailler au “réfugié climatique” (42 millions dans le monde en 2010), en passant par le « migrant international » parti pour des raisons économiques ou politiques, ces personnes sont d’une grande diversité d’âge, de situations et de convictions religieuses. Quoiqu’il arrive, ce sont des personnes fragilisées par leur déplacement, la plupart du temps en situation de détresse matérielle et morale – comme le réfugié débarqué ce matin à Paris ou les familles d’origine immigrée dont on perpétue l’exclusion alors même qu’elles ont la nationalité française. C’est sur cet aspect que notre regard de chrétiens est invité à se pencher. Sans pour autant nier la complexité des problématiques politiques, sociales et éthiques que soulèvent les migrations, chacun peut se poser cette question : il y a, à Paris [1], autour de moi, nombre de situations de détresse liées au phénomène migratoire : comment y répondre à la lumière de l’Évangile ? Comme le rappelle Mgr André Vingt-Trois, il s’agit de ne pas perdre de vue les droits élémentaires auxquels a droit toute personne humaine.
P.N.-D. - Benoît XVI nous invite à réfléchir cette année sur le thème : « Les migrants et la nouvelle évangélisation »…
Brigitte Staub – Comme l’explique le Service national de la pastorale des migrants, ce thème nous met au défi de lire et déchiffrer les nouveaux scénarii qui marquent l’histoire des hommes – dont l’important phénomène migratoire d’aujourd’hui –, pour les habiter et les transformer en des lieux de témoignage et d’annonce de l’Évangile. Parmi les mille visages des migrants, certains ne connaissent pas le Christ, d’autres au contraire sont profondément croyants mais n’ont pas toujours les « moyens » de vivre leur foi dans un pays ou une ville qu’ils ne connaissent pas… Je pense notamment à ce Sri-lankais vivant dans la rue que nous avions aidé dans le cadre de l’action du Secours catholique à partir en pèlerinage à Lourdes. C’est le défi des prochaines années que de faire entendre le message du Christ et de partager notre espérance par notre charité.
P.N.-D. - Quelles sont les actions proposées à Paris ?
Brigitte Staub – Dans un premier temps, nous proposons aux paroisses parisiennes une sensibilisation à la problématique du migrant au travers notamment d’un quiz qui leur sera distribué, nourri par les chiffres de divers organismes officiels, son objectif étant de combattre les idées fausses et les préjugés liés à l’immigration. Nous proposons aussi d’animer un jeu dans les paroisses et dans les aumôneries, jeu qui permet de « vivre » le parcours migratoire et de prendre conscience de ses difficultés. • Propos recueillis par Laurence Faure
Pour aller plus loin : Vicariat pour la Solidarité, 01 58 22 15 90.
Quiz en ligne sur : dioceseparis.fr
[1] Les huit départements d’Île-de-France concentrent 40%de la population immigrée du pays (source INSEE, 2007)