Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Saint-Jacques-Saint-Christophe

Dimanche 26 mai 2024 - Saint-Jacques-Saint-Christophe (19e)

– Sainte-Trinité – Année B

- Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32, 4-6.9.18.20.22 ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20

En ce dimanche de la fête de la Sainte Trinité, nous continuons de méditer sur le mystère de l’Esprit Saint, le mystère de Dieu, Père et Fils et Saint-Esprit, qui vient toujours à nous, et nous entendons cet enseignement, le dernier suivant l’évangile de saint Matthieu, de Jésus à ses disciples au moment de les quitter visiblement. Nous entendons cette parole de Jésus que je vous lis : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre . Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »

Le pouvoir dont il s’agit, le pouvoir de Jésus, celui qu’il a manifesté tout au long de son existence terrestre et qui continue désormais auprès de nous, c’est un pouvoir d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut. C’est un pouvoir de diffuser à travers la parole et les actes l’annonce de ce que Dieu fait pour nous, de ce qu’il a fait depuis la Création et de ce qu’il fera jusqu’à la fin des temps pour les hommes, les femmes que nous sommes.

Mais ce pouvoir que Jésus a, ce n’est pas un pouvoir de domination et encore moins un pouvoir qu’il garderait pour lui-même. Il le distribue tout de suite : pouvoir d’annoncer l’Évangile et d’en faire profiter ceux qui accueillent cet évangile. Il le distribue tout de suite à ses disciples : « Allez ! Faites des disciples dans toutes les nations, annoncez l’Évangile pour que se lèvent des disciples, et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » La formule est devenue la formule du baptême : « je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Bien sûr, c’est une formule qui s’est développée dans la vie de l’Église. Mais, ayant vécu tout le temps depuis le temps de Noël jusqu’à aujourd’hui, nous comprenons ce que signifie ce « Allez ! Utilisez le pouvoir que je vous donne pour annoncer l’Évangile, et faites des disciples que vous baptisez ». De sorte qu’eux aussi, à leur tour, profitent de ce pouvoir de Jésus pour annoncer la Bonne Nouvelle. De sorte qu’eux aussi, par leur façon de vivre, par leur façon de parler, ils soient capables de faire profiter le monde le plus large possible de cette Bonne Nouvelle du salut annoncé à tous les hommes.

Ce salut, il se résume dans ces mots que nous comprenons : le Père donne tout, la vie, la croissance, l’amour, la miséricorde. Le Père donne tout, sans lui nous ne vivrions pas, sans son désir nous ne serions pas là. Le Fils se donne pour que la vie du Père et du Fils soit en nous et que nous ne cessions de grandir dans cette vie qu’il nous donne, dans cet amour qu’il nous prodigue, dans la miséricorde qu’il nous témoigne. Et l’Esprit est celui qui habite en nous de leur part pour que nous soyons toujours capables d’avancer sur le chemin de la vie avec sa lumière, la lumière de Dieu, avec sa force, la force du Christ qu’il a manifestée tout au long de son existence.

Voilà le mystère que nous célébrons aujourd’hui en faisant comme une sorte d’arrêt, après la fête de Pentecôte, pour bien méditer ce qu’elle signifiait. Le Père donne tout ; le Fils se donne à nous ; et l’Esprit Saint qui circule toujours entre le Père et le Fils nous donne force et lumière pour vivre selon l’amour du Père et le don du Fils.

Alors nous pouvons bien sûr nous réjouir de tous ces disciples, dont nous sommes, mais surtout de tous ces disciples qui arrivent nouveaux dans l’Église et dans les frères et sœurs que le Seigneur nous donne. Nous pouvons nous réjouir des centaines d’adultes qui ont été confirmés la semaine dernière en la fête de Pentecôte : plusieurs centaines dans le diocèse de Paris et des milliers en France et des dizaines de milliers dans le monde certainement. Nous pouvons nous réjouir de ce que l’Esprit-Saint est allé les chercher. Nous sommes, nous, des acteurs de l’évangélisation mais surtout des témoins de ce que Dieu fait. Il est allé chercher du monde pour les confirmer avec la force et la lumière de l’Esprit Saint.

Nous pouvons nous réjouir des dizaines de milliers de jeunes les collégiens de 4e et 3e qui se sont réunis la semaine dernière à Jambville, au moment du Frat, cette belle réunion qui existe depuis plus de cent ans dans le diocèse de Paris puis dans l’Ile-de-France. Nous réjouir de ce que ces jeunes, pendant ces trois jours, ce week-end de Pentecôte à Jambville, aient pu vivre, à la fois en petites équipes et en grands groupes, des moments extrêmement fraternels et heureux, et joyeux, mais aient pu aussi découvrir des temps de silence où ils ont approfondi le don que Dieu leur a fait de la vie, de l’amour, de la joie. Qu’ils aient pu aussi prendre le temps de célébrer avec les autres dans des grands moments de célébrations et de prières communes. Qu’ils aient pu entendre des témoignages de vies chrétiennes. Et je sais qu’ils en ont été très heureux, et j’ai pu voir en célébrant avec eux dimanche dernier comment ils avaient été rejoints par l’Esprit Saint qui est capable d’une part de nous faire rentrer dans notre intérieur, dans notre intimité, dans la prière, dans le silence, mais aussi exploser de joie et nous tourner vers les autres.

L’œuvre de l’Esprit Saint c’est une œuvre intérieure. Il nous permet de nous tourner vers au plus profond de nous-mêmes, où nous trouvons le Seigneur. Mais il nous permet aussi de nous tourner vers Dieu et vers les autres pour un témoignage, pour une vie ensemble, pour une joie d’être frères et sœurs. Nous pouvons nous réjouir aussi pour ceux qui ont été baptisés au cours de ce rassemblement de la semaine dernière, et qui ont vécu très profondément, je l’atteste, toute la préparation et la célébration du baptême samedi soir.

Il y a tant et tant d’exemples qui nous sont ainsi donnés. Je ne me souviens pas sans émotion de cet homme qui, il y a quelques années, m’a écrit pour me dire : il y a vingt ans - cela fait donc très longtemps maintenant - j’ai renoncé à mon baptême et je l’ai écrit pour qu’à côté de mon acte de baptême figure la mention : « a renoncé à son baptême ». Et ayant cherché pendant vingt ans dans les philosophies, dans les autres religions, je reviens vers l’Église parce que, écrivait-il, il n’y a que le Christ - le Christ avec son Père et l’Esprit Saint bien sûr - il n’y a que le Christ pour vraiment éclairer la route : c’est lui que nous recevons comme l’hôte à la fois le plus intérieur et le plus capable de nous ouvrir à l’amour du Père et des frères.

Alors je pense aussi à sainte Bernadette de Lourdes qui disait : « Faire son signe de croix, c’est déjà une belle prière ». Nous sommes enveloppés par ce geste que nous faisons, enveloppés par le Père et le Fils et l’Esprit Saint : le Père qui donne tout, et le Fils qui se donne, et l’Esprit qui nous est donné pour que nous voyions clair dans la vie et que nous ayons la force et le courage de vivre dans l’espérance, dans la foi et dans la charité. Cela veut dire que tout cela est contenu dans ce signe que nous faisons sur nous-mêmes. Le Père et le Fils et l’Esprit Saint nous enveloppent de leur amour et ainsi nous pouvons grandir.

Alors ensemble, maintenant, refaisons ce signe sur nous-mêmes. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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