“Croire sans voir” : la chronique hebdo #18 de Mgr Jachiet
« Les Apôtres eux-mêmes, comme les disciples d’Emmaüs, ont été des « esprits sans intelligence et de cœurs lents à croire. » (Lc 24, 25) Ils ont eu besoin de le voir, de le toucher pour croire que Jésus mort sur la croix était bien vivant, ressuscité. »
Si seulement les Apôtres avaient pu disposer d’un smartphone ! Nous disposerions des selfies de chacun deux aux côtés de Jésus, de photos de ses miracles, du cliché panoramique de la multiplication des pains, de vidéos de la tempête apaisée ou de la résurrection de Lazare… On se prend à rêver que le Christ nous semblerait tellement plus proche et familier, qu’on aurait bien moins de mal à croire en lui, qu’on s’attacherait plus facilement à lui. A y réfléchir, l’évidence nous montre le contraire : les foules qui avaient vu tout cela de leurs yeux, ne sont pas devenues croyantes en masse. Parmi les disciples du Jésus des premiers temps, beaucoup se sont détournés de lui, certains l’ont condamné alors même qu’ils l’avaient vu accomplir les merveilles annoncées par les prophètes.
Les Apôtres eux-mêmes, comme les disciples d’Emmaüs, ont été des « esprits sans intelligence et de cœurs lents à croire. » (Lc 24, 25) Ils ont eu besoin de le voir, de le toucher pour croire que Jésus mort sur la croix était bien vivant, ressuscité.
Par la suite, comment ont-ils fait pour demeurer ses amis intimes lorsqu’il n’est plus apparu à leurs yeux, après son ascension ? Précisément en acceptant qu’il demeurerait invisiblement présent à leurs côtés, éclairant leur intelligence par sa parole, brûlant leur cœur d’amour par son Esprit.
Devenir un intime de Jésus, c’est décider d’être invisiblement relié à lui en mettant ses paroles en pratique. C’est renoncer à l’image visible qui s’imposerait à nous pour accueillir dans la foi la parole qu’il murmure au secret de nos cœurs.
Si la vision resplendissante de Jésus transfiguré a été offerte un moment à Pierre, Jacques et Jean, c’est pour disparaître dans la nuée lumineuse et leur laisser cette parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le » (Mt 17, 5)
Alors si nous l’écoutons en fidèles disciples, si notre désir de conversion nous fait guetter sa présence, sans le voir nous nous saurons aimés de lui et nous trouverons en lui notre joie secrète.