Face à la baisse des vocations, quel est le rôle des communautés chrétiennes ?

Paris Notre-Dame du 15 janvier 2009

Point de vue du P. Denis Jachiet.

P. Denis Jachiet, délégué diocésain du Service des vocations
© D. R.

Pourquoi cette année du prêtre dans le diocèse de Paris ?

D. J. :Tous les catholiques connaissent des prêtres, mais ils seraient souvent bien en peine de parler de leur vocation et d’expliquer ce qui fait la trame de leur vie. Tous souhaitent davantage de prêtres, mais peu ont conscience que l’éveil de ces vocations repose aussi sur eux. Nous vivons encore aujourd’hui à Paris dans la mentalité de la présence évidente du prêtre au sein de la société qui prévalait il y a un siècle. On se comporte parfois en “consommateur” des services du prêtre. On s’étonne souvent de la “baisse des vocations” sans oser parler de cet appel aux jeunes. Cette année du prêtre, voulue par notre archevêque, voudrait permettre de mettre en avant ce qui fait la beauté et la vérité de cette vocation. Ce n’est pas une opération de recrutement mais une année pour découvrir la grâce du sacerdoce ordonné et en parler plus librement.

Vous dites que votre souci n’est pas le recrutement. Pourtant n’est-ce pas une manière de réveiller les vocations ?

D. J. : L’appel de Dieu s’adresse à des personnes qui croient et qui doutent, qui font des choix, qui prient et vivent des expériences. Il n’a rien d’une mobilisation générale ou d’une embauche sur concours. Au cœur du mystère de la vocation il y a la liberté, celle de l’appelé et celle du Seigneur. Ce qui permet de “réveiller” les vocations, ce n’est pas la pression médiatique ou sociale en faveur d’un état de vie, mais ce qui ouvre le cœur et l’intelligence à l’amour personnel du Père pour ses enfants et à sa sollicitude pour les besoins de son Eglise. Dans la mesure où notre parole sur le prêtre alimente le dialogue de foi entre Dieu et le jeune concerné, loin d’exercer une pression, elle suscite une liberté plus grande.

Quels sont les principaux obstacles que vous constatez à la vocation chez les jeunes hommes qui s’interrogent ?

D. J. : Les obstacles à la réponse libre d’un jeune sont multiples. Il y a le regard des autres, camarades ou famille, qui pèse énormément chez les plus jeunes, décourage leurs engagements de chrétiens et écarte la perspective d’une vie consacrée à Dieu. Le choix du célibat pour le Royaume leur apparaît d’autant plus irréalisable que notre société promeut le mirage de la réalisation de tous les désirs affectifs et sexuels et dénonce les renoncements choisis. C’est sans doute la peur de l’engagement définitif, la peur de se tromper, qui pèse le plus lourd. Beaucoup peinent à engager leur vie car ils n’ont pas assez appris à engager leur parole sur des petites décisions et à la tenir, même lorsque le cœur n’y incline pas, et s’en trouver ensuite fortifiés et plus confiants en Dieu.

Comment les communautés chrétiennes peuvent-elles aider concrètement à encourager les vocations sacerdotales ?

D. J. : Il y a mille manières de saisir l’occasion de l’année du prêtre pour promouvoir le sacerdoce ordonné. La prière, confiante et persévérante, de la communauté paroissiale en faveur des vocations sacerdotales est sans doute ce qui vient en premier. Une image du Christ Bon Pasteur avec un texte de prière, un Monastère invisible de prière pour les vocations avec un bulletin mensuel sont des moyens mis à la disposition des communautés par le Service des vocations. Des soirées de témoignage des prêtres, de séminaristes, avec temps d’enseignement et de prière sont organisées en bien des paroisses. Bien d’autres initiatives : ciné-club, série de cours, récollection, pèlerinage sont répertoriés sur le site www.mavocation.org

Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer en cette année du prêtre ?

D. J. : Plus de 180 jeunes hommes sont venus le 6 décembre dernier à la Fête du séminaire avec leurs aumôniers pour entendre une conférence du Cardinal sur la vocation de prêtre et dîner avec les séminaristes. Le prochain moment marquant sera l’accueil de la relique du cœur du curé d’Ars, du 10 au 23 mars prochain, pour la première fois à Paris. Un programme fourni de conférences, célébrations et temps de prière permettra à chacun de s’associer individuellement ou en groupe à cet événement de grâce. Enfin le moment des ordinations sacerdotales, le samedi 27 juin, marquera l’aboutissement de cette année du prêtre, notamment par une grande veillée de prière. Frédérique de Watrigant

L’Année du Prêtre dans le diocèse de Paris