Une vocation dans l’Église : diacre permanent

Les diacres permanents sont une catégorie de ministres ordonnés dans l’Église catholique.

Cette définition très simple et un peu abstraite va contre quelques idées reçues :
 Tout d’abord, l’ordination ne concerne pas que les évêques et les prêtres, mais aussi les diacres.
 Ensuite, puisque Dieu, dans l’ordination, consacre toute une vie, il ne s’agit pas d’une nomination de suppléance, mais d’une vocation à part entière.
 Enfin, cette vocation ne s’adresse exclusivement ni à des célibataires ni à des hommes mariés… mais aux deux !

Le présent article se propose de préciser positivement ces affirmations, pour aborder à neuf l’identité et la mission des diacres à Paris.

I - Une ordination au service de l’Église

Pour approcher l’identité du diacre, partons du document fondamental qu’est l’Abrégé du Catéchisme de l’Église Catholique. Selon celui-ci, toute ordination se réfère à une « consécration [qui,] par un don particulier du Saint-Esprit, permet d’exercer un pouvoir sacré au nom et par l’autorité du Christ pour le service du Peuple de Dieu ». Ceux qui reçoivent cette consécration des mains de l’évêque sont « intégrés dans un corps d’Église ».

Le sacrement de l’ordre « se compose de trois degrés, qui sont irremplaçables pour la structure organique de l’Église : l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat ».

Parmi ces divers degrés, « le diacre, configuré au Christ serviteur de tous, est ordonné pour le service de l’Église. Sous l’autorité de son Évêque, il exerce ce service dans le cadre du ministère de la parole, du culte divin, de la charge pastorale et de la charité » [1].

Son rôle est donc à la fois important et particulier. Le diacre est, au sein de la communauté chrétienne, celui qui parle, prie et agit au nom du Christ Serviteur. Il témoigne de Celui-ci et se comporte en Son nom, jusqu’à Le rendre perceptible à travers une multitude de services. Que ces derniers soient officiels (cf. la liturgie, cf. la prière du bréviaire confiée aux diacres) ou cachés, ils permettent, chacun à sa façon, d’expérimenter concrètement la force de la parole de Jésus, qui à travers quelques-uns se fait le serviteur de tous.

Les origines de ce ministère remontent à la première génération chrétienne. Traditionnellement, les Sept, désignés par les apôtres pour le service des tables (Ac 6), sont souvent vus comme les précurseurs des diacres. Mais il est intéressant que le mot « diacres » apparaisse pour la première fois dans le Nouveau Testament, en grec, pour désigner les « serviteurs » des Noces de Cana, grâce auxquels Marie donne à Jésus d’accomplir son premier miracle. Dès l’an 110, les lettres de saint Ignace d’Antioche sont adressées à des communautés structurées autour de leurs évêques assistés de prêtres… et de diacres.

II - Une vocation à part entière

Trop souvent, nous entendons aujourd’hui qu’il faudrait des diacres pour remédier au manque de prêtres. Or, le fait que le diaconat nécessite une ordination spécifique marque que le diacre obéit à une vocation particulière. Il n’est ni un laïc « gradé » ni un « demi »prêtre : il se reçoit de l’évêque qui l’ordonne pour un service que lui seul peut rendre et que l’Église, en Occident, redécouvre peu à peu.

L’histoire, là encore, est instructive : du IIe au VIIIe siècle, les diacres sont partout dans l’Église, parfois décrits comme « l’oreille de l’évêque, sa bouche, son cœur et son âme » [2]. Ils apparaissent un peu comme ses collaborateurs immédiats pour ce qui concerne le soin de la communauté. Ils gèrent notamment les aspects matériels (voire financiers) de l’exercice de la charité et contribuent à orienter l’action pastorale, ce que traduit aussi leur fonction liturgique qui les fait circuler des fidèles à l’autel et de l’autel vers les fidèles. En Occident, cette identité s’estompera à partir du IXe siècle sous l’influence de facteurs divers, à tel point que le diaconat n’y subsistera plus, pendant un millénaire, que sous la forme d’un « prérequis » pour l’ordination sacerdotale.

De là provient sans doute que, dans la conscience commune, le diaconat ne soit pas toujours perçu comme un appel « classique » de Dieu. Quiconque fréquente les diacres et travaille à leur formation sait au contraire à quel point nul ne peut se présenter à l’ordination sans des interventions répétées du Seigneur dans son cheminement, que ces interventions prennent la forme de motions intérieures, d’interventions extérieures… ou des deux ! [3]

III - Un ministère au rebours des idées reçues

Des hommes mariés, comme des célibataires, peuvent être ordonnés diacres permanents. Les premiers ne pourront être ordonnés sans l’accord de leur épouse, ni non plus se remarier en cas de veuvage, les seconds resteront célibataires : dans chaque cas, le Seigneur se saisit d’un postulant tel qu’il est.

Ceci permet d’échapper aux idées toutes faites. Des ministres mariés témoignent à quel point l’Église n’a aucun mépris de la vie conjugale. Symétriquement, des diacres définitivement célibataires montrent comment cette vocation peut combler totalement un cœur d’homme.

Depuis sa restauration dans l’Église latine par le concile Vatican II [4], le diaconat permanent ne cesse de surprendre. Il se diffuse là où ne l’attendait pas, ouvre des perspectives jusque là ignorées, vient bouleverser la vie de chrétiens à l’agenda souvent déjà bien plein…

A Paris, aujourd’hui, une centaine de diacres permanents officient dans les paroisses ou les services du diocèse. Mariés ou célibataires, leurs professions sont diverses : agent d’entretien, président de société, violoncelliste virtuose, restaurateur de meubles… Leurs missions sont, elles aussi, extrêmement variées.

Une petite quarantaine de postulants sont en cours de formation, pour un parcours de 3 ans minimum. Ces postulants auraient largement de quoi, en général, occuper leur temps par ailleurs. Mais rien n’est impossible à Dieu.

P. Denis DUPONT-FAUVILLE
Délégué diocésain pour le diaconat permanent

[1Cf. Abrégé du Catéchisme de l’Église Catholique (Compendium), nn. 323-330.

[2Didascalie 48. Ce texte date du IIIe siècle.

[3Ceci constitue d’ailleurs un point commun avec les divers types de vocation à la prêtrise.

[4Parmi les documents principaux, citons Lumen gentium (n. 29) en 1964, puis les lettres de Paul VI, Sacrum diaconatus ordinem (1967) et Ad pascendum (1972).

Bibliographie
Contact

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