“Du tombeau vide à la foi” : la chronique hebdo #23 de Mgr Jachiet
« Oui, au point de départ de la foi chrétienne, il n’y a aucun signe matériel mais un lieu vide qui laisse à chacun la possibilité de donner son interprétation mais qui manifeste que la rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité ne sera désormais possible que dans la foi. »
En 63 avant Jésus-Christ, le général romain Pompée, après avoir assiégé le roi de Judée Aristobule, prend d’assaut le Temple de Jérusalem. Tandis que ses légionnaires exécutent le clergé, l’imperator, par curiosité ou par revanche, marche résolument vers le cœur sacré du sanctuaire là où nul ne peut pénétrer que le seul Grand Prêtre une fois par an. L’épée à la main, le général païen pénètre dans le saint des saints et profane ce lieu sacré rien qu’en le regardant. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que le lieu le plus intérieur et le plus saint du Temple est un espace vide ! Nulle statue, nul objet ne constitue le centre du culte incessant qui se déploie dans le Temple mais la seule Présence invisible de Dieu dont même le nom ineffable ne devait être prononcé.
Lorsque les disciples de Jésus se rendent au tombeau au matin de Pâques, quel est le signe qui leur est donné pour attester l’inouïe, l’incommensurable nouveauté de la résurrection du Christ ? Un espace vide, un tombeau sans le corps qu’on y avait déposé l’avant-veille.
Oui, au point de départ de la foi chrétienne, il n’y a aucun signe matériel mais un lieu vide qui laisse à chacun la possibilité de donner son interprétation mais qui manifeste que la rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité ne sera désormais possible que dans la foi.
En quittant la condition mortelle de notre monde, en entrant dans le Sanctuaire céleste avec son humanité glorifiée, Jésus a ouvert à ses disciples, et à travers eux à chacun de nous, le chemin de foi pour établir avec lui une relation vivante.
N’oublions pas que ce chemin passe par l’espace du tombeau vide où le cœur de chacun est laissé à sa liberté. Accueillons le signe du tombeau vide comme invitation à ne pas « chercher parmi les morts celui qui est vivant » (Lc 24, 5) et à pénétrer, sans intrusion, dans la foi en Jésus Christ ressuscité qui a vaincu la mort.