Accompagner le deuil, une mission d’Église
Paris Notre-Dame du 30 octobre 2025
Depuis trente ans, la pastorale des Funérailles du diocèse de Paris accueille et accompagne les familles en deuil, en particulier celles qui ne se tournent pas spontanément vers une paroisse. À quelques jours du 2 novembre, entretien avec Isabelle Ged, adjointe déléguée de ce service.
Paris Notre-Dame – Quelles sont les missions de la pastorale des Funérailles ?
Isabelle Ged – Le service diocésain de la pastorale des Funérailles a été fondé par le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris. Notre principale mission est d’accueillir et d’accompagner les familles en deuil qui nous sont envoyées par les pompes funèbres quand elles ne se tournent pas d’elles-mêmes vers une paroisse. Ce sont très souvent des familles éloignées de l’Église, sans lien avec elle. Mais par respect des volontés du défunt ou par tradition familiale, elles expriment le besoin d’une célébration religieuse – qu’il s’agisse d’un temps de prière dans un lieu laïc (crématorium, funérarium, cimetière) ou d’une messe ou bénédiction à la basilique N.-D.-du-Perpétuel-Secours (11e) ou à la chapelle du cimetière du Père-Lachaise (20e). Ce service, accompagné par le P. Gabriel Sampré, est constitué de vingt personnes (prêtres, diacres et laïcs formés) qui ont célébré, en 2024, 1 150 obsèques. Parmi nos autres missions : tenter de rediriger les obsèques en paroisse, soutenir les équipes deuils – trente-deux équipes paroissiales, soit 145 bénévoles – et les relations de partenariat avec les agences de pompes funèbres.
P. N.-D. – Alors que la mort tend à être invisibilisée dans notre société, comment l’Église peut-elle, à travers ce service, participer à lui redonner son sens ?
I. G. – L’enjeu des obsèques est très important. Il y a une dignité propre à la nature humaine dans le fait de célébrer la mort : c’est anthropologique. Manquer ce passage ou avoir des familles qui en ressortent frustrées voire déçues n’est pas sans conséquences. Au-delà de cette dimension profondément humaine, la part spirituelle de ce service est essentielle : donner du sens à la mort et, dans le même temps, accueillir ceux qui sont loin de l’Église. Les familles sont sensibles à notre écoute et notre accueil inconditionnel quelles que soient leurs situations de vie, qu’elles soient ou non baptisées. Lors du rendez-vous de préparation, notre accompagnement vers un chemin d’espérance leur permet de donner du sens à leur propre vie, à la lumière de celle du défunt. Nous accueillons parfois des personnes qui souhaitent simplement préparer leurs obsèques, un véritable chemin de foi et de partage. N’ayons pas peur de parler de la mort en famille, pour qu’elle ne soit pas un sujet tabou : la mort fait partie de la vie.
P. N.-D. – Comment accompagner l’après-obsèques qui peut aussi être un moment difficile ?
I. G. – Nous nous rendons compte combien les proches se sentent seuls et ont besoin de partager, de s’exprimer, d’être accompagnés. Nous proposons notamment une « messe du souvenir », trois mois après les obsèques, au cours de laquelle les familles peuvent retrouver les célébrants ; ce sont des moments très forts. Je pense aussi aux veillées « partage, espérance, consolation », organisées six mois après les obsèques. Ces temps d’écoute et de prière permettent aux familles d’être accueillies dans leur humanité. Se mettent en place des « cafés rencontres-deuil », un accueil dédié, en présence de professionnels de l’accompagnement psychologique. Si les gens arrivent le cœur brisé, nous croyons que le Seigneur les entend et les console. L’accompagnement du deuil est une terre de mission ; à nous d’agir. Formons-nous !
Propos recueillis par Mathilde Rambaud
Renseignements
55, bd de Ménilmontant, 11e ;
funerailles@diocese-paris.net ;
tél. : 01 78 91 92 83.
Une formation pour accompagner les endeuillés est proposée au Collège des Bernardins à partir de février 2026 : L’Évangile, c’est Dieu qui nous sauve de la mort, délivrée par le P. Henry de Villefranche.
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