Exhortation apostolique “Verbum Domini”, quelle place aujourd’hui pour la Parole de Dieu ?
Par le père Denis Dupont-Fauville, docteur en théologie et en patrologie.
La nouvelle exhortation apostolique de Benoît XVI, Verbum Domini, est un texte considérable non seulement par la taille (il compte 124 numéros !) mais surtout par l’ampleur du sujet abordé : la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église.
Ce document présente un intérêt au moins triple :
- Il constitue la synthèse d’une assemblée synodale de 2008 qui a réuni à Rome des évêques du monde entier et, à ce titre, donne un état de la question : comment l’Église considère la Parole qu’elle est chargée d’annoncer, comment elle la comprend et comment elle en vit.
- Il est rédigé par un pape qui n’a cessé d’approfondir cette question tout au long de son existence de théologien et représente une sorte d’achèvement, étonnant de cohérence et aussi de variété, sur un thème primordial pour l’ensemble des chrétiens.
- Outre des passages d’une extrême densité théologique ou exégétique, il fournit toute une liste de propositions concrètes à caractère pastoral, qui dessinent les contours de l’action pastorale de l’Église dans son annonce de la Parole pour la génération à venir.
Le titre, à lui seul, implique tout un programme. Il fait en effet allusion à la fois au titre du document fondamental de Vatican II sur ce thème, Dei Verbum (les expressions sont synonymes mais les mots inversés), montrant qu’il en constitue aussi bien un prolongement qu’une actualisation, et à l’acclamation liturgique traditionnelle par laquelle le ministre conclut la lecture de l’Évangile dans la messe latine, situant ainsi la problématique dans un contexte de proclamation et d’action de grâces. Parler de la Parole, c’est aussi s’émerveiller de ce que Dieu se soit adressé à l’homme et appelle sa réponse en lui donnant accès à Son propre Verbe.
Épousant le mouvement du Prologue de l’Évangile selon saint Jean, le plan comporte trois parties : « La Parole de Dieu », qui médite sur le fait que Dieu parle et que Sa Parole, dans ses diverses modalités, est intelligible pour l’homme ; « La Parole dans l’Église », qui montre comment l’Église doit sans cesse se nourrir de la Parole qui la constitue, dans sa liturgie et dans toute sa vie ; « La Parole pour le monde », qui réfléchit sur la façon dont la même Église doit annoncer la Parole au monde, dans sa proclamation et son service, pour féconder les cultures et aussi éclairer tout homme de bonne volonté dans le cadre du dialogue interreligieux.
À l’issue de cette méditation, la Parole apparaît comme le fondement de toute réalité, confiée à l’Église comme un trésor à cultiver et à transmettre pour faire accéder notre monde à une espérance véritable. Beaucoup de questions sont reprises, approfondies et parfois éclairées, aussi bien existentielles (quel est le véritable réalisme ?) qu’intellectuelles (l’harmonie des différents sens de l’Écriture), pastorales (comment honorer la Parole sans l’isoler de notre pratique ?), morales (l’exigence de la mission) ou spirituelles (le silence comme accueil et fruit de la Parole)…
Une réflexion qui fera date.
P. Denis DUPONT-FAUVILLE
18 novembre 2010
Pour aller plus loin
– Lire l’exhortation apostolique Verbum Domini