Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Consécration de trois candidates dans l’Ordre des Vierges en la cathédrale Notre-Dame de Paris
Samedi 14 juin 2025 – Notre-Dame de Paris
– Voir l’album-photos de la célébration.
– Os 2, 16.21-22 ; Ps 44 ; Jn 17, 20-26
La Parole de Dieu choisie pour cette messe est bien explicite de ce qui se passe aujourd’hui. Au Livre du prophète Osée, nous lisons que le Seigneur cherche à séduire une épouse, que le Seigneur cherche à ce que l’amour qu’il donne soit reconnu et, qu’étant reconnu, il soit suivi, qu’il y soit répondu, et qu’ainsi grandira, dans le cœur de celles et ceux qui le choisissent, la connaissance de lui, la connaissance de son amour. Et bien sûr c’est un résumé, en quelques lignes, de toute la révélation qui, dans la Bible, se fait jour peu à peu. Le prophète, dont nous avons lu un extrait il y a quelques instants, a déjà une conscience très développée de ce que le Seigneur fait pour sa création, pour les hommes et pour les femmes, partout et toujours, en se choisissant des personnes qui répondront à son amour et qui le manifesteront autour d’elles. Qu’est-ce qui peut bien toucher le Seigneur de cette façon ? Qu’est-ce qui peut bien faire qu’il s’approche à ce point de nous ? Nous sommes dans le mystère le plus profond du don de Dieu. Il ne cesse d’avoir envie de se rapprocher de l’humanité tout entière et de la création qu’il aime, il ne cesse de le faire pour manifester que ce qu’il désire le plus fortement, c’est l’amitié des hommes et des femmes pour lui, et des hommes et des femmes entre eux.
Le psaume le dit aussi : c’est si beau de voir une jeune femme s’avancer devant son Seigneur et de voir comment elle est choisie, comme elle est choyée, comme elle est aimée et comment le choix qu’elle fait à son tour de répondre à l’amour est un choix qui engendrera beaucoup de joie, beaucoup de fécondité.
Et enfin, dans l’évangile, nous entendons ce désir d’amour exprimé par le Seigneur Jésus lui-même, le Fils de Dieu, qui n’a d’autre passion que de montrer ce qui l’unit à son Père et ce qui peut unir les hommes et les femmes les uns aux autres pour rendre gloire à Dieu, pour vivre dans l’unité, pour manifester que l’unité du Père et du Fils dans l’Esprit Saint est un modèle et un salut aussi. Il ne s’agit pas simplement d’être séduit par un modèle mais converti par le projet du Seigneur sur chacun d’entre nous, sur le monde tout entier, sur les hommes et les femmes que nous sommes.
Entrant ainsi dans le mystère de Dieu, dans le mystère de son don, la consécration des Vierges aujourd’hui révèle quelque chose de profond de cela. Nous entrons, avec cette consécration des Vierges, dans le mystère du don de Dieu. Que des femmes choisissent la virginité indique que leur cœur tout entier a compris que Dieu les a choisies, que Dieu a voulu leur montrer un chemin, un chemin de joie et de paix, un chemin de salut pour elles et pour le monde qui les entoure. Le choix de la virginité n’est pas alternatif pour ce qui est de la fécondité, c’est bel et bien un choix d’amour, c’est bel et bien un choix qui ne choisit personne d’autre que le Christ pour que tous soient inondés de l’amour qui les rejoint, elles.
Ce choix de la virginité n’est pas non plus en opposition aux autres choix parce que les vocations sont multiples. Ce que le Seigneur désire, c’est de montrer à travers toutes les situations humaines que son amitié est donnée à tous. Et aussi bien appelle-t-il, dans toutes les situations humaines, des hommes et des femmes à répondre. Le choix de la virginité n’est pas un choix qui interdit aux autres de choisir le mariage ; le choix d’être au service d’une Église diocésaine n’empêche pas d’être au service du monde tout entier ; le choix des hommes n’empêche pas le choix des femmes. Ainsi pouvons-nous multiplier à plaisir les occasions que Dieu nous donne de répondre à son amour et pour que nos vies deviennent fécondes.
Le choix des Vierges consacrées est aussi un choix pour l’Église diocésaine, et ceci a une grande importance. Il ne s’agit pas simplement de chercher à être dans une communauté, puisque vous choisissez de rester seules. Il s’agit de choisir la vie de l’Église telle qu’elle est, avec ses projets, ses peines, ses joies, son personnel. Ici il y a des personnes engagées dans l’Église de toutes les façons. Il y a des prêtres - ils sont là aussi derrière moi - il y a des diacres, il y a le responsable de la formation à la virginité consacrée, il y a aussi le responsable de la formation au diaconat permanent qui est parmi nous. Ce sont des signes que des choix différents se manifestent au service de l’Église diocésaine, dans ses paroisses – et il y a ici les curés des paroisses où résident les trois vierges bientôt consacrées - dans l’Église simple, quotidienne, l’Église des rues de notre ville, l’Église qui est sise au milieu du monde qui est le nôtre dans cette grande ville de Paris, avec beaucoup de projets, avec des échecs, avec des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, des malades, des bien-portants, des personnes handicapées, des gens situés différemment dans la société, et toujours le souci des plus pauvres.
Voilà ce que nous cherchons à vivre à l’invitation même du Seigneur. Cela se fait à travers une vie qui reste une vie cachée, d’une certaine façon, mais dont on est capable de partager un peu le secret. Quand on est Vierge consacrée, on est capable de dire pourquoi on a choisi cela, en réponse à quel appel, pour être au service de qui, dans l’assurance qu’avec la prière, la méditation de la Parole de Dieu, la rencontre des chrétiens et la rencontre de tous ceux qu’à travers la vie professionnelle nous trouvons sur notre chemin… à travers tout cela se fait une vocation simple, une vocation joyeuse, une vocation à faire connaître l’amour de Dieu et à le partager dans la vie ordinaire.
Que vous souteniez ces vocations, puisque vous êtes là, c’est aussi important que le fait qu’elles soutiennent vos vies à vous qui êtes ici, qu’elles les soutiennent par leur action, par leur prière, et sans avoir à être marquées par un ministère particulier : c’est simplement la vie de tous les jours portée comme un signe de l’amour de Dieu à tous ceux que nous rencontrons.
À travers la multitude de ces vocations, et tout particulièrement la consécration de la virginité au service d’une Église diocésaine, se manifeste de façon claire la mission de l’Église à laquelle nous voulons tous participer d’une façon ou d’une autre.
Que le Seigneur vous y aide, vous trois qui êtes ici ; que le Seigneur vous y aide, toutes les Vierges consacrées qui êtes présentes ici ; que le Seigneur vous y aide tous et toutes qui accompagnez ce grand mystère du don de Dieu fait aujourd’hui à trois femmes devant nous pour le bien de tous, le salut de tous, celui que le Seigneur cherche pour nous.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris