Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe et célébration du 1er scrutin des catéchumènes adultes à Saint-Médard

Dimanche 3 mars 2024 - Saint-Médard (5e)

Jésus, lumière pour chacun de nous

– 3e dimanche de Carême – Lectures Année A

- Ex 17,3-7 ; Ps 94, 1-2.6-9 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

L’évangile que nous venons d’entendre est un peu long, mais il est si beau ! Il est si beau d’entendre le récit de ce dialogue, très riche, de Jésus avec cette femme samaritaine ; il se dit tellement de choses dans ce dialogue ! Pour le comprendre, je voudrais simplement retenir deux détails placés au début du récit. Car dans l’évangile de saint Jean, les détails ne sont jamais des détails, ils sont là et ils nous font comprendre ce qui se passe.

Le premier détail qui est signalé c’est l’heure : « il était environ midi ». C’est-à-dire l’heure de la pleine lumière et aussi de la pleine chaleur. Et dans le début de l’évangile de saint Jean, au premier chapitre, il est dit que le Christ, le Verbe, est la vraie lumière qui est venue dans le monde. Quand on est à midi, quand on est dans la pleine lumière, on est donc avec Jésus, et quand on est avec Jésus, le Christ, le Verbe de Dieu, on est dans la pleine lumière. Voilà ce que nous dit l’évangéliste saint Jean au début de ce passage. Nous sommes avec le Christ et, en ce moment, dans cette célébration, alors que nous accueillons des catéchumènes qui se préparent au baptême, nous sommes dans la pleine lumière de la vérité, que le Christ est venu faire dans nos propres vies : le Christ fait la lumière dans notre vie. Il fait la lumière, il apporte la lumière, et il dit la lumière sur le monde dans lequel nous vivons. Voilà qui est pour nous très encourageant : ne quittons pas la lumière du Christ, ne quittons pas l’évangile du Christ qui est une lumière pour chacun d’entre nous dans sa vie et pour comprendre ce qui se passe dans le monde qui reçoit l’Évangile. Jésus a fait des choses lumineuses dans les deux ou trois premiers chapitres de l’évangile de saint Jean, dont vous vous souvenez. Juste deux chapitres avant celui-ci, Jésus change l’eau en vin, à Cana. C’est-à-dire qu’il apporte la joie, la joie de la lumière, la joie de sa présence, la joie de la vérité de Dieu au milieu d’une noce qui était en train de manquer de joie. Elle manquait du vin qui permet d’être joyeux, et ce n’est pas le vin d’abord que Jésus apportait, mais la joie d’être avec Lui, la joie de connaître sa lumière.

Puis il a fait une deuxième chose, il a apporté, c’est au chapitre trois, juste avant, la lumière au milieu de la nuit. Nicodème était bon mais il ne comprenait rien à ce qui se passait, il n’avait pas fait toute la lumière sur sa vie. Il n’avait pas vu que Dieu était la lumière pour lui et pour tous les hommes, et Jésus vient lui apporter la lumière au milieu de sa nuit. Il lui dit : tu peux vivre, tu n’es pas simplement quelqu’un qui observe une loi extérieure, mais tu es un homme est capable de grandir dans la confiance en Dieu. Voilà les choses lumineuses que Jésus a faites dans les tout débuts de l’évangile tel que saint Jean le rapporte.

Et le deuxième détail est important aussi : Jésus était fatigué, il était fatigué de la route. Au chapitre deux, Jésus est en Galilée, c’est-à-dire au nord de la Terre Sainte. Ensuite on le voit descendre en Judée, c’est-à-dire au sud de la Terre Sainte. Il y a des kilomètres à parcourir à pieds. Et, au chapitre quatre, le voilà qui remonte en Galilée : c’était donc un voyage aller et retour, un voyage fatiguant. C’est à pieds ; il fait chaud ; Jésus est fatigué de tout cela. Mais saint Jean ne dit pas simplement cela. Jésus est fatigué parce qu’on ne le comprend pas, il est fatigué parce qu’en Judée, là où il va mourir justement, on ne l’a pas écouté, on n’a pas voulu de son témoignage, on n’a pas compris ce qu’il voulait dire. Alors il va remonter et traverser un pays hostile, la Samarie, et il va parler aux Samaritains, dans l’espoir que ces derniers le comprennent mieux. Et nous voyons, en effet, à la fin du chapitre que nous venons de lire, que les Samaritains, qui n’étaient pas considérés par les Juifs, qui ne faisaient pas partie du groupe des croyants, ceux-là se mettent à comprendre Jésus.

Alors c’est pour cela que Jésus est fatigué : il est fatigué parce qu’on ne l’écoute pas, parce qu’on ne l’entend pas, parce qu’on ne comprend pas qu’il est la lumière du monde, parce qu’on ne comprend pas qu’il est venu sauver tous les hommes, les Juifs et les Samaritains, ceux qui sont déjà dans l’Église et qui sont croyants en Lui, et ceux qui arrivent, vous les catéchumènes. Jésus va chercher ceux qui sont ailleurs et il les intègre au groupe des croyants. Jésus nous a envoyé aujourd’hui quatorze catéchumènes pour nous faire mieux comprendre que Dieu ne cesse d’aller à la rencontre de tous, qu’il ne laisse personne de côté. Jour après jour, il amène vers sa lumière des hommes et des femmes qui viennent de partout, qui étaient juste à côté de nous à qui, peut-être, nous ne faisions pas attention. Mais Jésus faisait attention à eux.

Voilà ce vrai chemin. Ce n’est pas nouveau que Dieu ne soit pas bien compris. Déjà, dans la première lecture nous l’avons vu à travers les Hébreux, sortis de l’esclavage d’Égypte, à la fois contents de ne plus être sous le joug des Égyptiens, mais mécontents parce qu’ils sont dans le désert où il n’y a rien à manger ni à boire. Ils ont simplement oublié que Dieu est avec eux toujours. Dieu leur dit : Je serai avec vous, vous avez faim et vous avez soif mais ne vous inquiétez pas je suis là, je ne vous ai pas sortis d’Égypte pour vous abandonner en plein milieu d’un désert, je suis toujours avec vous chaque jour. Les Hébreux l’avaient oublié, ils s’étaient révoltés mais Dieu leur montre qu’il est avec eux : « Aujourd’hui, leur dit-il, écouterez-vous la parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert », nous l’avons chanté il y a quelques instants.

Écouter la Parole de Dieu, nous qui sommes déjà dans l’Église, vous qui y arrivez, n’oubliez pas de le faire chaque jour. N’oubliez pas que la Parole de Jésus, la Parole de Dieu, nous aide à entrer dans la vérité suivant laquelle Dieu veut sauver les hommes.

Et saint Paul le dit d’une autre façon aux Romains : « il est venu chercher les pécheurs ». Accepterait-on de mourir pour un homme de bien ? Peut-être, mais mourir pour les pécheurs que nous sommes, voilà qui est extraordinaire. Ne l’oublions jamais.

Ainsi, à travers ces deux petits détails, de ce long récit magnifique, nous avons un peu mieux compris ce que Jésus est venu faire au milieu de nous. N’oublions jamais que sa parole est pour nous la lumière. Vous qui vous préparez au baptême, ne l’oubliez pas. Nous qui avons été baptisés il y a plus longtemps, ne l’oublions jamais. Dans le monde qui cherche la vérité, qui cherche la lumière, qui ne sait pas toujours où il va, dans ce monde que nous voyons perturbé, divisé, violent, en mauvaise situation, manquant d’espérance, n’oublions pas que Jésus, le Verbe, la Parole, est lumière pour chacun de nous.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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