Entretien du Père Metzinger - 2020, l’année de sainte Geneviève
L’Homme nouveau - 4 janvier 2020
À quelques jours de l’ouverture de l’Année sainte Geneviève, le père Denis Metzinger, curé de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, répond aux questions de L’Homme Nouveau.
L’Homme Nouveau - En l’église Saint-Étienne-du-Mont, vous abritez les reliques de sainte Geneviève. Quel axe souhaitez-vous donner aux 1 600 ans de sa naissance ?
Père Denis Metzinger - Nous sommes enracinés dans l’histoire de notre quartier de la montagne Sainte-Geneviève, dans l’histoire de la ville de Paris dont Geneviève est la sainte patronne. Je souhaite que nous puissions faire de cette année un temps de rayonnement de l’Évangile, une année missionnaire. Je n’ai pas la capacité ni le désir de faire une simple année « mémorielle » historique. Il faut que nous nous appuyions sur cette figure parisienne pour annoncer la Bonne Nouvelle aux habitants de ce XXIe siècle.
L’H.N- Au début de cette année Sainte-Geneviève se déroulera une cérémonie autour d’un cierge. De quoi s’agit-il ?
P.D.M. - Dans la vie de sainte Geneviève, il est un épisode dans lequel elle part vers le cimetière de l’actuelle ville de Saint-Denis pour aller se recueillir sur la tombe du premier évêque de Paris pour lequel elle avait une grande dévotion. Durant cette nuit, un coup de vent éteint le cierge et la prière de sainte Geneviève le rallume. C’est un épisode de sa vie plus ou moins légendaire – au sens noble du terme – mais, pour nous chrétiens, le cierge est le signe de la foi. C’est le cierge que nous recevons lors de notre baptême. C’est le cierge allumé lors de la nuit de Pâques. Ce cierge allumé pour l’année Sainte-Geneviève est bien le signe que même 1 600 ans après, la vie chrétienne vécue dans une mégapole pluriculturelle comme Paris a bien sa place, qu’elle ne s’est pas éteinte et qu’en tant que baptisés qui avons reçu
cette foi et cet Évangile, nous sommes tous appelés à les partager pour le bonheur de tous. Dans ce cadre, l’archevêque a choisi de donner un cierge à toutes les paroisses et les communautés. C’est évidemment un élément symbolique, mais qui nous rappelle que la foi éclaire notre comportement et que Jésus s’est présenté en disant : « Je suis la lumière du monde ».
L’H.N- Il y a peu de traces de sainte Geneviève, sommes-nous sûrs de son historicité ?
P.D.M. - Les rares documents historiques nous apportent beaucoup d’informations. Vingt ans après sa mort, les chanoines génovéfains ont rédigé la Vita, véritable biographie. En seize siècles, la légende est venue agrémenter l’histoire, mais nous connaissons son enracinement historique. Nous savons qu’elle est née à Nanterre, qu’elle a habité Paris, qu’elle a été consacrée par l’évêque d’Auxerre, qu’elle a chassé Attila. Beaucoup de points d’appui qui nous permettent de ne pas célébrer une légende, mais bien une vie et une vie de foi.
L’H.N- À Saint-Étienne-du-Mont, comment allez-vous mettre en place cet élan missionnaire ?
P.D.M. - Depuis le XIXe siècle la tradition veut que la fête liturgique du 3 janvier se prolonge pendant neuf jours par une neuvaine. Cette année nous allons inviter des évêques de diocèses dont l’histoire est liée à sainte Geneviève. Les évêques de Saint-Denis, de Troyes, d’Auxerre, d’autres encore. Mgr Aupetit viendra clôturer la neuvaine avec la procession dans Paris. Toutes les paroisses sont invitées à faire une nuit missionnaire en ouvrant leurs portes le samedi 25 janvier prochain. Autre événement marquant, les paroisses parisiennes pourront accueillir le reliquaire de sainte Geneviève et organiser des moments de prière, de commémoration. Le 9 octobre, pour la fête de saint Denis, se tiendra un grand rassemblement festif dans le cœur de Paris autour de la vie de sainte Geneviève. Tous les Parisiens, catholiques ou non, seront invités à reprendre pour eux cette figure spirituelle. En décembre 2020, dans les rues autour de Saint-Étienne-du-Mont, un spectacle vivant permettra de mieux connaître et approfondir la vie de sainte Geneviève. Pour ceux qui voudront approfondir l’aspect historique, un colloque scientifique et historique se tiendra en novembre 2020. Trois institutions y participeront, l’université de la Sorbonne, le collège des Bernardins et l’Institut de France.
L’H.N- Autour de sainte Geneviève gravitent la Compagnie des porteurs de la châsse et les Dames de sainte Geneviève. Que sont ces groupes ?
P.D.M. - Ce sont deux institutions fondées au XIXe siècle par l’archevêque de Paris de l’époque. Elles ont comme rôle de se substituer aux chanoines génovéfains chassés à la Révolution de leurs bâtiments en haut de la montagne Sainte-Geneviève, où se trouve aujourd’hui le lycée Henri IV. Leur rôle essentiel est de prier pour la ville de Paris. Les Porteurs de la châsse ont la fonction de leur nom. Toute l’année, les Dames ont des rencontres spirituelles pour porter la ville de Paris dans leurs prières comme les chanoines génovéfains le faisaient autour du tombeau de la sainte.
L’H.N- Sainte Geneviève est aussi la sainte patronne de la Gendarmerie nationale. Celle-ci sera-t-elle associée aux manifestations de cette année ?
P.D.M. - Lors de son séjour à Paris comme nonce apostolique, le futur pape Jean XXIII avait en effet pu constater l’analogie entre la gendarmerie qui protège la population et sainte Geneviève qui avait protégé Paris. La Gendarmerie nationale et la Garde républicaine seront présentes à Saint-Étienne-du-Mont le 14 janvier prochain pour une messe solennelle en l’honneur de sainte Geneviève.
• Propos recueillis par Odon de Cacqueray
Source : www.hommenouveau.fr