Conférence de Carême à Notre-Dame de Paris « S’engager pour une culture de vie » - Le 28 février 2016
Par Caroline Roux, d’Alliance Vita.
Le philosophe Pierre Manent, dans son dernier ouvrage Situation de la France (2015) explique ainsi que : « Les droits de l’homme ont été radicalement séparés des droits du citoyen, et, au lieu de libérer les sociétaires pour les rendre capables et désireux de participer à la chose commune, ils sont désormais censés se suffire à eux-mêmes […] Nous sommes probablement les premiers, et nous resterons assurément les seuls dans l’histoire, à livrer tous les composants de la vie sociale, tous les contenus de la vie humaine, à la souveraineté illimitée de l’individu particulier… » Un autre philosophe, Marcel Gauchet, met en garde également vis-à-vis de ce qu’il appelle l’individu total, qui conduit à une forme insidieuse de totalitarisme au service de « libertés individuelles ».
C’est ainsi que l’on a vu émerger la revendication de nouveaux droits qui viennent bousculer, voire renverser dans leur interprétation la signification originelle des droits de l’homme : revendication du suicide assisté, de l’avortement, de la gestation pour autrui, du mariage, de l’adoption ou de la PMA pour des personnes de même sexe…
La réflexion de Pierre Bergé au moment des débats sur le mariage fait réfléchir : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant ». Cette prise de position a fait l’effet d’un électrochoc et a été fortement critiquée : elle en dit long sur une conception utilitariste des êtres humains.
Ce bouleversement de l’interprétation des droits de l’homme, sous l’influence d’une conception individualiste et relativiste, est particulièrement sensible en ce qui concerne la bioéthique.
– Lire la Conférence de Carême.