« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque »
Mercredi saint 8 avril 2020
Méditation du Mercredi saint.
Cette phrase est dans l’évangile que nous lisons aujourd’hui : Lisez-le dans st Matthieu 26, 14-25.
Ce sont les préparatifs matériels de la Pâque juive que Jésus non seulement va célébrer (comme tout juif) mais faire resplendir d’un sens totalement nouveau (parce qu’il est le Messie de Dieu) : une Pâque sans agneau parce qu’Il est l’Agneau
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Chez toi, chez moi. Dans notre confinement, Jésus s’invite. Il vient chez nous. D’habitude, on va à l’Eglise pour participer à la sainte Cène. Mais pas cette année !
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». C’est en toi que je veux vivre ma Pâque. Je ne veux pas vivre ma Pâque (ma mort et ma victoire sur la mort, qui lui est liée) sans toi. e pourrais le faire, parce que je suis sorti du Père pour cela et pour tous, mais cette année, c’est chez toi que je viens. Parce que ce que je ne veux pas te laisser confiner dans ta solitude. Te laisser penser que tu es juste isolé (e), sans liens horizontaux, sans lien vertical. Ma Pâque aujourd’hui c’est toi.
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples ». Oui, je ne viendrai pas seul. Je suis inséparable de ce corps des disciples. Ceux-là même que j’ai choisis. Je voudrais t’en présenter quelques-uns.
Il y a Pierre qui va refuser que je lui lave les pieds. Parce qu’il n’a pas compris, à ce moment-là pourquoi je viens chez toi et pourquoi je fais ce geste. Je m’abaisse, je prends la crasse de ses pieds et je jette à ses pieds ma grâce. Il comprendra. Mais plus tard. C’est pour cela aussi que je viens chez toi
Il y a Judas, tout le monde le connaît. Il a fait son choix. Les dés sont jetés, je le sais. Et il sait que je le sais. La différence entre lui et moi, c’est la liberté intérieure. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Je lui ai enseigné ça avec tous les autres, il n’y a pas si longtemps, mais il a dû retenir « ma vie, nul ne me l’a donné, c’est moi qui décide la valeur qu’elle a. ». « Judas, ta vie vaut plus que tu ne crois, même si la mienne vaut à tes yeux 30 pièces d’argent. « Mais si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te le dit ». C’est pour que tu entendes aussi cela que je viens chez toi.
Et puis, il y a les 12, ensemble. Dévisage-les et écoute-les quand je vais leur dire : « l’un de vous me livrera » : Ils sont consternés et consternants ! Chacun, tu entends bien, « chacun à son tour », va me dire « Serait-ce moi, Seigneur ? ». Moi j’entends : « ce n’est quand même pas moi, Seigneur ? ». Ils s’accrochent à ce titre « Seigneur » pour tenir et ils ont bien raison. Judas, lui, m’a appelé « Rabbi » C’est aussi pour ça que « c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Pour que tu entendes ce gouffre de fragilité qui est en chacun de mes disciples. Et que tu comprennes que si c’est le Seigneur (et non pas le rabbi) qui t’a fait entrer dans sa pâque, c’est Lui qui t’en fera sortir aussi !
+ Philippe Marsset