Élisabeth Leseur : un exemple pour notre temps

Paris Notre-Dame du 4 octobre 2018

Le 16 octobre, une journée de conférences autour d’Élisabeth Leseur [1] est organisée à St-Germain-des-Prés (6e). Face à l’athéisme farouche de son mari, cette intellectuelle parisienne choisit la prière et obtint, à sa mort, la conversion de celui-ci qui devint, quelques années plus tard, prêtre dominicain.

Portrait d’Élisabeth par Charles Duvent, 1900.
© Archives de la province dominicaine de France

Elle parlait beaucoup de « l’heure » de Dieu. Il semblerait que cela soit bientôt son « heure à elle ». Élisabeth Leseur, femme du Paris intellectuel bouillonnant du début du XXe siècle, se fait connaître peu à peu dans le monde entier. Il y a quelques années, des Américains ont fondé une association pour recueillir sa réputation de sainteté en vue de l’aboutissement de sa cause de béatification ouverte il y a près de cent ans par son mari, Félix Leseur. Homme d’esprit évoluant dans les sphères farouchement anticléricales, cet homme, Élisabeth l’a chéri de tout son cœur jusqu’à accueillir son mépris pour la foi.

Peu après leur mariage, en 1889, Élisabeth découvre que Félix a tourné le dos à son éducation catholique. Il se dit rationaliste, matérialiste. Amoureux fou de sa femme, « fraîche, simple et jolie », dont la « conversation est vive, primesautière, pas banale » [2], il met tout en œuvre pour que celle-ci s’éloigne de sa foi catholique. Et y arrive presque. Mais le livre qu’il lui conseille, L’Histoire des origines du christianisme d’Ernest Renan, ne provoque pas l’effet escompté. Au contraire, il attise l’envie d’Élisabeth Leseur de se replonger dans les Écritures. Coup de poing. Élisabeth renoue avec sa foi catholique.

Un chemin vers Dieu commence alors pour la jeune femme. Seule face à sa foi, elle ne peut se rendre à la messe à l’envi. Sacrifice. Souffrance qu’elle offre, tout comme celles liées à une maladie qui la cloue régulièrement au lit et l’empêche de devenir mère. Elle confie toutes ces peines dans un journal dans lequel elle crée un « Cahier de résolutions » y inscrivant un règlement « afin de pouvoir mieux examiner [son] âme devant Dieu ». Là, elle renouvelle sans cesse sa supplique la plus chère : que son mari, l’âme qu’elle aime le plus au monde, se tourne vers Lui. En 1914, elle meurt des suites de sa maladie. Félix Leseur, fou de chagrin, se réfugie dans les écrits de son épouse. Coup de poing pour lui. Il se convertit, devient prêtre dominicain et consacre ses derniers jours à faire connaître la noblesse d’âme de sa défunte épouse.

Il y parvient assez bien. En 2016, en Auvergne, un prêtre de N.-D. de Randol conseille à France Roseau, en séjour à l’abbaye, de lire les écrits d’Élisabeth. La quinquagénaire résidant à Bagneux (Hauts-de-Seine) ressort profondément touchée par cette lecture. Elle se rapproche du Cercle des amis d’Élisabeth Leseur, devient vice-présidente de l’association américaine créée pour aider la cause de béatification, entretient sa sépulture située dans le cimetière parisien de Bagneux, persuadée d’une chose : « Cette femme est à redécouvrir pour notre époque ». Époque qui ressemble, par certains côtés, à celle d’Élisabeth. Celle-ci écrivait en son temps : « Les événements publics seraient attristants si je n’avais une indestructible confiance en l’avenir de l’Église du Christ et un grand espoir dans l’avenir de notre pays… Mon Dieu, vous seul pouvez transformer et sauver. Et à moi, petite et faible, donnez un peu de votre force divine, et venez en moi afin de faire, à travers moi, beaucoup de bien aux âmes. » [3]

Isabelle Demangeat

Citation

« Ne croyons pas hâter auprès des âmes la venue du règne de Dieu par notre action personnelle. Tant que l’heure divine n’aura pas sonné, nos efforts seront vains, ou plutôt ils ne seront qu’une active prière, un appel à celui qui transforme et sauve. Jetons-le-lui, néanmoins, cet appel, avec l’humble conviction que seul il fera la tâche et apportera la vie aux âmes pour lesquelles nous agissons et prions. »

[1De 12h15 à 16h30. En présence de Mgr Jean-Marie Dubois, chancelier du diocèse. Organisé par le Cercle d’amis d’Élisabeth Leseur. Plus d’infos : ELCause.org ; elcause.org@gmail.com

[2Bernadette Chovelon, Élisabeth et Félix Leseur, Itinéraire spirituel d’un couple, Artège Éditions, p. 41 et p. 115.

[3Bernadette Chovelon, Élisabeth et Félix Leseur, Itinéraire spirituel d’un couple, Artège Éditions, p. 41 et p. 115.

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