Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de rentrée de la Maison Saint-Augustin

Samedi 21 septembre 2024 - Maison Saint-Augustin (12e)

– Fête de saint Matthieu

- Ep 4,1-7.11-13 ; Ps 18A,2-5 ; Mt 9,9-13

Dès ce deuxième jour de présence ici, la fête de saint Matthieu éclaire le chemin sur lequel vous vous trouvez. Entendre Jésus dire : « suis-moi », il me semble que vous avez déjà commencé à le faire. Vous avez commencé à savoir que le Seigneur peut avoir besoin de vous, de chacun d’entre vous qui êtes là pour discerner ce qu’il en est de cet appel. Est-ce que le Seigneur dit : « suis-moi » sur ce chemin où tu penses devoir être, ou sur un autre chemin ? Mais de toute façon « suis-moi, accueille la parole que je te dis, accueille la parole qui va te transformer intérieurement, accueille la parole qui va faire de toi quelqu’un qui est au service de l’Évangile, au service du salut de tous que je suis - dit le Seigneur - venu apporter. »

La deuxième chose qui arrive, c’est que non seulement Matthieu entend puis écoute cet appel, mais qu’il est à l’origine de sa décision. À cette parole qui lui est dite, « l’homme se leva et le suivit. » Il prend la décision de faire ce qui lui est demandé. C’est le moment précis dans lequel vous vous trouvez.

Alors c’est heureux d’entendre cela, même si c’est après des hésitations, même si c’est après un temps où on se dit : « je ne m’occupe pas de cela tout de suite », ou bien « je ne crois pas que ce soit pour moi. » À un moment donné, comme vous me l’avez confié tout à l’heure, vous vous êtes dit : « il faut bien que je m’occupe de cette question ! » Donc vous vous êtes levés et vous avez suivi.

Mais il y a un certain nombre de choses qui se passent à travers ce récit. Nous voyons que, tout de suite, Matthieu se trouve devant le désir de manifester qu’il n’est pas tout seul, qu’il est avec un groupe de gens qui ne sont pas toujours bien considérés. En effet, d’après l’Évangile, il est avec des publicains et des pécheurs, et il ne peut pas, tout en suivant Jésus, faire abstraction de ce monde dont il vient. Il va se trouver que l’Évangile va pouvoir être annoncé à ceux-là aussi. L’Évangile est fait pour être annoncé à ceux de chez qui nous venons, les uns et les autres, même si ensuite le chemin s’élargit à d’autres. Quand vous avez annoncé que vous entriez dans cette maison, vous l’avez annoncé à des gens qui vous étaient proches et qui s’en sont soit étonnés, soit réjouis, soit les deux à la fois. En tout cas, ils étaient avec vous et ils font partie de ce monde à qui l’Évangile est destiné, même s’ils n’en n’étaient pas d’abord des adeptes, pas des proches. Il ne faut pas oublier cela, ceux avec qui nous avançons sont aussi concernés par le chemin que nous suivons. En général, beaucoup disent la joie qu’ils ont de voir quelqu’un de leur entourage se décider à une situation comme celle-là. Il faut retenir cette joie de beaucoup, il faut célébrer avec eux ce moment, bien sûr, même si le chemin n’est pas du tout fini.

Et puis il y a ce que nous avons entendu dans la première lecture, ce que l’apôtre dit de sa situation : « je suis en prison à cause du Seigneur. » Donc le chemin lui-même est capable de nous conduire à des moments que nous n’avions pas tant prévus que cela, des moments qui peuvent être difficiles mais qui sont avec le Seigneur, qui sont vécus autrement parce que le Seigneur est là pour les faire vivre. Cela indique que ce moment où vous êtes est le prélude d’un chemin à travers lequel votre conscience d’appartenir au Christ va se développer. Elle peut vous paraître déjà forte, cette conscience d’appartenir au Christ et d’être avec lui, mais, jour après jour, les événements de la vie vont confirmer que vous voulez être avec lui, quelle que soit la décision qui s’ensuivra de cette année.

Vous êtes tous appelés à une même espérance. Nous sommes tous appelés à une seule espérance. Nous sommes appelés à marcher sur un chemin qui nous unifie les uns avec les autres, qui nous rapproche, qui fait de nous la grande famille des enfants de Dieu, quelles que soient les circonstances, quelles que soient les difficultés. Et cette grande famille est composée de gens extrêmement divers qui ont des vocations diverses. Le chemin sur lequel nous avançons tous, et sur lequel vous vous décidez à avancer, est un chemin dans lequel nous découvrons peu à peu toutes les vocations auxquelles le Seigneur appelle et qu’il met à la disposition des hommes et des femmes qui veulent le suivre pour témoigner de lui. Il n’y a pas une seule manière de lui répondre. Mais autour de nous la découverte de la vocation des autres est tout aussi précieuse que la découverte de notre propre vocation. Ce sont les apôtres, les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs, ceux qui enseignement et finalement tout cela qui s’est multiplié, développé au cours de l’histoire de l’Église et qui s’adapte à chacune des cultures et à chacune des époques. Tout cela est fait pour constituer une Église témoin, pour que nous parvenions ensemble à la pleine connaissance du Fils de Dieu. Cela doit nous rester comme un objet d’étonnement, de grâce, de contemplation. Ce à quoi nous sommes tous destinés, c’est à devenir un avec le Christ. Le chemin que nous faisons n’est pas un chemin individuel mais un chemin qui fait grandir le Corps du Christ au milieu des hommes et qui le rend de plus en plus attirant.

Que cette grâce nous soit donnée de contempler le Christ, le Christ qui habite en nous, le Christ avec lequel nous marchons pour aller à la rencontre du Père.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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