Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe pour le 25e anniversaire de la consécration de l’église Notre-Dame de l’Arche d’Alliance

Dimanche 18 juin 2023 - Notre-Dame de l’Arche d’Alliance (15e)

Le Seigneur ne cesse d’appeler

– 11e dimanche du Temps Ordinaire – Année A

- Ex 19, 2-6a ; Ps 99 ; Rm 5, 6-11 ; Mt 9, 36 – 10, 8
D’après transcription

Au livre de l’Exode, que vous avez entendu à l’instant, le Seigneur parle par la bouche de Moïse alors que celui-ci monte sur la montagne et va recevoir, au cours de l’errance dans le désert, la loi des 10 paroles, des 10 commandements, la loi de l’Alliance que Dieu veut faire avec ce peuple et, progressivement, avec toute l’humanité. Le Seigneur parle ainsi et il dit : vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, comment je vous ai porté comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi ? Cette parole nous inspire et dans cette neuvaine où vous vous souvenez de ces 25 années de cette paroisse, vous vous dites : il a fait beaucoup pour nous, en effet. Vous avez vécu, il y a quelques mois, une visite pastorale du vicaire général, Mgr Tois, qui a eu le bonheur de partager plusieurs jours avec vous et de visiter non seulement les activités pastorales, paroissiales, mais aussi toutes les réalités du quartier. Et il a noté comment cette église elle-même est capable de créer de la communauté fraternelle, où l’on se connaît bien, où l’on se retrouve et où on est heureux d’être ensemble, et comment cette fraternité se vit, et se vit profondément, dans une communauté chrétienne où l’on se connait, où l’on s’apprécie, où l’on se sait, les uns les autres, en chemin vers le Seigneur ; les uns vers les autres et vers Lui. Et puis, il a noté aussi que beaucoup d’activités étaient proposées dans cette paroisse pour tous les âges, et notamment pour les jeunes, et comment c’est fructueux qu’il y ait toute cette réalité-là. Et bien d’autres choses encore qu’il a pu noter et avec bonheur il a rendu grâce à Dieu de ce qu’il avait vu et entendu au milieu de vous et il vous en a fait part avec les deux visiteurs qui l’accompagnaient. Il est très important de rendre grâce pour ce qui se vit, pour ce que vous avez vécu dans cette paroisse depuis 25 ans et qui est fort, et qui soude une communauté.

Ensuite, il s’agit de continuer d’avancer et de ne pas perdre de vue ce qui peut être appelant pour aujourd’hui. Et dans les lectures que nous avons entendues, nous avons entendu d’abord la Lettre aux Romains qui nous dit quelque chose qui doit nous marquer : ce que Dieu a voulu pour tous les hommes, c’est de créer l’Alliance, c’est de faire Alliance avec l’humanité tout entière en passant, d’abord, par le peuple qu’il a choisi pour manifester qu’il y a un rapport particulier avec ce peuple, mais que ce rapport particulier ne s’épuise pas dans la relation avec le peuple. L’objectif, c’est bien de faire Alliance pour la réconciliation de tous avec Dieu et entre tous, c’est-à-dire la création d’une humanité réconciliée, d’une humanité unifiée, d’une humanité ouverte, d’une humanité ouverte aussi au don de Dieu. Et, par conséquent, cela nous interroge, et cela interroge une communauté chrétienne qui va bien, en se disant – et la question était posée par Mgr Tois - ne jamais oublier de revenir sur la question de la foi. Toute communauté, toute fraternelle qu’elle soit, pourrait s’épuiser simplement dans une certaine sympathie mutuelle, oublieuse de ce qui est à l’origine de sa constitution et de ce qui est sa vocation propre : qui est de témoigner de la foi au milieu d’une réalité humaine. Je sais bien que vous le faites et je l’ai lu dans ce compte rendu de visite pastorale ; je sais que la vie de la paroisse est une vie en relation avec un quartier, et c’est très important. Mais, on ne peut jamais oublier, notamment dans le monde plutôt indifférent à Dieu dans lequel nous sommes entrés désormais, semble-t-il, dans ce monde d’une certaine indifférence à l’égard des questions essentielles et de la relation avec notre Dieu Créateur et Sauveur, nous ne pouvons jamais être dispensés de nous poser la question de la foi qui nous réunit, et de la foi dont nous avons à témoigner dans le monde où nous sommes. Nous ne pouvons pas être simplement des communautés fraternelles et sympathiques, mais nous devons être aussi des groupes d’hommes et de femmes qui disent où est l’action de grâce à ce que Dieu veut, où est la place de Dieu dans notre vie à nous pour qu’elle puisse faire vraiment question, qu’elle puisse faire tache au milieu du monde dans lequel nous sommes.

Cela c’est une première réalité que nous devons toujours avoir au terme de l’action de grâce que nous faisons, pour ce que nous vivons ensemble. Sommes-nous d’abord préoccupés du témoignage de la foi ?

Et deuxièmement, dans l’Évangile, nous voyons comment Jésus appelle ses premiers disciples, les douze, pour participer avec lui à la mission. Et c’est évidemment une grande chose qui nous est proposée à nous tous. Le Seigneur ne veut jamais agir seul mais toujours avec notre collaboration, avec notre concours, et il ne cesse d’appeler des hommes, des femmes, pour participer à sa mission, et c’est pour nous le moment de nous dire : que faisons-nous pour appeler d’autres à participer à la mission ? Le compte rendu de visite pastorale de Mgr Tois se terminait : et pourquoi pas un diacre dans cette communauté ? Et on peut se dire aussi : et pourquoi pas l’un ou l’autre, jeune ou moins jeune, qui penserait à devenir prêtre ? Et on peut rappeler aussi toutes les autres vocations chrétiennes, des vocations de religieuses, des vocations de consacrées, des vocations de serviteurs de l’Église à travers une vie de laïc, mais il faut le faire tous ensemble.

Samedi prochain, j’ordonnerai cinq prêtres pour le diocèse de Paris, et j’en suis heureux bien sûr, mais l’appel est incessant. Jésus dit : la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Depuis le début de l’Évangile, Jésus dit : de toute façon vous ne serez jamais assez nombreux pour faire face à la tâche de l’Évangile, de l’annonce de l’alliance de Dieu avec l’humanité tout entière, de l’annonce de la réconciliation des hommes entre eux et des hommes avec Dieu.

Alors ces questions-là doivent agiter en permanence nos communautés chrétiennes : comment vivons-nous l’appel à d’autres, à des nouveaux, à nos successeurs, pour être des témoins de la foi dans le monde tel qu’il est ? Non pas en regrettant comment il était avant mais en l’honorant tel qu’il est aujourd’hui. Il est toujours un monde aimé de Dieu, à nous de permettre qu’il soit un monde où on connaisse et aime le Créateur et Sauveur.

+Laurent ULRICH, archevêque de Paris

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