Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à l’occasion des 100 ans du mouvement des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens de Paris à Saint-Ferdinand des Ternes

Mardi 23 septembre 2025 - Saint-Ferdinand des Ternes (17e)

– 25e Semaine du Temps Ordinaire – Année C

- Esd 6, 7-8.12b.14-20 ; Ps 121 (122) 1-2, 3-4ab, 4cd-5 ; Lc 8 ; 19-21

De la première lecture tirée du Livre d’Esdras, il ne faut pas chercher à entrer dans les explications un peu techniques qui concernent le Temple et la prière juive, parce que ce n’est pas cela qui est marquant pour nous. Ce qui est marquant pour nous c’est que cette histoire dont il est question, c’est l’histoire du peuple de Dieu qui est libéré de sa déportation à Babylone et qui revient grâce au roi païen qui choisit de faire revenir ce peuple sur sa terre et de lui donner les moyens de reconstruire son Temple qui avait été détruit à l’occasion de l’envoi en déportation. Et donc, revenant au pays et ayant appris que ce roi allait payer la reconstruction du Temple, ce peuple est tout joyeux d’aller à la maison du Seigneur, et nous l’avons chanté dans le psaume : « Quelle joie quand on m’a dit nous irons à la maison du Seigneur ! » C’est une chose qui va se répéter à chaque fois qu’il monte au Temple, et ce psaume va faire partie de ce que l’on appelle les montées, parce que c’est un psaume qui envoie vers le Temple et qui dit la joie de se retrouver à Jérusalem.

Pour nous, ce que nous retenons c’est que nous avons de la joie quand nous allons retrouver le Seigneur, quand nous venons ici célébrer l’eucharistie, quand nous venons célébrer le don de Dieu dans la vie, la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus, le Christ. Notre joie est immense d’avoir cette occasion régulière de revenir vers lui, d’ouvrir notre cœur puisqu’il ouvre sa vie et nous la donne. Notre joie est immense de nous rendre disponible à son action, de nous rendre capable de nous laisser aimer, pour aimer à notre tour et annoncer l’Évangile à notre façon, comme la joie et le trésor de notre cœur. Voilà ce qu’aujourd’hui, par le Christ, nous vivons, réinterprétant ce Livre d’Esdras et l’ensemble de la bonne nouvelle de la première alliance en la mêlant à la nouvelle alliance dont nous sommes les bénéficiaires et les annonciateurs, les hérauts.
De l’évangile que nous venons d’entendre, si bref et que nous connaissons, nous retenons peut-être cette phrase de Jésus : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Mais ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. » On pourrait inverser la phrase, celle qui est ici à l’air d’être une façon de rabrouer les disciples qui s’approchent de Jésus pour lui dire : « Ta mère et tes frères sont là. » Et peut-être un peu de rabrouer la mère et les frères : que viennent-ils faire ici ? Si la phrase était ainsi écrite : « Celui qui écoute la Parole de Dieu et la met en pratique est pour moi une mère et un frère », on aurait immédiatement compris que Jésus institue une nouvelle fraternité, qui n’est plus uniquement la fraternité du sang. Il n’y a pas, dans l’Évangile, uniquement la fraternité du sang. La famille que Jésus nous offre par sa prédication, par sa vie, par le don de sa vie sur la croix et par sa résurrection, c’est une nouvelle fraternité, c’est une fraternité universelle. Tout homme, toute femme est pour nous un frère et une sœur, à cause de l’Évangile, à cause de Jésus qui donne sa vie, à cause de l’incarnation et de la rédemption. Nous découvrons cela et c’est ce qui motive notre mise en route à la suite du Christ. En l’entendant, en désirant écouter la Parole de Dieu, sa parole à Lui, ce qu’Il nous dit à travers sa vie, à travers sa Parole et ses gestes, c’est que nous sommes tous enfants du même Père et donc tous frères et sœurs. L’humanité tout entière nous devient fraternelle et notre annonce de l’Évangile fait écho à cette fraternité que le Seigneur veut pour nous. Tout homme, toute femme est pour moi un frère et une sœur, une mère, un fils, une fille, dans le Christ.

C’est la raison pour laquelle les hommes et les femmes comme vous se réunissent régulièrement, ont la joie de se retrouver comme il était question d’aller au Temple, la joie d’aller à l’église, d’aller écouter la Parole de Dieu, la joie de se retrouver autour de la Parole de Dieu, autour de la fraternité que le Christ institue pour découvrir au mieux quelle est la vocation propre de chacun, comment il pourra réaliser dans sa propre vie et sa responsabilité - dans la vie économique pour ce qui vous concerne - le désir, le projet de cette fraternité. Pour des hommes et des femmes responsables dans la vie économique, cela veut évidemment dire - pratiquement vous le savez bien et vous le nommez comme cela - de savoir ce que la Doctrine Sociale de l’Église rend nécessaire de vivre. Ce que vous essayez d’apercevoir à travers la vie de votre mouvement, la vie de vos équipes, c’est en effet là où se trouve le point évangélique de votre existence et de votre responsabilité. Quels sont les défis qui vous sont proposés dans votre vie de responsable ? Quels sont les défis du présent, mais aussi les défis de l’avenir dans l’ordre de la charge que vous exercez dans la société à travers votre responsabilité d’entreprise ? Comment savoir garder les yeux ouverts sur le monde où se trouve le bien le plus commun auquel vous pouvez contribuer chaque jour à travers le projet de vos entreprises ? Comment savoir où se trouve le respect le plus grand de tous ceux qui constituent la vie de vos entreprises et le respect le plus grand des fournisseurs, des clients et du personnel, le respect le plus grand de la société qui entoure et qui est le but du travail que vous fournissez ? Où est le respect le plus grand de la place de votre entreprise au milieu de l’ensemble social, au milieu de l’environnement naturel et de l’environnement humain où elle se trouve ?

Chacun de ces points, chacune de ces questions, font partie en effet de votre recherche du programme que le mouvement Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens vous propose. Vous vivez cela depuis cent ans, vous vivez cela surtout aujourd’hui et pour le bien de demain.

Que le Seigneur soit avec vous chaque jour. Que le Seigneur soit avec vous lorsque vous vous réunissez. Que le Seigneur soit avec vous lorsque vous essayez de faire le point sur votre vie personnelle. Que le Seigneur soit avec vous lorsque vous priez pour Lui demander de vous aider à trouver et à tracer le bon chemin pour vous-même et pour tous ceux dont vous avez la responsabilité. Que le Seigneur vous soit en aide.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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