François, dans les bras du Père
Paris Notre-Dame du 25 avril 2025
Lundi de Pâques, le 21 avril, le pape François est retourné à la maison du Père. Ses obsèques seront célébrées le samedi 26 avril, à 10h. Il sera inhumé, comme il l’a souhaité et par dévotion mariale, dans la basilique papale Ste-Marie-Majeure, à Rome.

« Buona Pasqua »
En ce jour de Pâques, et comme le veut la tradition, François est apparu, visiblement affaibli et le visage marqué, au balcon de la basilique St-Pierre, pour donner la bénédiction urbi et orbi (« à la ville et au monde », NDLR), avant d’aller, comme il l’aimait, à la rencontre de la foule rassemblée place Saint-Pierre ; il a murmuré ces quelques mots avant de déléguer la lecture de son message au maître de cérémonie. Un message qui résonne aujourd’hui comme un testament spirituel, la dernière prière d’un pape qui se savait bientôt rejoindre le Père, celui dont il a prêché inlassablement la miséricorde et la tendresse : « Sœurs et frères, surtout vous qui êtes dans la souffrance et l’angoisse, votre cri silencieux a été entendu, vos larmes ont été recueillies, pas même une seule n’a été perdue ! Dans la Passion et la mort de Jésus, Dieu a pris sur Lui tout le mal du monde et, dans Son infinie miséricorde, Il l’a vaincu : Il a déraciné l’orgueil diabolique qui empoisonne le cœur de l’homme et sème partout la violence et la corruption. L’Agneau de Dieu a vaincu ! C’est pourquoi aujourd’hui nous proclamons : “Le Christ, mon espérance, est ressuscité !” » Comme il l’a fait durant tout son pontificat – et jusqu’à son dernier souffle –, il a rappelé, en des mots très simples, le mystère de cette foi qui confesse un Dieu mort pour nos péchés et par amour pour nous, la joie de la Résurrection et l’espérance de la vie éternelle ; il a manifesté sa sollicitude pour les plus fragiles et ceux dont on ne parle pas assez ; il a exhorté, avec force et en égrenant avec précision une longue liste de pays, à la résolution des conflits, appelant les responsables politiques à se saisir des « “armes” de la paix : celles qui construisent l’avenir, au lieu de semer la mort ! ». Ce seront ces derniers mots. Au lendemain de Pâques, ce lundi 21 avril, le cardinal Kevin Farrell a annoncé au monde entier que « ce matin, à 7h35, l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père ». Tout était, sans doute, accompli.
« Buonasera »
Cette ultime bénédiction fait écho à une autre apparition, douze ans plus tôt, le 13 mars 2013, à ce même balcon ; Habebamus papam (Nous avions un pape), un cardinal venu d’ailleurs, peu connu des fidèles et des foules, qui adressa alors, à la multitude rassemblée place Saint-Pierre, ce simple « bonsoir » et une demande, avant sa première bénédiction urbi et orbi, celle de prier pour lui. Déjà se lisaient les lignes de force de son pontificat – en prenant le nom de François, en hommage au Poverello, connu pour sa simplicité évangélique, le souci du plus pauvre et le respect de la Création – et de sa méthode : premier pape jésuite et sud-américain, il étonne par la simplicité de son allocution, son insistance sur le titre d’« évêque de Rome » et le refus des apparats – et de s’installer dans les appartements pontificaux. On le destinait à être « pape de transition », il n’aura de cesse de déjouer les pronostics, marquant profondément l’Église de son empreinte et de ses préoccupations pastorales, qu’il diffuse à travers ses encycliques : l’écoute du cri de la Terre et de la clameur des pauvres (Laudato si’), l’accueil inconditionnel de tous et l’urgence de la fraternité humaine (Fratelli tutti), l’infinie tendresse et la miséricorde du Père (Dilexit nos). Profondément libre, il aura – parfois – irrité parmi les siens, dérouté jusqu’à son clergé, bousculé bien des choses établies auxquelles l’Église d’Europe était, peut-être, trop bien habituée ; mais il n’aura jamais cessé d’annoncer – sous toutes les latitudes et dans une radicalité somme toute évangélique – l’amour de Dieu pour tous les hommes.
« Gracias »
Le 7 mars dernier, c’est en espagnol que le pape François, hospitalisé depuis le 14 février, remercie, par message audio et d’une voix fragile, les fidèles réunis à Rome pour prier le chapelet à son intention. Un recours à la langue maternelle qui rappelle à tous d’où vient le Saint-Père. Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine, et baptisé le jour de Noël, il est le fils d’immigrés italiens et l’aîné de cinq enfants ; il reçoit, à 17 ans et alors qu’il se confesse, le jour de la fête de saint Matthieu, un appel à embrasser la prêtrise – à l’exemple de saint Ignace de Loyola – après avoir fait l’expérience de la miséricorde de Dieu. Ce sera la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre en 1969, il devient Provincial des jésuites d’Argentine dès 1973, alors que son pays s’apprête à connaître les affres de la dictature militaire. Nommé par Jean-Paul II en 1992 évêque auxiliaire de Buenos Aires – dont il sera l’archevêque en 1998 –, il prend comme devise épiscopale Miserando atque eligendo (« Choisi parce que pardonné »), tirée des Homélies de saint Bède le vénérable, prêtre du VIIe siècle, commentant l’épisode biblique de la vocation de saint Matthieu. Un choix qui ne doit rien au hasard, puisque cette homélie – qui parle de la miséricorde divine – est reproduite dans la liturgie des Heures de la fête de saint Matthieu, jour si particulier dans la vie spirituelle du pape. Tout est lié... Alors que François est retourné vers le Père – suscitant une vague de prières partout dans le monde et ici, à Paris –, l’hommage des puissants et la reconnaissance des anonymes ne cessent de se manifester. Autant de « merci » adressés, en toutes langues, à celui qui a su toucher de nombreux cœurs et dont les obsèques seront célébrées, ce samedi 26 avril, à Rome, veille du dimanche de la Miséricorde divine.
Charlotte Reynaud

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